vendredi 25 décembre 2009

Noël ici, souffrance et misère là-bas.

Aaah, les fêtes de fin d'année...

Chères lectrices, chers lecteurs,

Permettez moi de vous souhaiter un très joyeux Noël et une bonne nouvelle année.

Je déteste l'hiver et le froid (sang méditerranéen sans doute), mais je dois dire que les fêtes de fin d'année mettent une touche de couleurs bien venue dans un monde gris et sombre, tant au propre qu'au figuré. Les rues se parent de mille feux (bien que, en bon écolo et en tant qu'ingénieur de formation, j'aurais quelques remarques à faire sur certains choix énergétique... je sais, je suis un vilain grincheux). Les enfants sont de plus en plus excités à l'approche de la date fatidique, et on ne peut rester insensible en lisant la magie qui brille encore dans leurs yeux.

Seulement, cette période me donne, année après année, un goût de plus en plus amer en bouche. S'il n'y a absolument rien de répréhensible à vouloir "se faire plaisir", je ne comprends pas pourquoi cette pulsion innocente doit apparemment se faire au détriment de certaines facultés cérébrales, notamment celles qui font qu'un être humain puisse être doué à la fois d'une responsabilité individuelle et de compassion envers les autres. Rien à voir avec de quelconques préceptes religieux (que je respecte au demeurant) ou autres litanies politiciennes : ces deux caractéristiques humaines n'ont peut-être l'air de rien, mais ce sont pourtant deux points qui nous différencient, du point de vue comportemental, du reste du monde animal (ou presque...). L'être humain des contrées aisées deviendrait-il plus "animal" en période de Noël? Une provocation, certes. Mais c'est plus que cela!

Un point de vue personnel : la souffrance animale

Balise : début "partie écolo pénible"

Noël : ce mot rime peut-être avec réunion de famille, mais celui de consommation semble le plus correct par chez nous. On consomme, on se doit de consommer! Cela entraine bien sûr une débauche d'énergie, de déplacements et de déchets (vous savez, tous ces emballages énormes que les grandes surfaces nous servent pour contenir des objets généralement beaucoup plus petits...). Je pourrai écrire des lignes à ce sujet, mais un reportage "très journalistique" du "très sérieux" journal de TF1 a retenu mon attention sur un seul point : celui de la nourriture typique des fêtes.

Aujourd'hui, j'ai eu le plaisir d'être invité à un repas de famille. Ma belle-sœur a, comme à son habitude, mis les petits plats dans les grands et préparé un succulent repas qui, de part la présentation et le goûts des différents mets, ferait passer certains menus gastronomiques de la place genevoise pour une carte de cantine militaire des années trente (sans rire). Pour plusieurs raisons, en famille, je garde mes principes d'écologiste pénible pour moi (et l'emploi du mot "pénible" n'est pas ironique, ma femme me le rappelle quelquefois quand mes propos sont d'un vert... trop direct) ; d'une manière plus générale, par respect pour mes hôtes, je ne m'amuse jamais à remettre en cause quoi que ce soit sur le choix des plats, ni à les contraindre par rapport à mes "goûts". Mais j'admets que, lorsque j'ai vu le foie gras sur mon assiette, j'étais un peu mal à l'aise.

Je suis, depuis quelques temps, "semi-végétarien", plus par principe que par goût (j'adore la charcuterie...). Pourquoi "semi"? Je mange de la viande (très rarement, et surtout lorsque je suis invité) et je ne rechigne pas sur du poisson, de temps à autre. Étant littéralement un gouffre d'ignorance en terme de diététique, et étant plutôt sportif, je reste prudent devant une diète purement végétarienne, mais je tends lentement vers une alimentation sans viande, par raison écologique (emprunte environnementale de la filière carnée) mais surtout de part une éthique purement personnelle, liée à la souffrance animale : j'ai pêché deux fois dans mon enfance, et à chaque fois cela ne m'a absolument pas plu ; lors de ma scolarité, passionné de biologie, j'avais rejeté cette voie simplement à cause des euthanasies que les étudiants pouvaient être amenés à faire (et je me suis tourné vers la technique) ; les images d'animaux torturés de part le monde et traités comme de vulgaires objets me restent en tête et ne veulent plus en sortir. Je suis, sans exagérer, incapable de faire du mal à une mouche. Une sensibilité toute émotionnelle, je vous l'accorde. Une sensibilité déplacée, dans un monde qui exige trop souvent une froideur de raisonnement, peut-être. Mais une sensibilité qui ne me fait pas oublier qu'une partie de mes repas est constitué sur la base de souffrance animale (et humaine aussi...).

Le fois gras fait parti de ses innombrables ingrédients carnés qui forment la plupart des mets habituellement servis à Noël. Il est cependant une illustration assez frappante de cette "animalisation" que subit l'Homo sapiens lorsqu'il s'agit de "se faire plaisir", lui qui pourtant, en bon humain moderne, est très souvent révulsé à la simple vue du sang : il assouvie ses besoins primaires - manger - sans se soucier le moins du monde de ses proies, ce qui correspond bien au mécanisme comportemental de n'importe quel prédateur.

Voici une vidéo d'une quinzaine de minutes qui illustre mon malêtre face au foie gras et à la viande en général (attention, âmes sensibles s'abstenir) :



En ces temps de crise alimentaire mondial, les étalages des magasins nous proposent sans vergogne foie gras à "toutes les sauces", dindes et autres filets de saumon. Les soucis de certains vont à l'approvisionnement de leurs stocks, les soucis des autres vont à savoir s'ils trouveront ou non leur sous-produit animal préféré. Mais en cette période de frénésie consumériste liée à Noël, nous avons tendance à faire passer ses soucis devant d'autres points, que ce soit les souffrances inutiles infligées aux animaux d'abattoir dans le cas du foie gras ou de la surexploitation des ressources halieutiques dans le cas du saumon. Le propos n'est pas ici de blâmer qui que se soit (qui suis-je pour le faire) ni de prôner le végétarisme (je n'en ai pas les compétences de toute façon, ma démarche étant motivée par des principes personnels), mais uniquement de souligner l'ambiguïté de la situation : l'ambiance de fête et l'envie légitime de "se faire plaisir" occultent, du point de vue des animaux, des traitements intolérables et, du point de vue des ressources, des productions peu durables : un exemple sur ce dernier point, les saumons vendus à 50% dans les magasins d'une grande chaîne commerciale suisse n'étaient pas étiquetés MSC (certification de pêche durable).

Balise : fin "partie écolo pénible"

Pendant que ma fille souriait devant ses cadeaux...

Autre point qui me fait penser que nous tous, moi y compris, devenons de plus en plus "animal" en période de fêtes : le comportement de clan ; seul nos proches comptes. Si heureusement, cela n'est en aucun cas mauvais de se préoccuper de ses proches, en oublier notre situation privilégiée par rapport à d'autre est, par contre, regrettable. Ce "comportement" peut être mis en parallèle avec l'égoïsme, cet instinct que nous possédons tous, héritage de nos ancêtres qui, pour survivre, devaient garder jalousement leurs biens, nourriture ou territoire contre toute attaque de concurrents ou prédateurs potentiels, ceci au bénéfice de leur propre être ou de leur famille. Le partage n'est, de prime abord et de façon générale, pas un caractère souvent présent chez les animaux ; on cueille, chasse ou pêche pour soi, au mieux pour sa famille proche, parfois pour sa harde, son groupe ou sa tribu et, si partage il y a, c'est souvent de manière hiérarchique (les lions par exemple).

Le 24 au soir, ma fille a reçu ses cadeaux (une visite surprise du Père Noël qui, parce que nous n'avons pas de cheminée, a déposé ses présents devant la porte et est parti en sonnant à la porte... sacré Père Noël). C'était un vrai bonheur de la voir sourire devant sa nouvelle poupée ou de son nouveau pyjama à l'effigie d'une célèbre princesse de Walt Disney.

Ce soir, ma femme regardait un film sur une histoire vraie relatant une aventure douloureuse d'une mère et de sa fille. Indirectement, cela m'a rappelé une triste évidence, écrasante et, il faut bien l'admettre, assez décourageante : que le bonheur qui se lisait sur le visage de ma petite fille de quatre ans n'était pas partagé par de trop nombreux enfants sur cette terre. Au-delà de la fête de Noël, célébrée par une relative minorité de personnes, c'est bien du bonheur de vivre son enfance que je parle. Les enfants hospitalisés, qui passent les fêtes sur un lit, parfois sans contact avec leurs parents, parfois en vivant leur dernier Noël... Les enfants de parents en difficultés, tant personnelles que professionnelles... Les enfants de pays en guerre, où leurs terrains de jeu ne sont que champs de mines... Les enfants des rues, de communautés sans cesse rejetées, contraints de mendier, de voler ou de se prostituer pour vivre... Les enfants du monde, victimes de pollutions, de famines ou des aléas du climat...

La vidéo ci-dessous (extrait du film "Les enfants des rues d'Afghanistan", un reportage de TAC Presse diffusé dans l'émission Arte Reportage (Arte)), illustrant les conditions des enfants des rues en Afghanistan, m'a bien rappelé que, sous le voile de féérie qui caractérise la vie pour moi en cette fin d'année, se cache une réalité quotidienne et terriblement actuelle que subissent bon nombre d'enfants.



Et bien oui, pendant que ma fille ouvrait ses cadeaux, pendant que je contemplais son visage heureux, combien de millions d'enfants, ici comme ailleurs, vivaient des moments douloureux et difficiles? Mais surtout, dans mes "préoccupations de clan", autrement dit mon attention particulière pour mes proches, comment cette triste réalité avait pu m'échapper? J'étais, à l'instar de mes ancêtres, accaparé par le bien de mes proches ; les éventuelles souffrances de mes congénères, potentiels concurrents, ne m'étaient d'aucune importance! Si, comme tout le monde, je me battrai sans cesse pour que ma famille ne manque de rien, je me demande où est passé, ce Noël, ma part d'humanité qui fait ne pas oublier le privilège que j'ai de pouvoir faire sourire ma petite fille, privilège au combien distribué de façon inéquitable à travers la planète.

Si les enfants du monde n'ont pas forcément besoin d'un "cadeau" au sens où nous l'entendons en Occident, ils doivent pouvoir vivre leur enfance, bon sang!!! Foutu comportement égoïste, qui me fait oublier trop facilement que ce vœux n'en est encore qu'au stade du simple vœux pieux...

La générosité... jusqu'à un certain point.

Avec les fêtes de Noël viennent naturellement les appels à la charité. Diverses associations font des campagnes de dons, et rencontrent, c'est heureux, souvent un grand succès. Noël a aussi, par le passé, été le lieu de récoltes de fonds incroyables. Rappelez-vous, le tsunami qui a dévasté notamment l'Indonésie, la Thaïlande, l'Inde et le Sri-Lanka le 26 décembre 2004, faisant plus de 200'000 morts. Plusieurs centaines de millions d'euros ont été récoltés, dans un élan de solidarité. Un autre événements tragique, le tremblement de terre du Sichuan, en Chine, qui fit près de 88'000 victimes et plus de 300'000 blessés en mai 2008, s'il récolta près de 7 milliards d'euro d'aide humanitaire, rencontra un échos sensiblement différent auprès du public, comme si celui-ci se sentait moins concerné par le sort des victimes chinoises. Moi-même j'avais fait un don en 2004 pour les victimes du tsunami, mais je n'ai rien versé dans le cas du séisme du Sichuan. Peut-être que, sous le coup de l'impact médiatique, j'avais été plus touché par le sort des victimes du tsunami? Peut-être que, dans ce cas, le fait que les Européens puissent être frappés par une telle catastrophe sur des lieux de vacances bien connus m'ait secoué plus que de savoir que des écoles chinoises mal construites se soient effondrées et aient tué près de 10'000 écoliers chinois le 12 mai 2008? Allez savoir? Sans remettre en doute ma bonne volonté ni celle des millions de donateurs à travers le monde, peut-être que cela n'est qu'une autre manifestation de notre propension à n'aider que ceux qui nous sont le plus proche... même à Noël.

Cette générosité à "géométrie variable" s'illustre de bien des manières, souvent plus claires que pour le cas des dons du tsunami de Noël 2004. Le cas des mendiants Roms à Genève et dans le canton de Vaud en est un exemple. Afin, peut-être, de déculpabiliser les gens, on a réduit les Roms à des délinquants, des escrocs, à une bande mafieuse exploiteurs d'enfants, étiquettes joyeusement étendues à tous les SDF trainant dans les rues de Genève ou de Lausanne. "Ne donnez pas de sous à ces gens" nous claironnaient nos chers esprits libéraux au pouvoir. Grâce à une vision politique à l'humanisme aussi flamboyant qu'une nuit sans lune, nos instances gouvernementales en sont même arrivées à "amender la misère", les policiers étant tenus de récupérer les quelques pièces que les mendiants possédaient. Misérable!

Cette manifestation de l'égoïsme primitif s'exprime ici envers ceux qui sont "différents", par leur langue, leur apparence ou leur mode de vie. Et, parce qu'ils expriment une misère de manière presque impudique, on crée des lois pitoyables et on raconte des histoires inexactes afin de discréditer une communauté et décourager les gens qui, par générosité, se battant peut-être contre leurs instincts primitifs, ose parfois donner un ou deux sous vers une main tendue.

L'émission "On en parle" sur la 1ère de la Radio Suisse Romande a parlé, en marge des fêtes de Noël, de cette mendicité (télécharger la chronique ici). Le journaliste interroge Yves Leresche, photographe-reporter, sur les conditions des Roms. Il casse les idées reçues sur les Roms, bien entretenues par certains parlementaires médiatiques pour justifier leur politique répressive, notamment le fait qu'il n'existe pas de réseau mafieux en Suisse. Les Roms fuient des conditions de vie très rudes (l'association Mesemrom résume bien la situation sur son site) ; j'avais entendu un reportage radiophonique où une journaliste en visite en Roumanie décrivait le seul point d'eau d'un camp Rom : une sortie d'égout. Comme toute population, il y a des gens bons et d'autres mauvais. Un jour, en sortant de l'École d'Ingénieurs de Genève, j'ai voulu donner un peu d'argent à une vieille femme ; résultat : mon porte-monnaie a été délesté de 20 francs et une colère mal contrôlée est venue alourdir ma démarche ; je n'ai pourtant pas posé l'étiquette de voleurs sur tous les mendiants!

Quelques exemples de notre égoïsme, avec une générosité conditionnée à nos rapports avec la ou les personnes dans le besoin : nous "ressemblent"-ils, sentent-ils mauvais, habitent-ils dans des lieux paradisiaques? Et Noël ne déroge qu'à peine à la règle. C'est bien la pire des périodes pour tous ces SDF d'origines différentes. Car en hivers, il fait froid. C'est sûr, cela, nos riches parlementaires légalistes ne le savent pas!

Les plus faibles d'entre nous trop souvent oubliés.

Parmi ces SDF de tout genre figurent des jeunes, des moins jeunes, des personnes âgées, tout un florilège de gens jetées sur les bords des rues par les aléas de la vie. Et trop de ces personnes passeront les fêtes seules, oubliées. Un sort que partagent nombres d'ainés, en établissements médico-sociaux comme à leur domicile. La canicule de 2003 a rappelé au monde la dramatique solitude des personnes âgées, mais celle-ci doit être bien triste à vivre en période de Noël.

Je vous mets en lien le clip de la campagne de Noël 2009 de l'Armée du Salut Suisse concernant toutes ses personnes qui passeront le réveillon "de leur côté" ; il est assez émouvant, simple mais bien fait!

Ne plus oublier...

Que vaut ce long examen de conscience que je vous ai fait subir? Pas grand chose! Ce n'est qu'un murmure dans toute cette effervescence festive, joyeuse mais, ce qui peut paraître paradoxal dans une période où l'on fait des cadeaux, assez égoïste! Mon seul souhait, c'est qu'en parlant de cette souffrance et de cette misère, on ne puisse plus les oublier, surtout en période de fêtes. Moi le premier! Et le fait de garder à l'esprit cette réalité, faute de remédier aux maux du monde, apportera peut-être une certaine modération, dans la consommation mais aussi dans les actions de la vie quotidienne, dans les propos que nous tous sommes tentés de porter sur telle ou telle personne, sur les certitudes que nous portons sur "l'ordre des choses".

Le Noël des enfants, le seul qui ait un sens!

Comment conclure! D'abord, ce parallèle entre le comportement humain en période de fêtes de fin d'année et celui de "l'animal" est bien sûr une caricature. Mais pas dans le sens que l'on pense. Si la responsabilité individuelle est un concept difficilement transposable dans le règne animal, certains "animaux", à l'instar des chimpanzés ou des dauphins, montrent un comportement social très complexe où le souci des plus faibles fait parti inhérente de leur vie. L'anthropocentrisme ne va pas que dans un sens, les observations scientifiques ne permettant ni de confirmer ni d'infirmer que certains animaux soient doués de sentiments, tel que la compassion, ou de toute autre forme de sensibilité allant même plus loin que le spectre émotionnel propre à l'espèce humaine. Une chose semble malheureusement sûr : nous, êtres humains vivant dans des pays prospères et riches, manquons, parfois, d'humanité. Cela n'en est que plus marquant en ces temps de fêtes.

Le but de ce commentaire n'est, j'insiste, aucunement de culpabiliser la lectrice ou le lecteur ; le seul qui culpabilise, c'est plutôt son auteur, moi, qui, au fil des lignes, remarque la modestie de son action et tout ce qu'il n'a pas encore fait pour essayer de changer, un temps soit peu, l'état des faits qu'il relate ci-dessus. Je pense juste que la prise de conscience, pas facilité par le flot de stimulations diverses (publicité, médias, politique, etc.) ni par la période, est la base de tout changement ; il est toujours plus facile d'ignorer la souffrance de gens (et d'animaux) qu'on ne connaît pas.

Mais... c'est Noël (ou plutôt, c'était hier, à l'heure où j'écris ses lignes...). J'aimerais terminer par une note plus joyeuse. Ce ne sont, au fond, pas tous ses éclairages pompeux qui font que ces fêtes de Noël sont, pour vous et moi, aussi belles. Non, ce sont bien les lueurs brillant dans les yeux des petits enfants de part le monde attendant le Père Noël qui illuminent cette période ; certains attendent la dernière poupée parlante, d'autres simplement des jours meilleurs. Mais leur innocence et la magie qu'ils portent sincèrement dans leur cœur sont bien plus éclatantes que toutes les enseignes lumineuses commerciales du monde entier. Une innocence qui me pousse à espérer que ma fille puisse croire encore longtemps au Père Noël...

... et que, le plus tôt possible, cette magie et ce rêve puissent être partagés par TOUS les enfants de ce bas monde.

Bon, il est quatre heures du matin, le rêveur utopiste va se coucher!

Bien à vous!

Sandro

Le lobby nucléaire suisse échoue à vendre ses chimères au peuple, mais pas à son gouvernement...

Hello,

En attendant que je ponde mon article (bien senti) sur l'énergie nucléaire en Suisse (dans quelques jours), je vous propose le très bon commentaire paru le lundi 21 décembre dernier sur le blog de Genevoiseries. Il y est question de la bien malheureuse et très regrettable décision du DETEC concernant l'octroie d'une autorisation illimitée d'exploitation de la centrale de Mühleberg. Une "belle" illustration du fameux proverbe populaire, qui sied parfaitement, malheureusement, à la manière dont les politiques traitent le nucléaire, en Suisse comme dans d'autres pays nucléarisés : on nous prend vraiment pour des c...

Centrale nucléaire de Mühleberg : Oui à l'exploitation illimitée!

En Suisse, le nucléaire reste encore très impopulaire auprès de la population. Mais à défaut de convaincre cette dernière, le lobby nucléaire a visiblement réussit à convaincre une bonne partie de notre gouvernement. Et pas qu'à droite. En effet, notre cher ministre de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), j'ai nommé Monsieur Moritz Leuenberger, vient d'octroyer une autorisation d'exploitation illimitée à la centrale nucléaire de Mühleberg. [...]


Bien à vous!

Sandro

vendredi 18 décembre 2009

Copenhague, un rendez-vous pour rien!

Curieux-ses du Net, bien le bonjour d'un écologiste loin d'être découragé.

Deux semaines, c'est ce qu'il a fallu aux délégués internationaux pour... ne rien faire en faveur de l'environnement. Deux semaines, marquées par l'inexistence de dialogue entre la population - inquiète à juste titre par rapport à l'avenir de la planète - et les représentants internationaux - préoccupés par leurs seuls intérêts et en la rédaction de phrases "bateau". Deux semaines où l'on aura surtout vu la désorganisation des organisateurs et la répression de membres d'ONG voulant réveiller cette assemblée quelque peu... léthargique. Deux semaines sensées réduire les émissions de CO2, mais où les principaux protagonistes se seront surtout déplacés en grosses limousines et jets privés.

A l'heure où j'écris ces lignes, le sommet n'est pas tout à fait terminé, mais il est clair que plus rien n'est à attendre des négociations de Copenhague. Seule une déclaration politique, pompeuse mais vide de sens et d'intérêt, sera vraisemblablement présentée à la face du monde, un monde qui, pourtant, attendait bien mieux que cela (mais, y croyait-il vraiment?). L'éditorial de Benito Perez du Courrier, résume bien la situation :

Titanic à Copenhague

Paru le Vendredi 18 Décembre 2009

International Rarement l'image du Titanic, avancée cette semaine à Copenhague par le délégué de Tuvalu, n'aura été aussi appropriée. Alors que le monde file droit sur un iceberg détaché des pôles, l'orchestre des grandes puissances continue à jouer tranquillement la même rengaine. Qu'un accord de façade soit signé ou pas dans les prochaines heures ne changera rien au fond du problème: le Sommet onusien sur le climat n'aura pas été – et de très loin! – à la hauteur du défi posé à l'humanité par la dégradation accélérée de son environnement. [...]

Bien sûr, ce sommet restera dans l'histoire. Jamais autant de nations et d'intervenants ne se seront penchés sur la cause du climat. On peut dire que l'échec, devant l'ampleur de la tâche, était presque assuré.

Mais il restera aussi dans les mémoires - celles non embrumées par le dogmatisme tout du moins - pour une autre raison : le Sommet de Copenhague aura montré, s'il en était encore nécessaire, que l'écologie et le social doivent, une nouvelle fois, s'incliner devant l'économie. Et le manque de courage de certaines nations est tout simplement intolérable. Chacun, à l'instar de l'Europe, conditionne son action au bon vouloir des autres (autrement dit, on se protège de l'échec, en rejetant les responsabilités du dit échec aux autres pays, tout en ménageant les lobbys économiques qui, n'en déplaise aux sceptiques, sont incomparablement plus puissants que tous les mouvements altermondialistes réunis). On se croirait dans une cour de récréation : "c'est pas moi qui a commencé, c'est lui!" Or, ne dit-on pas aux enfants, dans ce cas, que pour résoudre une dispute sans recourir à la violence, on doit faire preuve d'intelligence? A voir les imbécilités irresponsables qui transparaissent du Sommet de Copenhague, je crois bien que certains enfants de primaire manifestent de temps en temps bien plus d'intelligence et de sagesse que les milliers d'"adultes" invités par l'ONU.

Comme cause de l'échec du sommet pour le climat, certains observateurs, comme le journaliste-écrivain Claude-Marie Vadrot, soulignent l'absence de dialogue entre les délégués, politiques et la société civile et les ONG. Ce manque de dialogue illustre parfaitement le décalage qu'il existe entre la population et les élites au pouvoir ; il marque aussi un déficit démocratique, fort regrettable vu l'ampleur du problème écologique.

Mais plus personne ne peut contester le rôle des lobbys dans cet échec. Les sceptiques médiatiques de tout poil ne pourront plus, dès lors, parler de "complot international et politique anti-CO2" en contestant le réchauffement climatique et son origine humaine ; en effet, c'est bien une assemblée onusienne qui vient de torpiller les efforts pour réduire drastiquement les émissions de CO2. Une assemblée à la solde des lobbys, sponsors de certains sceptiques climatiques (lire à ce titre l'article très intéressant paru dans le Courrier International du 20 septembre 2007 : Comment travaille le lobby des sceptiques, Sharon Begley) : de ce qui semble sortir du Sommet, il n'y a rien qui fait mention de la sortie du pétrole. Ah tiens! Tout ce beau monde parle de lutter contre le réchauffement climatique, sans pour autant se défaire de la "sacro-sainte" dépendance aux hydrocarbures?

En terme de lobby, l'OPEP n'est pas le seul. De nombreuses nations de part leur monde ont leur propre lobbys conservateurs : les USA de Barack Obama, où le scepticisme climatique, exacerbé par les associations industrielles (Fédération américaine des chambres de commerce) et créationnistes, est très fort ; la France nucléaire de Sarkozy, où la demande d'EDF d'introduire une taxe pour palier le manque à gagner entrainé par les dispositifs d'économies d'énergies (système de délestage) trouve gain de cause, etc. Bref! L'écologisme ne sert qu'à embellir les discours ; quand on passe au concret, les "vieilles habitudes" en terme d'allégeances économiques reviennent...

Enfin, les résistances occidentales, surtout vis-à-vis de la Chine, sont d'une hypocrisie incroyable. Bien sûr, l'Empire du Milieu, en bonne dictature, ne brille pas par sa transparence. Et les dégats écologiques, créés en partie par la procédure de néolibéralisation en cours de l'économie chinoise, sont bien réels. Mais, qui consomme les produits Made in China? Mmmh?... En compétition avec l'Allemagne pour la place de numéro 1 mondial en terme d'exportation, la Chine a été, pendant longtemps, une terre d'accueil pour les sociétés occidentales en pleine délocalisation ; en 2006, les produits estampillés Made in China sont exportés pour près de 21% aux États-Unis (alors que ces derniers contribuaient, la même année, pour 7,48% des importations de la Chine ; total des exportations chinoises 2006 : 752,2 milliards de dollars US ; total des importations chinoises 2006 : 631.8 milliards de dollars US - Sources : CIA World Fact, version du 16 mai 2008). Il est donc choquant que les Américains bloquent les négociations face aux résistances du gouvernement chinois, alors qu'en même temps, ils contribuent à la pollution en Chine par la fabrication des innombrables produits qu'ils consomment!

On le voit, devant tout ça, rien d'étonnant à ce que le Sommet de Copenhague se termine par un échec. Échec d'autant plus cinglant qu'un sentiment de lassitude risque de s'instaurer auprès de la population : "ah quoi bon se mobiliser, les puissants n'en ont que faire".

C'est pourquoi, à la suite des actions comme Earth Hour, 350.org et d'autres, nous tous devons, malgré tout, maintenir la pression et la mobilisation. Car, comme j'ai eu l'occasion de le dire, la sauvegarde de la planète ne se limite pas au climat. La biodiversité et les ressources comme l'eau sont des points très importants sur lesquels notre attention devra se porter de toute urgence. Et en ce qui concerne le climat, le réchauffement climatique n'est pas le seul objet de débat ; les problèmes énergétiques et la dépendance au pétrole doivent occuper également une place centrale dans les discussions. A force d'exercer une pression quotidienne, les mentalités ont commencé à changer. Il faut donc poursuivre l'effort.

Car la révolution écologique qui a contribué à l'établissement du Sommet de Copenhague est, fondamentalement, partie "du bas". Ce ne sont pas les gouvernements où les élites médiatiques qui ont tiré les premiers la sonnette d'alarme. Mais ce sont les scientifiques (comme Rachel Carson dans le cas des pesticides à la fin des années 50), des populations et des collectivités locales (de Bolivie au fin fond des forêts indonésiennes), les altermondialistes et les diverses ONG qui, durant plusieurs décennies, n'ont cessé de dire que notre société, si elle continuait à exploiter et à maltraiter l'environnement, courrait à sa perte!

Je vous donne donc rendez-vous non pas (forcément) à Bonn ou à Mexico-City, mais au prochain Earth-Hour l'année prochaine. Car, aujourd'hui plus que jamais, c'est bien à nous, peuples du monde entier, d'agir!

Bien à vous.

Sandro

lundi 14 décembre 2009

Le tram à Meyrin : il est là, enfin!

Après une série de remous instillés par une mauvaise foi politique d'un autre temps et de pressions de certains milieux économiques peu enclin aux changements, le tram est enfin arrivé à Meyrin, visiblement au bonheur de ses habitants. Voici des images de l'inauguration prises sur le site de la TSR.

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&bcid=722260#bcid=722260;vid=11598963

Genève avance à petits pas dans sa difficile métamorphose, pour sortir du "tout voiture" si cher à certains ; pour les connaisseurs, relevons que M. Schweizer, l'un des intervenants dans ce reportage, fait précisément parti de ces gens qui, parce qu'ils n'ont pas compris qu'un tram n'est pas un bus (oui, oui) et que, de ce fait, il ne peut pas zigzaguer et s'arrêter devant les allées des immeubles, prétextent que le tracé n'est pas bon (pour couvrir leur désintérêt pour la mobilité alternative, la vraie raison de leur critique). Ah, la politique : trop souvent en retard, et pas que d'un train...

Après l'acceptation du crédit supplémentaire pour le CEVA, cette ligne de tram, reliant la commune péri-urbaine et frontalière de plus de 20'000 habitants qu'est Meyrin au centre-ville de Genève, est la preuve que le contexte "tout-voiture" propre au Canton évolue petit à petit. Reste à terminer les travaux des futurs lignes supplémentaires (TCOB), faire des parkings d'échange aux frontières correctement déservis par les transports publics, à sponsoriser la troisième voie CFF Genève-Lausanne (entre autres) mais aussi d'investir dans le réseau de contournement de Genève (l'architecture du réseau actuel est "en étoile", centrée sur Genève, ce qui n'est pas sans défaut, notamment en ce qui concerne les communes périphériques). Bref, entre résistance dogmatique, mauvaise fois politique et ampleur de la tâche, il reste du pain sur la planche en terme de transport public à Genève. Les choses évoluent, heureusement...

Sandro

Politique (suisse), où le grand sketch de l'hypocrisie, façon "arroseur arrosé"

Curieux-ses du Net, bonjour!

La crise financière semble, selon certains experts financiers, commencer à s'estomper. Le monde bancaire montre des signes de détente : on commence même à revoir des publicités UBS à la télévision suisse! Bien sûr, pour la populace, les conséquences de la crise ne sont pas prêtes de s'arrêter (le chômage est passé de 7 à 7,2 % à Genève en novembre), mais pour les défenseurs politisés de la finance, à Berne ou ailleurs, ainsi que leurs protégés, on a corrigé le système. "On ne fera pas les mêmes erreurs", résument en gros leurs propos univoques. Mais doit-on les croire? Car, pour qu'une erreur ne se répète plus, encore faut-il avoir une mémoire, afin que la dite erreur ne soit plus commise. Et dans ce domaine, les politiciens, suisses en l'occurrence, ont montré leurs limites.

Lors du début de la crise UBS en 2007, de nombreux états ont augmenté leur pression face au secret bancaire suisse, car celui-ci servait, selon eux, comme paravent à l'évasion fiscal. Réponse de la classe politique bourgeoise helvétique à l'époque (et encore après) : "la Suisse fait la distinction entre évasion et fraude fiscale". Ce que d'autres pays, comme la France ou l'Allemagne, ne font pas... Et cette même classe politique, le Parti Libéral-Radical (PLR) en tête (grands portes-parole du monde financier ou bancaire devant l'éternel), s'était violemment offusquée à l'époque contre les attaques que subissait le sacro-saint secret bancaire. Que n'a-t-on pas entendu comme termes durs et propos agressifs, entre "guerre" lancé par les Européens et "ingérence inacceptable" dans le système suisse. La Suisse (qui n'est pas le seul pays à avoir des traitements bancaires "spécifiques") et ses banques subissaient une injustice. Soit!

Fin 2009, un employé de la deuxième banque mondiale s'empare d'un fichier où figureraient les données de "x" fraudeurs du fisc ("x" étant une variable, continuellement revue en fonction des articles de presse). Cet ex-employé, réfugié en France, a expliqué avoir agit par motivation morale. Soit! Mais un vol est un vol ; cet employé a violé la confiance de son employeur, et son action, en Suisse, tomberait sous le coup de la loi. En France, le combat contre l'évasion fiscale est vu (notamment par le très amoral Nicolas Sarkozy) comme une lutte morale. Et, de l'autre côté de la frontière, le gouvernement, par le biais du PLR, accuse la France de bafouer les lois en vigueur.

N'étant pas juriste, loin de moi l'idée de commenter les aspects du droit, d'un côté comme de l'autre, liés à cette suite d'événements. Il y a des accords qui lient les pays entre eux, c'est un fait. Mais cela n'enlève en rien l'hypocrisie manifeste dans cette affaire. Sarkozy, défenseur de la morale? Il n'y a que lui et l'UMP pour y croire! Mais du côté suisse, là où j'habite, je trouve que certains politiciens devrait vraiment tourner 1000 fois leur langue dans leur bouche!

D'une part, on a des citoyens fortunés - français en l'occurence - qui, tout en bénéficiant et utilisant les services fournis par l'état (routes, santé, administrations, etc.), trahissent la "confiance" de cet état et cache une part de leurs avoirs financiers en Suisse (fraude illégale en France), sous couvert du secret bancaire (légal en Suisse). Et les politiques suisses se fâchent, en repoussant d'un revers de main les velléités de la justice française. Mais d'autre part, on a un "contrat de confiance" rompu dans une banque en Suisse, avec des conséquences légales probables, pour le protagoniste comme pour le pays "bénéficiaire" des informations dévoilées (événement illégal en Suisse) ; pour la France, ses informations, obtenues (pour l'heure) sans versement d'argent, seront utilisées dans une lutte morale et nécessaire respectueuse des lois françaises (selon Nicolas Sarkozy).

Même si Nicolas Sarkozy est une hypocrisie à lui tout seul, je ne suis pas en France et ne peux juger du comportement des parlementaires de l'Élysée dans cette affaire. Par contre, en Suisse, on est très régulièrement informé des "coups de gueule" de la classe politique dominante à Berne vis-à-vis de ce différent fiscal. Ces politiciens, PLR pour la plupart, Martine Brunschwig Graf et Fulvio Pelli en tête, en prônant le respect des lois suisses dans cette affaire, ont vite oublié le manque total de respect des lois françaises (et allemandes, etc.) qu'ils ont manifesté lorsqu'il s'agissait de défendre le secret bancaire bec et ongle. Ce manque de "mémoire" (ou d'honnêteté intellectuelle, c'est selon) ne donne, à lui seul, pas des gages rassurants quant à cette soit-disant réforme du système financier international.

Bien sûr, l'idée de la taxe Tobin commence à être mentionnée même chez certains libéraux pur jus (bon, pas en Suisse à ce que je sache). Mais soyons clair, l'incident relaté ci-dessus et l'amnésie bourgeoise relative en terme de respect des lois ne sont que de simples signes d'une poursuite des "bonnes vieilles habitudes" en matière économique et financière. La spéculation reprend, les bonus faramineux reviennent... tout cela alors que les moins bien lotis d'entre nous souffrent et continueront de souffrir encore longtemps des effets pervers du capitalisme incontrôlé. En bref, on "dit les mots qu'il faut" aux médias, on rassure l'électorat, mais on continue, dans le dos, nos "petites affaires".

C'est donc bien un sketch que nous jouent le PLR suisse, celui de l'arroseur arrosé. Si la crise n'avait pas eu des conséquences aussi dramatiques, ce sketch aurait pu faire sourire. Dans les circonstances, celui-ci frise le pathétique! Reste qu'il est piquant d'entendre les représentants politiques des banques en Suisse - traduction : le PLR (mais aussi l'Union Démocratique du Centre "décentré à l'extrême droite") - renier la pertinence des revendications judiciaires du fisc de certains pays européens avec arrogance, à grand coup de terme du type "enfer fiscal", puis quelques années après de voir ces mêmes politiciens appeler au respect des lois suisses dans l'affaire du fichier volé.

Les crises passent, les acteurs comiques restent. Et devant ce sketch de l'arroseur arrosé, ce sont toujours les mêmes qui rient jaune... Non, non, les gens du PLR, ces malheureux qui rient jaune, ce ne sont pas les tradeurs et les banquiers!...

Bien à vous!

Sandro

dimanche 6 décembre 2009

Biodiversité 4 - Endémisme : le symbole Alula

Biodiversité, richesse du vivant

Aloha,

Chaque espèce vivante qui s'éteint, c'est un peu, par rapport à l'ensemble de la nature, comme une flamme dont l'éclat s'amenuise lentement. A l'instar de chaque vie humaine perdue, tout au long des innombrables conflits qui ensanglantent le monde, pertes qui entament chaque fois une part de notre humanité, toute forme de vie qui disparaît sous l'assaut de l'Homme représente un dommage inestimable pour la biodiversité, fragilisant sans cesse un peu plus l'équilibre du vivant sur notre planète.

Cette diminution de biodiversité est très flagrante dans le cas d'espèces, animales ou végétales, qu'on ne trouve qu'à un seul endroit sur Terre. C'est ce que l'on appelle l'endémisme. Lorsqu'une forme de vie est endémique à une région, une île ou un lopin de terre, cela signifie que celle-ci s'y est parfaitement adaptée (conditions de vie, nourriture, etc.). La région concernée étant parfois très réduite, le nombre d'individus est en principe relativement faible. Cette très forte adaptation au milieu, ainsi que le nombre limité d'individus, rend l'écologie de la forme de vie endémique souvent très sensible aux perturbations extérieures. Seulement, si elle vient à disparaître, ceci est définitif puisque, par définition, une espèce endémique n'existe nul part ailleurs.

Un palmier pas comme les autres

Les exemples sont, malheureusement, légions ; actuellement, le rythme d'extinction des espèces est entre 100 et 1000 fois supérieur au taux moyen estimé depuis l'apparition de la vie sur notre planète. Mais, cet état de fait reste assez abstrait auprès du grand public. Un petit tour du côté d'un archipel volcanique du Pacifique illustre cependant cette perte de biodiversité de manière... stupéfiante.

Depuis quelques temps, on peut trouver, chez les distributeurs en botanique, un curieux petit palmier, le palmier d'Hawaï, appelé aussi Alula ou encore, pour les scientifiques, Brighamia insignis. Bien qu'il ne s'agisse pas, à proprement parler, d'un palmier, son allure lui donne indubitablement un petit air de tropique.

Mon palmier hawaïen.

A priori, rien de particulier, me direz-vous. Oui, sauf que cette petite plante aux feuilles bien large est commercialisée suite à un programme de sauvegarde de l'espèce, géré par l'UICN. Car en effet, cette plante est, à l'état naturel, sur le point de disparaître (liste rouge des espèces menacées).

Sur le seuil de l'extinction

A Hawaï, vaste archipel volcanique planté au milieu du Pacifique, patrie d'origine de notre Brighamia, on ne trouvait, en 2007-2008, plus que 7 spécimens sur l'île de Kaua'i! 7 spécimens, pas un de plus! Une grosse tempête, un incendie, rien de bien méchant, et hop! Il n'y a plus de Brighamia sur la Terre. Comme quoi, pour le palmier hawaïen, la vie ne tenait qu'à un fil...

C'est pourquoi les botanistes motivés ont décidé, suite à l'urgence de la situation, d'organiser la sauvegarde de cette plante rare, en diffusant aux quatre coins du monde des graines de Brighamia.



Causes supposées

Plusieurs raisons ont été apportées quant à la situation plus que critique de cette plante de la famille des Campanulacées. Il s'agit d'un cumul de plusieurs facteurs, mais la plupart sont imputables, directement ou indirectement, aux activités humaines. Les explications avancées sont le déboisement et les brûlis, l'effet de la concurrence de plantes envahissantes non-indigènes et des activités d'animaux importés comme la chèvre. On suppose aussi que la disparition vraisemblable du seul pollinisateur de Brighamia - un papion de nuit pas clairement déterminé - aurait porté un coup fatal à l'espèce. Enfin, des facteurs météorologiques (tempêtes) s'ajoutent à ce tableau déjà fort sombre.

Avec le climat, protégeons la biodiversité

Cet exemple illustre la fragilité du monde du vivant. Le cas des espèces endémiques comme notre palmier hawaïen, à l'aire d'existence très réduite (une île) et à l'adaptation très poussée (un seul papillon pollinisateur, une niche écologique particulière) est un exemple très instructif ; on peut facilement mesurer l'impact des perturbations, naturelles ou non, subie par l'espèce, car celle-ci est de répartition très restreinte. Or, lorsqu'une espèce endémique disparaît, c'est pour de bon! Et les espèces que l'on trouve dans plusieurs lieux sur notre planète? Leur disparition localisée n'est pas non plus sans effet, car l'espèce s'inscrit toujours dans une "boucle" - le cycle alimentaire - qui forme comme une chaîne faite de maillons : si un maillon casse, c'est la chaîne entière qui s'en trouve ébranlée.

Le petit palmier hawaïen, à l'instar d'autres espèces moins connues comme le pin de Wollemi (aussi sujet à un programme de conservation similaire), sont les portes-parole silencieux de cette biodiversité si malmenée actuellement. A la veille du sommet de Copenhague, où les puissants de ce monde vont discuter du climat (espérons-le, pas pour des prunes, comme d'habitude...), il est bon de ne pas perdre de l'esprit l'urgence de la situation du point de vue de l'environnement dans sa globalité. Il ne suffit pas de poser des panneaux solaires sur un centre commercial afin de réduire la charge en CO2, si dans le même temps rien n'est fait pour limiter la déforestation (liée au commerce de la viande par exemple), la sur-pêche et le commerce non-équitable (favorisant souvent l'augmentation de la pression sur l'environnement).

Gardons à l'esprit que la biosphère n'est rien d'autres qu'une somme de tous les êtres vivants constituant cette biodiversité. Que ce soit le saumon, le pinson de Darwin, le loup, le lichen ou encore le palmier Brighamia insignis, toutes ses formes de vie ont leur rôle à jouer dans cette biodiversité... comme Homo sapiens. Faisons que le rôle de ce dernier ne se résume pas à la destruction!

A bientôt!

Sandro

Série "biodiversité", chapitre précédent : Biodiversité 3 - Nouvelles espèces découvertes, une nouvelle preuve de la complexité du vivant

vendredi 30 octobre 2009

Devoirs scolaires, médias et politique : quelle hyprocrisie!

Curieux-ses du Net,

L'école, en Suisse comme ailleurs, est une source intarissable de débats, tant dans les médias qu'en politique. On peut s'en réjouir, l'école étant, par définition, la base d'une société. Néanmoins, on peut être surpris par certains biais médiatiques affectant ce sujet. Les biais, dans les médias, sont, malheureusement, monnaie courante ; les journalistes ne sont que des êtres humains. Cependant, on pourrait attendre que certaines sources, notamment publiques, puissent montrer un peu plus d'indépendance politique. Je m'explique. Les socialistes zurichois ont proposé de réduire les devoirs à domicile en faveur d'un encadrement en école (sur une heure obligatoire), ceci pour favoriser l'égalité des chances. Mon propos, dans ce billet, n'est pas de dire si cette idée est bonne ou mauvaise ; elle semble diviser le milieu professionnel et, de toute évidence, ne pourrait pas être applicable partout, faute de personnel suffisant. Je désire juste attirer l'attention sur le fait qu'une nouvelle fois l'idéologie dominante semble conduire certains acteurs du débat dans une hypocrisie vraiment honteuse.

En effet, combien de fois entend-t-on ou lit-on que les socialistes "veulent supprimer les devoirs". Quelle interprétation! Il ne me semble pas question de supprimer les devoirs, mais de modifier leur mise en application, par l'instauration d'une heure obligatoire durant laquelle les élèves sont encadrés par des enseignants. Pourquoi diable certains journalistes (par exemple au Grand 8 de la RSR du 30 octobre) s'acharnent à parler de suppression, donnant ainsi une idée fausse auprès du public et, par le fait même, biaisant le débat?

Du côté du politique maintenant. Certains profitent, c'est évident, de ces biais médiatiques pour, soit promouvoir une idée (ok), soit pour cacher certaines réalités que leur idéologie ont entrainé (là, je suis moins d'accord). J'entendais certains intervenants, comme Jean Romain (Radical genevois et membre de l'association Refaire l'Ecole (tiens donc...)), Stephane Garelli (économiste) ou encore Isabelle Chevaley (Ecologie Libérale) parler d'une "déresponsabilisation" des parents ; "on a des enfants ; il faut s'en occuper". Sur le fond, c'est parfaitement exact! L'hypocrisie que je dénonce vient du fait que les mouvements politiques et idéologiques représentés par ces gens prônent en même temps, par exemple, le rallongement des heures d'ouverture des magasins et la sacro-sainte concurrence et la course à la performance. Ces gens nient la prise en compte des "contraintes" familiales liées aux enfants. Les deux parents travaillent, mais les milieux économiques ne se sont pas suffisamment adaptés à cette situation (travail partiel pour les hommes, salaires des femmes, congés paternités (si la femme désire travailler tout de suite), etc.). Les coûts annexes (les loyers et la santé notamment qui, pour la plupart des gens, représentent les principaux frais mensuels, ne l'oublions pas) obligent les parents à plus travailler. Et ne parlons pas des familles mono-parentales... Quand à cette course vers toujours plus de concurrence et de performance professionnelle, qui va souvent bien au-delà de l'éthique réelle de certains patrons, qui font leur job, mais qui est le but ultime des associations comme économiesuisse, elle pousse aussi aux heures supplémentaires.

Dès lors, parler de déresponsabilisation des parents, alors que, de l'autre côté, on leur demande de plus travailler me paraît d'une malhonnêteté sans borne. Je me demande comment une caissière, revenant chez elle du travaille à 22h, pourra encore s'occuper des devoirs de son ou de ses enfants. Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une nounou! Il serait bon que, pour une fois, l'économie se mette au service des êtres humains, et se plie d'avantage aux contraintes familiales (jusqu'ici, c'est toujours le contraire...).

Bien sûr, cette proposition socialiste est tout sauf une solution miracle. Certains pédagogues sont d'ailleurs assez sceptiques. Les études surveillées existent déjà, notamment à Genève ; peut-être suffisent-elles ou doivent-elles être mieux valorisées! Et les devoirs, quand ceux-ci sont "intelligents" (donc, pas limités à de simples "travaux pas terminés en classe"), ont un véritable sens, et les réaliser à la maison, avec une aide de la famille, a beaucoup d'intérêts, tant au niveau de l'enfant - qui se sent soutenu par ses proches - qu'au niveau des parents - passer du temps avec son enfant, échanger et communiquer. Mais la proposition du parti socialiste de la ville de Zürich a au moins le mérite de souligner la difficulté actuelle des parents à assumer leur rôle, tant les pressions économiques et professionnelles sont fortes et souvent incompatibles avec les responsabilités envers leur progéniture. Elle a dès lors l'intérêt de montrer une nouvelle fois l'incohérence du monde politique, qui d'un côté veut toujours plus d'engagement professionnel par le soutien au rallongement des heures de travail dans le commerce notamment, et de l'autre refuse d'allouer des moyens supplémentaires à la formation, notamment dans le primaire (fermeture de classes, embauche insuffisante de personnel d'encadrement). Dès lors, il y a bien un risque d'inégalité en fonction des catégories de population. Et même si "l'égalitarisme" dans l'enseignement peut avoir ses limites pratiques (il faut accepter le fait qu'il y ait des surdoués et des "cancres", et chacune de ses "catégories" doit pouvoir recevoir un encadrement spécialisé adéquat), il ne faut pas tomber dans l'extrême, en oubliant les responsabilités que notre société tournée vers la performance possède : des familles de plus en plus sous pression devant des exigences contradictoires! Quand j'entends discourir quelqu'un comme Jean Romain, je ne peux que rester sans voix devant autant de dogmatisme ; peut-être que ce philosophe a vécu dans une grotte, l'ayant coupé des réalités du monde d'aujourd'hui... On frise le populisme ou, tout du moins, la malhonnêteté intellectuelle, et c'est fort regrettable!

Alors, messieurs les journalistes et politiciens, discutons du facteur pédagogique de cette proposition avec de bons arguments, honnêtes et constructifs! Mais bon, de nos jours, le sérieux et le respect ne sont plus des valeurs qui portent en politique. Nos enfants apprécieront...

Bien à vous.

Sandro

mardi 20 octobre 2009

Actions "350" du samedi 24 octobre - symboliques mais nécessaires

Curieux-ses du Net, bonjour (ou bonsoir)

Dieu sait à quel point l'écologiste que je suis n'en demeure pas moins critique face à certains détails de l'argumentaire de quelques organisations de lobbying pour la préparation du Sommet de Copenhague de fin d'année, comme 350.org (voir ce commentaire). Il n'empêche, les prévisions sont bien sombres, et la nécessité de rappeler l'urgence climatique (sur fond de défense de l'environnement), tant du point de vue des politiques que des populations, reste d'actualité.

Les propos de 350.org et d'autres ONG sont les suivants : d'ici 2100, nous devons ramener le taux de CO2 dans l'atmosphère à 350 ppm (parties par million), sans quoi le réchauffement climatique risque d'entraîner un désastre pour l'humanité (avant la révolution industrielle, le taux de CO2 était de 280 ppm). Actuellement, ce taux est de 387 ppm, et augmente de 3 ppm par an. De gros efforts doivent donc être entrepris, et vite!

Dans ce but, des manifestations seront organisées partout dans le monde (notamment à Genève) ce samedi 24 octobre, autour du nombre "350". Ces manifestations, dans le prolongement, entre autre, de Earth Hour, sont certes symboliques. Même si elles visent les participants au Sommet de Copenhague, il n'est pas certain que ces derniers soient très sensibles à ce genre de manifestation. Cela dit, ne rien faire serait également ajouter de l'eau au moulin des partisans de l'immobilisme!

De plus, ces actions, lorsqu'elles sont correctement relayées par les médias, ont aussi un impact sur le public. Elles incitent les gens, non pas seulement de parler d'environnement, mais aussi de s'engager pour sa protection. Dès lors, la symbolique de cet événement de samedi,et le potentiel désintérêt de certains dirigeants à tendance néolibérale et conservatrice n'enlèvent en rien son importance. A l'instar du minuscule polype qui édifie de gigantesques récifs de corail, ce sont de petits gestes quotidiens, alliés notamment à des manifestations citoyennes de ce type, qui participeront, sans doute, au changement des mentalités.

Dès lors, manifestons notre soutien à une politique climatique responsable pour le sommet de Copenhague ; le 24 octobre, faisons passer le message suivant : "l'avenir sera à 350, ou ne sera pas!"

Bien à vous.

Sandro

dimanche 11 octobre 2009

Une claque pour Genève

Le brun, nouvelle couleur de la politique genevoise?

Bonjour à toutes et tous,

La campagne des élections du Grand Conseil genevois a pris une tournure presque internationale ; les populistes de tout poil se sont battus à grand coup de messages discriminatoires, colorant la campagne d'une tinte brunâtre, signe de temps que l'on croyait naïvement révolus. En témoignent les divers messages électoralistes où les étrangers et les frontaliers français, comparés à des criminels, ont été les principales cibles. Ce dimanche 11 octobre, cette bien triste campagne a trouvé son épilogue... à sa hauteur.

Plébiscite des populistes

Le résultat est tombé, brutal : les populistes remportent une victoire incroyable, et gagnent 8 sièges, devenant la troisième force politique du canton en terme de pourcentage (derrière les Verts), et la deuxième en terme de sièges (avec les Verts), avec 17 sièges. C'est une claque pour la Genève internationale, et un signe d'un profond désintérêt de la population pour la politique, mais surtout pour les conséquences qu'un tel vote irréfléchi peut avoir pour la société.

Car comment peut-on donner un quelconque crédit à ces gens? En effet, il est piquant de constater le vide astronomique qui accompagne le bilan des populistes, qui ne sont au final qu'en perpétuelle campagne mais qui sont, par contre, peu prolixe (le mot est faible) en terme de travail institutionnel. "Amusant" de voir que ces mêmes populistes, s'affichant comme les dépositaires des seules réformes efficaces pour l'école publique - et prêts à décerner des bonnets d'âne à certains responsables de la formation à Genève - puissent sans honte placer des affiches sur les bus où l'on pouvait lire "un grand coup de balais"... Les électeurs populistes ont dû souffrir d'un vrai déficit en orthographe, ou sont-ils si aveuglés par leur haine de l'autre qu'ils ne savent plus lire? Le populisme genevois, ou l'art d'être sali par plus sale que soit! C'est sûr que lorsqu'on entend le pompeux président des populistes parler de "cécité visuelle", on comprend que l'usage du dictionnaire puisse être décrit, chez eux, comme un événement aussi rare que la pluie dans la Vallée de la Mort du désert de l'Atacama au Chili! Révoltant de constater, également, qu'un parti stigmatisant et insultant les frontaliers puisse, dans le même temps, "excuser" l'un de ces candidats qui, propriétaire d'une boulangerie, emploie plus de 80% d'employés frontaliers (c'est sûr, il n'y a pas d'employé au chômage apte à travailler en boulangerie à Genève, tout le monde le sait).

Mais alors, comment les habitants de la ville accueillant nombre d'ONG et d'organisations internationales, ouverte sur le monde, ont pu tomber dans un piège aux relents si nauséabonds que celui tendu par les populistes?

Les feuilles de chou, la droite dure et une partie de l'extrême gauche, meilleures alliées des populistes

Premièrement, la politique devient de plus en plus "poeple". Plus besoin de programme solide, plus besoin de travail de fond. Il suffit d'avoir de la gueule, de crier plus fort que l'autre. Sans plus! Les médias aiment cela, et offrent, parfois à leur corps défendant, une publicité quasi gratuite à ces mouvements populistes. L'honnêteté, le travail critique et la réflexion ne sont décidément plus des valeurs intéressantes dans notre société. Certainement un signe expliquant pourquoi certaines choses ne vont pas!

Mais paradoxalement, les premiers coupables sont certains partis gouvernementaux, les Libéraux-Radicaux (PLR) en tête. En effet, les populistes ont surfé sur la vague du sentiment d'insécurité, sentiment fortement exploité par les partis de droite. Ces derniers ont attisé le feu, et celui-ci est devenu, grâce aux populistes, hors de contrôle. Le parti des lumières du conservatisme néolibéral - Pierre Weiss et autres Halpérin et Jornot - a oublié une chose : en refusant d'allouer plus de moyen à l'État pour que celui-ci embauche plus de policiers et mette en place une police de proximité, il a une part non négligeable de responsabilité dans ce sentiment d'insécurité ; trop occupé à préparer les élections au Conseil d'État (à majorité "de gauche") et, ainsi, à charger le responsable de ce soit-disant état de fait - le socialiste Laurent Moutinot - , les flamboyants libéraux genevois n'ont pas remarqué qu'ils déroulaient en même temps un tapis rouge aux populistes.

Mais la droite n'est pas seule en cause. L'extrême gauche - qui n'a, parfois, de gauche que le nom - doit aussi plaider coupable. Si les membres de SolidaritéS-Parti du Travail (SolidaritéS-Pdt) se sont intelligemment réunis, des dissidents de la carrure de Christian Grobet et Salika Wenger ont fait liste à part, pénalisant la gauche de la gauche et la faisant passer, une fois de plus, sous le quorum de 7%! En outre, la stigmatisation des étrangers et frontaliers y est devenu également un nouveau slogan. Et même dans les rangs du Pdt, on se demande si, à l'image d'Andrea Riman à Meyrin, des espions de l'extrême droite et des populistes vainqueurs aujourd'hui n'ont pas infiltrés le parti de la gauche de la gauche (il faut savoir que, dans cette commune genevoise, extrême gauche et extrême droite semblent partager, plus que de raison, des opinions semblables...).

Défaite des sponsors de la crise, une maigre consolation

Les coupables semblent donc facilement identifiables. Et ce soir, maigre consolation, ils en paient les frais. La liste des Ainés de Christian Grobet est loin du quorum, et le coup de poignard dans le dos infligé à SolidaritéS-Pdt fera, je l'espère, tomber des têtes. Définitivement!

De l'autre côté, les (néo)libéraux essuient une défaite historique, en perdant 3 sièges. Les défenseurs acharnés du capitalisme et du monde financier ont pris une raclée, ceci alors que leur campagne a été l'une des plus voyante. Une correction bien venue, lorsque l'on sait l'arrogance de plusieurs de ses membres vis-à-vis des crises actuelles, de l'écologie et des petites gens. Quant à dire si cette défaite clouera le bec de certains sociologues de pacotille et autres avocats richissimes... je ne suis pas si naïf que cela.

Et pour nous, "frontaliers" d'ici et d'ailleurs, travailleurs, parents aux fins de mois difficiles, enfants en quête de repères, y-a-t-il de quoi se consoler à la suite de ces élections? Je crains que non ; plus que certains fossiles politiques, c'est nous qui paieront les frais. Bien sûr, les forces progressistes s'en sont sortis mieux que les partis bourgeois : les Verts ont gagné 1 siège (17), devenant la première force de gauche du Canton (première suisse romande) et les Socialistes perdent 2 sièges (15) mais limitent la casse (alors que, de l'autre côté, tous les partis de l'Entente bourgeoise sont perdants, les Radicaux et le Parti Démocrate Chrétien perdant chacun 1 siège (11 sièges chacun), les (néo)libéraux 3 sièges (20) et l'UDC blocherienne 2 sièges (9), très bonne nouvelle cela dit). Mais avec des populistes, devenus arbitres avec 17 sièges au parlement, mais qui n'ont fait que de brasser de l'air jusqu'ici, difficile d'envisager, du point de vue du peuple de la région franco-valdo-genevoise, la prochaine législature de manière sereine. Finalement, ce sont bien les politicards qui se gaussent ce soir ; la population, elle, pleurera ces prochaines quatre années.

La conclusion à tirer : informons et résistons!

On peut faire un parallèle intéressant. Le populisme genevois, qui a honteusement triomphé aujourd'hui, n'est, somme toute, que le résultat d'une dégradation de l'information en général. Plus personne ne prend la peine de réfléchir, tant au niveau de l'information que de la politique. Seul le rapide, le clinquant et le bruyant intéressent de nos jours. On s'acharne à corriger le problème, plutôt qu'à s'attaquer aux causes du problème. Le déclin de la presse d'investigation et le "succès" de la presse gratuite (à Genève, le GHI, gouffre intellectuel, en est l'exemple type) est allé de paire avec un nouveau populisme, basé sur une campagne sans fin (slogans, coups d'éclat, etc.) sans aucun travail de fond. Encore une fois, le travail des citoyens, associations, ONG et partis politiques progressistes doit se reposer sur l'éducation et l'information. C'est peut-être trivial, mais devant l'abrutissement que l'on subit par la presse de boulevard, ce point est d'une actualité flagrante : l'éducation a repoussé sans cesse les bêtises telles que le créationnisme ou encore le racisme (bien qu'il y a, malheureusement, des résistances...) ; il repoussera sans doute aussi le populisme qui, aujourd'hui, défigure Genève.

Le président du mouvement qui a gagné aujourd'hui disait que c'était "une victoire pour Genève". Un membre de l'UDC, concurrente, déclarait, entre deux grossièretés, qu'il fallait "respecter les 15% qui ont voté" pour ce mouvement. OK, pour autant que ces mêmes 6% de la population (40% de taux de participation) et les membres élus des populistes respectent, eux aussi, non seulement les 94% de la population qui n'ont pas voté pour eux, mais aussi les habitants de la région franco-valdo-genevoise qui n'ont pas eu droit au chapitre mais qui, dans sa majorité, tous les jours, participent à la prospérité de Genève.

Il est de notre devoir à tous, nous citoyens du monde, de veiller à ce que la ligne rouge, trop souvent franchie par les populistes genevois de tous bords, soit respectée. Aujourd'hui, l'écologiste que je suis est triste. Je suis inquiet que la situation politique de ces prochains quatre ans ne plonge les démunis et les "sans-voix" de notre société encore plus dans le désarroi, même si l'absence de travail concret finira, tôt ou tard, par classer ces populistes au titre d'espèce disparue! C'est pourquoi il nous faut résister, dans l'intelligence et avec nos moyens. Ne laissons pas la racaille politique pourrir notre région! C'est mon coup de gueule.

Résistons, tous ensemble, avec intelligence!

Bien à vous!

Sandro


mardi 6 octobre 2009

Quand le bateau coule, doit-on continuer aveuglément de danser?

Bonjour, curieux-ses du Net,

Demain, mercredi 7 octobre, marque la sortie en salle du film le Syndrome du Titanic. En voici la bande-annonce.



Le film est réalisé par Jean-Albert Lièvre et Nicolas Hulot. Ce dernier, bien connu pour son émission Ushuaïa, marque ainsi son retour sur la scène médiatique. Le film est plus sombre que celui de Yann Arthus-Bertrand, où la beauté des images constituait le moteur de la démarche de sensibilisation. Ici, le but semble de secouer les esprits, plongés dans une léthargie intellectuelle que toute bonne société néolibérale se doit de maintenir. L'idée est bien résumée dans cette phrase : "... le superflu des uns est sans limite, tandis que l'essentiel des autres n'est même pas satisfait". Car les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas les seules en cause dans les bouleversements écologiques que la Terre subit actuellement ; les déséquilibres de richesse et les flux commerciaux, amenant son flot de déforestation, pillage des ressources et destruction de la biodiversité, sont aussi en cause. La piste pour une protection durable de notre environnement, locale comme globale, passe inévitablement par une prise en compte des êtres humains, non pas au niveau de lobbys égoïstes (un chasseur pigmé, qui ne prélève que le strict nécessaire à sa subsistance, ne peut être comparé à un chasseur européen, semble-t-il plus attiré par le sang que par la sauvegarde de la nature), mais bien au niveau culturel et des libertés fondamentales.

Bien sûr, le sponsoring de Nicolat Hulot a de quoi déconcerter, dans ce discours de remise en question de notre société de consommation. J'avoue avoir de la peine - le mot est faible - à comprendre que des sociétés comme TF1 ou EDF puissent être appelées et soutenir pareil projet. Pour les exemples cités, on peut apprécier le niveau de la première chaîne française - émissions culturelles "élevées" comme Secret Story, informations impartiales... mais quand même pro-"gouvernement en place", etc. - , surtout lorsqu'on sait qu'un des PDG, Patrick Le Lay, avait déclaré, en 2004, que TF1 n'avait comme seul but de base "d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre ses produits". Quant à EDF, son soutien inconditionnel à l'énergie nucléaire, symbole, qu'on le veuille ou non, de la société consumériste, rend son appui aux projets de M. Hulot ambigu. La filière nucléaire, avec ses rendements globaux assez médiocres (enrichissement, réacteur, recyclage, etc.) et les problèmes humains liés à l'extraction et au retraitement du combustible, sont précisément l'un des très nombreux symptômes d'une société aveuglée par le "toujours-plus", continuant à danser sur une illusion d'abondance, alors que la planète (qui est un volume fini) est en train de couler. Cela rappelle étrangement l'histoire du Titanic...

Alors, que penser de ce film, ainsi sponsorisé? Nicolas Hulot n'est pas un scientifique, mais un metteur en scène, de formation journalistique. Sa vision du monde, comme il le dit, s'est profondément modifiée avec le temps. S'il s'est entouré de noms "peu recommandables écologiquement et éthiquement" de l'industrie et des médias, il a surtout donné la parole, au cours de ses programmes, à bon nombre de scientifiques et d'experts, certains de renom, d'autres plus anonymes mais non moins compétents (Jacques-Marie Bardintzeff, Laurent Ballesta, Patrick Blanc, etc.), ceci à grand renfort de moyens. Du reste, le message de Nicolas Hulot a eu, c'est certain, un impact considérable dans le public ces dernières années. C'est clair, M. Hulot dérange les écologistes, moi y compris. Par le passé, il a fait preuve de naïveté vis-à-vis du politique, notamment par son Pacte Écologique. Ses émissions sont parfois, à mon goût, trop centrés sur lui-même et ses performances sportives. Il commet quelques erreurs scientifiques (non, il est imparfait de qualifier le corail de végétation...). Et sa propension à utiliser des moyens de locomotion polluants, bien que rationnellement compréhensible, ne lui a pas amené que de la sympathie.parmi les défenseurs de la Nature. Mais les propos de Nicolas Hulot, demandant plus de respects pour les populations humaines et l'environnement et une véritable prise de conscience sur l'écologie, auraient-ils rencontré le même succès s'il avait parcouru le monde à pied, seul, ne réalisant qu'une émission toutes les deux années et en diffusant ses mêmes propos sur des médias associatifs? En parallèle, est-ce que "s'affilier avec le diable" pour mieux le vaincre n'est-il pas la meilleure solution pour encrer durablement la sauvegarde de l'environnement dans nos habitudes? Est-ce une preuve de courage ou de naïveté? Peut-être un peu des deux... Dès lors, à l'instar de Home, il est important de prendre le message du film Le Syndrome du Titanic en considération, en faisant abstraction du contexte de sponsoring (mais en ne l'occultant pas pour autant). Si, jour après jour, nous mettons en pratique des comportements plus éthiques, aptes à enrayer le processus sans issu actuellement à l'œuvre, ces sponsors seront bien vite confrontés aux réalités, celles liées au fait qu'une croissance infinie dans un monde fini n'est qu'une illusion, fruit de la bêtise néolibérale. Discutons plutôt des plus de ce film (un message moins "idéaliste" peut-être plus efficace) et des moins (une voix-off apparemment trop présente, mais aucune place aux propos des gens plongés dans la misère). Et enlevons nos œillères idéologiques, qui nous bloquent dans la démarche seine de la remise en question de nos propres modes de vie.

Le bateau coule. Il faudrait peut-être colmater les brèches, avoir le courage de réfléchir à des méthodes pour freiner cela, plutôt que continuer à danser égoïstement sur la musique enivrante du néolibéralisme, pendant que les mécaniciens, matelots et passagers de troisième classe sont déjà en train de se noyer!

Bien à vous!

Sandro


mercredi 16 septembre 2009

Politique suisse - sans surprise ; le changement, ce sera pour plus tard...

Une occasion manquée de changement

La gouvernement suisse renouvelait aujourd'hui le poste de chef du département de l'intérieur (DI). Parallèlement, le pays vit une crise institutionnelle sans précédent. Les impaires libyens du président de la Confédération, la guerre de cloché entre départements, le manque de cohésion du Conseil Fédéral et le manque de visibilité internationale ont illustré le besoin de changement qu'il faut à la tête de la Confédération.

A 10h05, le résultat est tombé. Didier Burkhalter, député Libéral-Radical (PLR) a été élu à la succession de M. Couchepin. Cette élection a été le fruit d'une volonté de la droite dure (mais aussi d'une partie des socialistes) de maintenir la concordance, c'est-à-dire un nombre de sièges "proportionnel" au nombre de parlementaires des partis gouvernementaux (et non des groupes...) en question au Conseil National. Bien sûr, au-delà des convictions personnelles, il est clair que le radical Didier Burkhalter a les compétences nécessaires au poste, et qu'il sera techniquement apte à assurer la succession de M. Couchepin, très controversé mais véritable homme d'état.

Un manque total de programme et d'idée, mais une vitrine pour la bêtise

Mais ce vote laisse quand même un goût très désagréable en bouche ; il n'est que le point final d'une campagne où les débats d'idées ont été absents... et même refusés. Le poste de chef du DI implique des positions claires dans les domaines du social (santé, etc.) et de la culture. Le principe de "Green Deal", touchant l'ensemble de la politique d'un pays, devait aussi être mentionné explicitement. Et là, rien, le néant en terme d'idée! Uniquement une autre "guerre de cloché", celle de l'origine linguistique et cantonale. Cela a amené, ce matin, à de curieuses démarches. Par exemple, je trouve pathétique qu'un socialiste neuchâtelois, Didier Berberat, puisse voter pour un PLR "uniquement" parce qu'il vient du même canton. Au-delà des compétences de M. Burkhalter, un politicien n'est pas bon et défendable uniquement parce qu'il vient de sa propre région! Du reste, dans l'ensemble de ce "faux débat", il en est ressorti que la "notion" de latinité n'a de sens que lorsqu'elle est en faveur des Romands ; les italophones (et pas seulement les Tessinois) ont apprécié.

En fait, qu'a-t-on vu, nous, "populace" pour qui le PLR, fidèle à son idéologie "pro-castes", ne jugeait pas utile de faire des débats d'idées publics avec leurs adversaires (parce qu'en Suisse, pour les lecteurs qui ne le savent pas, le peuple n'élit pas les sept conseillers fédéraux - chose justifiable pour maintes raisons, allant du financement opaque de certains partis jusqu'aux impératifs du fédéralisme)? Ce que l'on a vu, c'est uniquement un cortège de "coqs", comme en phase de rut tellement ils "bombaient" le torse devant les médias, tout en s'auto-congratulant. On aura aussi entendu les habituelles âneries de quelques démagogues néo-libéraux qui, si elles n'étaient pas tant relayées, prêteraient à sourire ; ce matin même, l'habituel "moulin à parole genevois vice-président du PLR" Pierre Weiss, pour qui le parti libéral est "le parti de la raison", prouve une nouvelle fois qu'une carrière en tant qu'humoriste de bas étage lui siéra plus que celle d'un représentant d'une démocratie (je dis de bas étage, car il n'est pas sûr que l'humour de M. Weiss fasse beaucoup rire les victimes de plus en plus nombreuses de la soit-disant "raison néo-libérale"...). Quant à dire que l'avocat genevois Lüscher, clone d'un autre avocat du bout du lac à l'intelligence inversement proportionnelle à sa médiatisation, ressortira grandi de cette expérience... De tels propos, dans la bouche de journalistes sensés être compétents, sont tout bonnement incompréhensibles, car je ne vois pas ce qu'une candidature soutenue aujourd'hui essentiellement par l'Union Démocratique du Centre (UDC) prouve d'une quelconque manière la capacité du libéral genevois à relever la tâche d'un conseiller fédéral! Je crois que certains, dans l'hémicycle fédérale comme dans le monde des journalistes, devraient relire la définition de "compétence" dans le dictionnaire! Enfin, la bêtise, politique ou médiatique, ne tue pas...

A côté, Monsieur Urs Schwaler s'est très vite retrouvé englué dans, passez-moi l'expression, sa "germanité". Pourtant représentant d'une minorité au sein de son canton de Fribourg, les médias lui ont vite retiré tout crédit, prétendant que le candidat du Parti Démocrate Chrétien (PDC) serait incapable de représenter le "monde latin" à Berne. Pourtant, qui aurait pu mieux comprendre les problèmes liés au multiculturalisme qu'une personne alliant à la fois la connaissance de ce qu'est "être en minorité" et celle des caractéristiques de la culture suisse-allemande. Débat sans fin qui ne se résoudra pas aujourd'hui, c'est certain!

Bien sûr, selon les points de vue politique, le PDC ne méritait pas ce siège (nombre de sièges au Conseil National insuffisant). Et c'est là que la politique suisse a montré sa principale faiblesse et son manque de courage, en ayant négligé (ou oublié) la personne de Dick Marty. Le radical tessinois avait pourtant tout pour plaire aux vrais progressistes : ses compétences ne sont plus à démontrer, il bénéficie d'une certaine notoriété même au-delà de nos frontières et il connaît les dossiers européens et internationaux ainsi que leurs difficultés, tout en sachant l'importance d'une position forte sur la scène internationale (ce que M. Merz semble avoir ignoré) ; il est membre du PLR (ce qui aurait coupé l'herbe sous les pieds des partisans farouches de la concordance) mais il ose aussi la critique, même envers son propre parti (trop souvent de connivence avec le lobby à œillères qu'est économiesuisse), qualité trop rare en politique mais, à mon sens, indispensable pour travailler de manière efficace dans un collège gouvernemental tel que le Conseil Fédéral ; il est représentant de la minorité italophone.

Une mobilisation plus franche et plus précoce envers Monsieur Marty aurait, peut-être, aux vues du score honorable que le radical a eu ce matin, conduit à une autre issue. Les propos du socialiste Andreas Gross et du vert Luc Recordon n'ont pas été suffisamment écoutés ou n'ont pas suffisamment convaincu. Il n'empêche, la voix de Dick Marty a pu être au moins entendue. Cela pourra-t-il mieux préparer le terrain pour le remplacement prochain de l'envoyé spécial d'économiesuisse en Lybie, M. Merz? Espérons...

Une victoire du conservatisme

Faisons donc quelques constats, après des semaines de gesticulations journalistiques. La campagne que la Suisse a vécu autour de la succession de Pascal Couchepin a bien montré un "changement" : la politique, aidée des médias, fait bonne place aux notions d'origines culturelles (c'est compréhensible dans le contexte fédéral et multiculturel de la Suisse), mais aussi aux postures flamboyantes, au charisme et à la pipolisation, ceci au détriment des idées, de la prise en compte des vrais enjeux politiques du pays et, finalement, du courage nécessaire pour créer un vrai changement. Bien sûr, Didier Burkhalter n'est pas un démagogue. Sa discrétion, et son tempérament qui, me semble-t-il (mais je peux me tromper), sont l'apanage d'un homme réfléchi et intelligent, le rendent certainement compétent dans la tâche qui l'attend. Mais c'est aussi un conservateur, qui, ne l'oublions pas, a voté pour le maintien de Christoph Blocher au Conseil Fédéral.

De plus, le bruit et l'écho politique et médiatique autour de la personne de M. Lüscher, où son simple franc-parler, sa jeunesse et son style ont "suffit" à le rendre crédible en tant que conseiller fédéral, ne sont pas de bonne augure pour une réforme durable de la politique suisse ; la réflexion (scientifique, philosophique) autour de la société et de l'environnement, l'opposition aux jugements à l'emporte-pièce, le courage de la critique de l'idéologie dominante, la prise en compte des plus faibles de la population et la remise en cause de certains lobbys économiques et politiques sont les premiers pas vers une véritable réforme. Il ne faudrait pas que le Conseil Fédéral ne se transforme en simple agence de publicité, où l'aspect et le verbe comptent plus que le contenu.

Cette élection, finalement sans surprise, ne change rien au final. Santésuisse, lobby des assureurs maladie, peut être rassuré ; le successeur de Pascal Couchepin suivra bien, en bon conservateur, les pas de ce dernier. Rien, je le crains, n'est donc à attendre de nouveau de la part du futur conseillé fédéral Burkhalter, surtout au niveau de son département. Bon, soyons bon joueur, l'avenir nous le dira... Et puis, cela aurait pu être pire, si un certain genevois incompétent avait été élu!

Enfin, dernier constat, et ce malgré le candidat final retenu, ces élections ont marqué le rapprochement et la réconciliation entre le PLR et l'UDC. Cela semble aller à l'encontre des propos de certains observateurs qui, il y a peu, parlaient d'une "dépolarisation" du système suisse. Comme l'a dit le président du PDC, Christophe Darbelet, le PLR s'est rapproché de la droite ; du reste, n'en déplaise à M. Weiss, la candidature de Christian Lüscher était bien une candidature-alibi, afin de s'assurer les voix UDC. En outre, n'était-ce pas ce même Weiss qui, tout heureux du succès du PLR, a déclaré à un député agrarien ce matin à la radio que l'UDC devait être contente de voir la droite se renforcer?

Point positif : le PLR ne peut plus se prétendre du centre

Je trouve là l'unique point positif de toute cette affaire, somme toute banale puisque rien de nouveau ne s'est produit : le PLR ne peut honnêtement plus se prétendre un parti du centre! Pendant longtemps - mais particulièrement ces temps-ci, comme à Genève où une campagne électorale vient de commencer - le PLR s'est gaussé de représenter la classe moyenne. La classe moyenne, terme galvaudé à l'instar de celui du développement durable ou encore de la solidarité, et qui a perdu toute signification, toute substance ; jusqu'ici, le PLR semblait réussir à séduire la dite classe moyenne, en l'englobant artificiellement dans des plages de salaires annuels allant de 60'000 à 200'000 francs (amusant, sachant qu'à Genève, le salaire médian est autour des 67'000 francs...). Son copinage avec l'extrême-droite, coutumier à Genève et affiché une nouvelle fois au niveau fédéral, pourra, je l'espère, faire enfin réfléchir les tenants bourgeois de l'aile humaniste du radicalisme. Cela a eu de toute manière le mérite de clarifier la véritable position du Parti Radical-(néo)Libéral suisse : celle d'un parti de droite, ni plus ni moins, loin des réalités du terrain (local et international), mais très proche de l'économie!

Bien à vous

Sandro

mardi 8 septembre 2009

Drôle... mais tellement vrai! Et malheureusement, l'héritage persiste...

Une petite capsule humoristique et satirique pour sourire un peu, malgré la cruelle réalité qui est montrée ici. La crise capitaliste - somme des crises financière, écologique et alimentaire - nous le montre, jour après jour...




Bien à vous, curieux-ses du Net.

Sandro

vendredi 4 septembre 2009

Welcome to Planet Earth



Salutations d'un citoyen du monde!

Sandro

jeudi 3 septembre 2009

WWF : La fonte des glaces arctiques fait monter le niveau des océans deux fois plus vite

Bonjour à toutes et à tous,

Comme je l'ai déjà dit, la lutte pour la défense de l'environnement ne se limite pas au climat. A l'instar de toute bonne argumentation, cette lutte a plus d'une justification, tant géopolitique (économie des ressources non-renouvelables et liens commerciaux avec des dictatures (n'est-ce pas economiesuisse?), guerres) qu'environnementale (biodiversité) et technique (économies d'énergie). Mais le climat reste un point important dictant le fonctionnement de la biosphère. C'est pourquoi je vous transmets le communiqué de presse du WWF du 1er septembre 2009, en marge de la conférence sur le climat organisée à Genève. L'alerte est claire! Notez que, pour en apprécier la portée, ce communiqué doit être pris dans son contexte, c'est-à-dire, notamment, que notre planète subit une baisse de biodiversité sans précédent dans sa longue histoire! Il est temps de se bouger!!!

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Vernier, 01. septembre 2009
La fonte des glaces arctiques fait monter le niveau des océans deux fois plus vite

L’Arctique se réchauffe sensiblement plus vite que le reste de la planète. Cela a des conséquences pour le monde entier: le réchauffement climatique global s’accélère et le niveau des océans augmente fortement. Près d’un quart de la population mondiale pourrait être touchée par des inondations d’ici à 2100, révèle une récente étude du WWF.

Embargo: mercredi 2.9.09, 10h30

C’est un cercle vicieux: la fonte des glaces dans l’Arctique et le réchauffement climatique global s’alimentent mutuellement. A mesure que l’étendue claire de la glace diminue et que la surface foncée des océans et de la terre croît, la quantité d’énergie solaire absorbée augmente. Cela fait monter encore davantage les températures. De plus, de grandes quantités de méthane – gaz à effet de serre – sont ainsi libérées dans cette région polaire, alors qu’elles étaient jusqu’ici emprisonnées dans la glace. Les deux effets conjugués contribuent au réchauffement climatique, lequel accélère à son tour la fonte des glaces arctiques. « Actuellement, l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que la Terre dans son ensemble, ce qui constitue une menace pour la planète entière», explique Patrick Hofstetter, responsable de la politique climatique au WWF Suisse.

La nouvelle étude du WWF «Arctic Climate Feedback : Global Implications» synthétise les données les plus récentes en la matière. Elle montre que les changements se produisent beaucoup plus rapidement que prévu. La fonte des glaces arctiques devrait faire monter le niveau des océans de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle – soit plus du double des prévisions existantes à ce jour. Cela signifie qu’à terme, près d’un quart de la population mondiale est menacée par des inondations.

L’Arctique joue un rôle important dans le système climatique global. Si les glaces arctiques fondent dans les proportions attendues, cela influencera les courants océaniques du monde entier. Les modèles de températures et de précipitations en Europe continentale et en Amérique du Nord changeront également, ce qui posera des problèmes supplémentaires dans les domaines touchant à la faune et à la flore, à l’agriculture et à l’approvisionnement en eau.

«Nous ne pouvons briser cette spirale infernale des dangereuses rétroactions du système climatique qu’en réduisant fortement les émissions de gaz à effet de serre et en réussissant à maintenir le réchauffement global en-dessous de 2°C», précise Patrick Hofstetter. «Pour cela, il faut que les pays industrialisés réduisent d’au moins 40% leurs émissions de CO2 d’ici à 2020 – en Suisse aussi.»

Personne de contact:
Pierrette Rey, responsable communication pour la Suisse romande, WWF Suisse,
tél. portable: 079 662 47 45; e-mail: pierrette.rey@wwf.ch

Embargo: mercredi 2.9.09, 10h30

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Bien sûr, les sceptiques ont réagi. Voici une réplique du Professeure Martine Rebetez ("sceptique climatique, un métier d'avenir..."), lors du Forum des 100, tellement juste et que je vous laisse savourer.

Bien à vous.

Sandro

mercredi 2 septembre 2009

Volkswagen, où quand la publicité est à côté de la plaque!

Peu adepte de la télévision (et encore moins des publicités), je dois admettre ne pas avoir tout de suite réagi à la diffusion sur les chaînes françaises du spot de Volkswagen sur sa nouvelle Passat. Vous savez, celle où l'on voit des écologistes s'acharnant à ne plus émettre de CO2. "Nous ne pouvons pas vivre sans rejeter de CO2, tâchons déjà d'en rejeter un peu moins..."

Du point de vue marketing, elle est très bien faite et va à contre courant des publicités habituelles en terme d'automobile, secteur où le greenwashing est monnaie courante. Elle est efficace! En plus, ce spot est "drôle". Et puis... ce n'est qu'une pub, comme diraient certains.

Bien sûr, une publicité n'est jamais rationnelle. Rien d'étonnant à ce que ce spot, comme plein d'autres, soit plein de non-sens (comme celui d'assimiler le CO2 expiré par l'être humain et celui dégagé par la combustion du carburant ; les cycles sont loin d'être les mêmes). Et passons sur la vision fausse de l'écologiste aux mœurs préhistoriques, tellement ridicule et tellement "clichée" qu'elle en devient juste amusante.

Mais cette pub est à double tranchant. Son message donne indirectement l'impression qu'aucune alternative, au pétrole comme au moteur à explosion (une daube en terme de rendement), n'est possible. Ben voyons... Je vous invite donc à lire une très bonne analyse, agrémentée par la dite vidéo publicitaire (pour rire), sur cette page du site français paperblog.fr. "Passéiste Passat" est un titre qui sonne bien...

En France, le problème du greenwashing est aussi d'ordre politique. En effet, le ministre Borloo avait signé une charte avec les professionnels, lors du Grenelle de l'Environnement, dans le but que le secteur s'autorégule en terme d'éco-blanchiment. Très drôle, ça aussi. On croit encore au sacrosaint "principe néolibéral" de l'autorégulation... On a vu ce que cela a fait dans le secteur financier! Bref, la réponse politique ne s'est pas faite attendre. Cette pub de VW, apparemment inoffensive, cache en fait, selon les Verts, un échec de cette "charte de bonne conduite écologique" :

Publicité auto : l’éco-blanchiment continue

La dernière publicité de Volkswagen sur le thème « on ne peut pas vivre sans rejeter de CO2 », ne manque pas d’humour et il faut bien reconnaître qu’on ne peut s’empêcher de rire en voyant cette caricature d’écologistes qui retourne à la vie préhistorique dans un village malicieusement baptisé Atmos...

« Tâchons d’en rejeter un peu moins » nous dit la publicité qui utilise néanmoins l’argument écologiste pur nous vanter une voiture qui émettrait 119 g de co2 et ne consommerait que 4,5 l aux cent kms.

On est là devant une nouvelle stratégie de communication des constructeurs automobiles et des publicitaires qui les conseillent.

On connaissait l’éco-blanchiment sur le mode « plus c’est gros plus ça passe » avec par exemple le fameux 4X4 de Mitsubishi « conçu au pays du protocole de Kyoto ». Mais justement, ça ne passe plus, et les publicitaires le savent !

Avec la pub Volkswagen on est devant une communication plus subtile : « soyons écolo mais pas trop ! ». C’est la version écolo-réaliste de l’éco-blanchiment. « Faire plus ce serait revenir à l’âge de pierre. »

On peut objecter que les constructeurs peuvent faire beaucoup mieux que le modèle proposé ici. On a déjà des voitures émettant moins de 100 g de C02 et les ingénieurs sont capables de concevoir des autos qui produisent moins de 80 g de CO2 au kilomètre.

Par ailleurs dans d’autres publicités, Volkswagen nous vante sans complexe des « 4X4 pour les accros de la ville » présentés dans le cadre ultra-vert de la forêt amazonienne ou des GTI surpuissantes qui ne s’embarrassent d’aucune prétention écologique.

En réalité, à quelques semaines du Sommet de Copenhague, les constructeurs automobiles, dans leur communication comme dans leur stratégie de développement, restent toujours aussi hermétiques aux enjeux du climat. Copenhague sera l’occasion de rappeler que le secteur automobile doit se reconvertir de façon profonde car il est condamné sous sa forme actuelle.

Quand à la publicité, les associations avaient demandé lors du Grenelle qu’elle soit mieux encadrée et devienne écologiquement responsable. On voit que la charte signée par J Louis Borloo avec les professionnels qui leur laisse le soin de s’autoréguler, n’a pas permis à ce jour d’arriver au moindre résultat !

Djamila Sonzogni, Jean louis Roumégas, Porte-paroles nationaux des Verts

Un message politique... mais assez pertinent, notamment en ce qui concerne la stratégie commerciale prise par VW. Sous un vernis vert, le secteur automobile tente de cacher que la technologie même du moteur à explosion est obsolète. Le process industriel de l'automobile est en train de s'effondrer, et il doit être changé. Ce que ne veulent surtout pas les industriels, trop attachés à leur équilibre économique et aux groupes pétroliers.

Clairement, le secteur automobile nous prend pour des idiots. Le CO2 n'est pas une fatalité, comme cette pub semble le dire ; elle résulte juste du maintien d'un process industriel qui est (encore?) rentable pour le secteur, mais qui est totalement "à côté de la plaque" par rapport aux enjeux écologiques, géopolitiques et sociaux de ce 21ème siècle. Le spot de VW est donc bien passéiste. En aurait-il pu être autrement, pour une publicité prônant la voiture?

Paradoxalement, cette publicité est aussi plus honnête par rapport à la véritable intention du marché automobile : le status-quo. Gageons que le consom'acteur, qui réfléchit un peu plus loin que son horizon personnel, ne se fera pas avoir. Un signe aussi d'une certaine peur des conservateurs, qui ne trouveraient plus leur salut que dans le dénigrement et la bêtise intellectuelle, fussent-ils drôle.

Car en effet, c'est bien une pub très drôle, à plus d'un titre...

Sandro