dimanche 19 avril 2009

Biodiversité, une grande énigme, une source inépuisable d'émerveillement.

La biodiversité

Lorsque l'on explore, physiquement ou par livres interposés, notre planète et ses espaces naturelles, on est frappé et sidéré par la variété apparemment infinie des formes, la complexité des interactions biologiques et les trésors "d'inventivité" que la Nature a mis en place, à travers des millions d'années d'histoire. Ces trésors se retrouvent dans l'extraordinaire panel d'espèces vivantes et d'habitats à travers le monde. Du point de vue scientifique, cette diversité du vivant, tant dans les espèces que dans les gènes, combinée avec les diverses interactions avec le milieux (écosystèmes) forment ce que l'on appelle la biodiversité. Cette biodiversité représente la base sans laquelle la biosphère ne saurait subsister. En d'autre terme, la biodiversité représente, en quelque sorte, une "garantie de survie" pour tous les êtres vivants de la planète, Homo sapiens sapiens compris!

Les océans, poumons de la planète, où des formes de vie symbiotiques et microscopiques bâtissent des récifs


Quelques régions de notre belle planète sont de véritables "monuments" en terme de biodiversité. Citons l'une des plus célèbres, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, la Grande Barrière de corail, au large de l'Australie, seule construction biologique visible de l'espace (photo ci-dessus : image satellite d'une partie de la grande barrière de corail (NASA), http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:GreatBarrierReef-EO.JPG). Ici, un petit animal, le polype corallien, en symbiose avec une algue appelée zooxanthelle, a édifié de véritables montagnes calcaires sous-marines. Celles-ci sont de vrais refuges pour la faune marine, le grand large étant, en quelque sorte, l'équivalent des déserts terrestres : près de 1'500 espèces de poissons et de crustacés y ont en effet élu domicile. Les associations symbiotiques sont l'un des aspects "magiques" et étonnants de la biodiversité, souvent rencontrer dans la Nature (nous-même vivons en symbiose avec une foule d'organismes, comme notre flore et faune intestinale). Sans ce type de relation, celle qui relie l'algue et le polype, ce dernier ne pourrait pas former son squelette calcaire, et ainsi ne pourrait pas édifier de récif.

Les régions tropicales d'Amérique du Sud

Sur la terre ferme, l'exemple le plus frappant de biodiversité, l'un des premiers qui nous vient à l'esprit, est sans doute celui de l'Amazonie et des régions avoisinantes (les Llanos du bassin de l'Orénoque, notamment). Les forêts tropicales humides regroupent la grande majorité des espèces vivantes sur Terre. Rien qu'au niveau des arbres, si une forêt tempérée ne compte qu'une dizaine d'espèces par hectare, une forêt tropicale comme celle de l'Amazonie peuvent dénombrer plus de 300 espèces sur la même surface! Du reste, par la très forte biodiversité et l'intense productivité biologique de la canopée de ses forêts, elles constituent un précieux réservoir de molécules prometteuses pour la recherche médicale.

Un des témoins de cette prodigieuse biodiversité sud-américaine est la Mata Atlantica, la forêt atlantique des côtés sud-est brésiliennes, dénommée Réserve Mondiale de Biosphère. Elle consiste en une alternance de divers types de forêts, de la forêt humide primaire jusqu'aux mangroves. Cette forêt est, entre autre, le paradis des colibris, oiseaux miniatures habitant essentiellement l'Amérique du Sud, maîtres incontestés du vol stationnaire et merveilles "d'ingénierie" naturelle (photo ci-dessous : Colibri thalassinus, M. McNally, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:GreenVioletear.jpg).


Le rythme de vie de ces petits êtres (Mellisuga helenae de Cuba ne pèse que 2 grammes) et leur métabolisme très rapide (de 80 à près de 200 battements d'ailes à la seconde, plus d'un millier de battements de cœur à la minute) implique qu'ils se nourrissent fréquemment et en grande quantité ; le nectar de fleur est, à ce titre, un met intéressant. L'évolution de ses oiseaux s'est ainsi faite en parallèle de celle des plantes à fleurs, celles-ci ayant développé des formes susceptibles d'attirer telle ou telle espèce d'oiseau-mouche.

De la Rift Valley au bassin de l'Okavango, les richesses vivantes de l'Afrique

A lui seul, le continent africain représente, dans la conscience collective, le temple de la vie sauvage par excellence. Berceau de l'humanité, c'est aussi la région du monde où subsistent encore quelques-uns des plus célèbres ambassadeurs de la biodiversité menacée, comme l'éléphant, le rhinocéros noir, le guépard, le lion ou le gorille des montagnes.

On y trouve aussi de merveilleux exemples d'évolutions écologiques, liés à certains bouleversements géologiques. Le plus connu est l'île de Madagascar. La faune et la flore de l'île, originaire d'Afrique, se sont peu à peu diversifiées depuis la séparation de "l'île rouge" du continent africain, il y a plusieurs centaines de millions d'années. Les résultats de cette isolation sont des plus spectaculaires, et se traduisent par une caractéristique importante dans la compréhension de la biodiversité : l'endémisme. Par exemple, c'est l'endroit où l'on peut encore trouver les derniers représentants de primates "primitifs" que sont les lémuriens ; ceux-ci, sous l'effet de la compétition avec les singes, ont complètement disparu ailleurs, notamment en Afrique. Près d'un tiers des 300 espèces d'oiseaux que compte Madagascar ne se trouve que là-bas. Et que dire du caméléon, grand mangeur d'insectes (et alliés voraces et efficaces pour les agriculteurs), dont près de 75% des espèces mondiales ne se trouvent qu'à Madagascar! Enfin, 80% des 12'000 espèces de plantes malgaches sont endémiques, sans oublier que l'île recelle plus de 900 espèces de plantes médicinales. Ci-dessous : Lemur catta - parc de l'Isalo, Madagascar - Bernard Gagnon (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Lemur_Catta02.jpg).



Comme autre fleuron de la biodiversité mondiale en Afrique, citons encore le delta intérieur de l'Okavango, cette gigantesque zone marécageuse, relativement peu connue du grand public, où, après une longue course, faite d'une succession de méandres caractéristiques des cours d'eau à faible pendage, l'eau se perd dans une oasis de vie végétale et animale de toute beauté : tous les représentants de la faune africaine - des lions jusqu'aux hippopotames, en passant par les éléphants et les hyènes - peuvent y être observés.

Asie, Océanie : biodiversité de l'étrange

Comment ne pas parler, dans ce très bref tour d'horizon de la biodiversité mondiale, des trésors cachés en Asie et en Océanie. L'Asie, tout d'abord ; savez-vous que les derniers lions asiatiques vivent en Inde, patrie des tigres et d'une foule d'autres animaux, dont la diversité n'a rien à envier à celle des savanes africaines, plus connue? Comment ne pas parler aussi du seul grand singe d'Asie, l'orang-outan (qui signifie "homme de la forêt" en indonésien, sauf erreur...), proche parent évolutif de l'être humain, dont l'habitat se réduit comme une peau de chagrin. Et comment ne pas mentionner les bizarreries de l'évolution, comme les trésors de mimétismes de la faune entomologique indonésienne. Enfin, comment ignorer ces mystérieuses contrées préservées, sur terre ou dans les mers (comme ce lac d'eau de mer, isolé de l'océan, où nagent des myriades de méduses), dont les îles de Palau, considérées comme un "point chaud de biodiversité", regorgent (photo : http://www.notre-planete.info/photos/photo.php?id=424&pos=224&rep=cartes&rub=phenomene) :


Enfin, comment ne pas conclure sans citer l'existence de ces espèces de mammifères archaïques vivant en Océanie, dont les faunes australiennes, de Nouvelle-Guinée et de Nouvelle-Zélande en sont les typiques représentants : mammifères marsupiaux (mammifères "à poche"), ordre des monotrèmes (échidné, ornithorynque) (mammifères qui pondent des œufs). A cet égard, la biodiversité australienne n'est pas avare en reliques du passé du vivant ; outre ses gisements de fossiles très anciens, la terre des Kangourous peut s'enorgueillir de posséder l'unique lieu au monde (avec une région isolée du Mexique) où vivent des stromatolites, colonies d'algues bleues marines formant de petites structures minérales en forme de champignons, héritières d'une lignée vieille de 3 milliards d'années (pour comparaison, l'espèce humaine, d'une manière générale, est vieille de "seulement" quelques millions d'années).

Genève et ses cours d'eau : un relais indispensable et une richesse naturelle insoupçonnée

Et chez nous?

Genève, par le réseau hydrographique qui l'occupe (le Rhône, l'Arve, le lac Léman, etc.) a une importance, du point de vue écologique, plus grande que l'on pourrait s'imaginer de la part d'une telle zone urbanisée. La rade de Genève, ainsi que les berges du Rhône sont ainsi classées par la convention internationale de Ramsar sur les milieux humides ; ces sites sont d'importance nationale et internationale, car ils constituent un important point de ralliement de nombreuses espèces d'oiseaux d'eau. La castor habite dans notre canton (par exemple au Moulin de Vert à Cartigny), tout comme le chevreuil (Teppes de Verbois) et le cerf (région de Versoix). A Meyrin, la réserve des Marais de Mategnin (Marais des Crets et Marais des Fontaines), malgré sa "relative" petite taille, est une "oasis" de biodiversité en milieu urbain. Pro-Natura Genève, l'association gérant le site, a recensé 136 espèces végétales (dont 13 inscrites sur la liste rouge des espèces menacées), 80 espèces d'araignées, 13 espèces d'orthoptères (dont le Conocéphale des roseaux - Conocephalus dorsalis - encore jamais observé à Genève), 20 espèces de libellules, mais aussi 7 espèces d'amphibiens. Quant aux espèces d'oiseaux nicheurs, les Marais de Mategnin en abritent près de 66 (selon Atlas des oiseaux nicheurs du Canton de Genève ; Bernard Lugrin, Alain Barbalat, Patrick Albrecht, Editions Nicolas Junod 2003).

La biodiversité, une réalité à transmettre et à expliquer

Il serait difficile, même de nos jours, de dresser un inventaire exhaustif de l'ensemble de la biodiversité mondiale. Mais une chose est certaine : elle régresse. Et si les changements climatiques, naturels ou non, portent une part de la responsabilité dans cette diminution, l'espèce humaine, par inconscience ou par ignorance, en est véritablement le grand maître d'œuvre. Que ce soit au niveau des espèces endémiques (très précieuses, très rares par définition mais plus sensibles que d'autres, de part leur extrême adaptation au milieu) ou à celui des espèces "clé de voûte" (espèces indispensables, de part leur impact, au bon fonctionnement d'un écosystème : le loup, la loutre de mer ou encore le figuier des zones tropicales), des pans entiers de Nature sont menacés d'éradication définitive ou ont déjà disparu! Plusieurs exemples, là aussi non exhaustifs : depuis le début de l'ère coloniale, la Mata Atlantica a perdu presque la totalité de sa surface originelle, pour n'atteindre que 8% de son état initial ; par la réduction de leur espace vital et leur maintien dans des zones confinées trop petites, la situation des grands félins d'Afrique est préoccupante, la population de guépards étant par exemple passée de 100'000 espèces à travers le monde au début du 20ème siècle à quelques milliers cent ans plus tard (dont 300 rien qu'au Serengeti, en Tanzanie) ; le braconnage intensif a entraîné la quasi éradication du rhinocéros noir, dont la population a été divisée par 10'000 (!) en près d'un siècle! Selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), près de 18'000 espèces vivantes sont menacées, mais 5'000 espèces animales et 34'000 espèces végétales sont, à plus ou moins long terme, menacées d'extinction. La problématique s'intensifie encore d'avantage, lorsque l'on sait que, jusqu'ici, les recherches de l'UICN n'ont porté que sur un total d'environ 41'000 espèces (2008), soit environ 0.2 % du vivant. Cela a de quoi laisser songeur!

Par leur livre au titre évocateur - La Sixième Extinction, Éditions Champs-Flammarion - Richard Leakey, célèbre paléoanthropologue kenyan, et Roger Lewin, biologiste et spécialiste de l'écologie de l'évolution, essaient, parmi tant d'autres, de susciter une prise de conscience par rapport à notre responsabilité vis-à-vis de cette catastrophe écologique. D'autres, des scientifiques travaillant sur le terrain et, bien souvent, dans l'anonymat et avec un manque de moyen scandaleux (propre à la recherche scientifique "sans but lucratif direct", malheureusement), tentent de comprendre, jour après jour, l'ensemble des mécanismes naturels que constitue la biodiversité, afin notamment de saisir les véritables enjeux pour l'humanité nécessitant sa sauvegarde.

En conclusion, une constante subsiste concernant les multiples problèmes liés à la protection de la biodiversité : le manque de connaissances. Il est, dès lors et plus que jamais, nécessaire de transmettre à tous la moindre information au sujet des richesses naturelles, ici comme ailleurs. Histoire de dissiper, autant que possible, l'aura de flou qui entoure le terme de biodiversité. A mon très humble niveau, je profiterai ainsi de ce blog pour vous communiquer le plus possible de données, sur l'état de la Nature, que ce soit à l'autre bout du monde comme chez moi, à Genève, région plus riche et plus précieuse que ses habitants ne le pensent. Par l'information et, je l'espère aussi, par l'émerveillement que la Nature peut susciter en nous, il est peut-être encore temps de faire quelque chose. Car, tout comme il est plus facile de laisser dépérir des populations lointaines que l'on ne connaît pas, si nous comprenons enfin ce que signifie une "nature préservée", il sera probablement beaucoup plus compliqué de continuer ou de laisser faire, dans la plus pure impunité, les rythmes de destructions écologiques actuels qui ravage l'aboutissement de plus de 3,5 milliards d'années d'évolution!

La biodiversité, si elle reste encore une énigme, n'en apparaît pas moins comme une pièce maîtresse au bon fonctionnement du monde, un merveilleux ensemble d'écosystèmes, de créatures, de couleurs variées et de relations biologiques! Une incroyable source de joie et de sérénité pour qui sait au moins en apprécier toute la complexité, tout le spectacle! Et une part de notre planète qui la rend tout simplement vivable pour nous!

Sandro

Néolibéralisme : le chant du cygne?

Bonjour à tous,

L'actualité politique suisse de ce weekend est venue, une fois de plus, me donner une occasion de constater à quel point les certitudes politiques permettent, pour certains politiciens, de passer comme chat sur braise sur les problèmes que leur idéologie dominante ont entrainé ces dernières décennies. Ceci à l'aide de commentaires parfois douteux, voire malhonnête.

Ce dimanche soir, sur l'émission Forum de la Radio Suisse Romande, un débat opposait deux hommes politiques de droite, le conseiller national radical Otto Ineichen et le vice-président du PLR Pierre Weiss. Ce débat reposait sur la nouvelle suivante : l'UBS, banque en crise, retire son aide financière des partis politiques. Cela fait bien sûr plusieurs années que le financement, souvent occulte, de certains partis soit sujet à débat en Suisse. Personne n'ignore, néanmoins, vers où allait la "sympathie financière" des généreux donateurs qu'étaient les assureurs, les grosses entreprises multinationales et, jusqu'ici, les banques telles que l'UBS... M. Ospel n'était-il pas un proche de M. Blocher, fer de lance de l'ultra-droite suisse? La crise actuelle, et les multiples remous qui font trembler le soi-disant "inébranlable capitalisme" effréné, force enfin ce microcosme politique à plus de transparence. On commence à parler plus librement de ce financement, et de la problématique liée aux relations entre certains partis et les banques comme l'UBS, au fonctionnement plus que douteux. Et des voix, parmi ces partis, se font entendre.

http://real.xobix.ch/ramgen/rsr/rsr1/forums/2009/forum20090419-180000-56k-001.rm?start=00:51:34.994&end=00:57:52.323

Mais voilà, tous n'ont pas cette honnêteté et ce courage, chez ces gens-là. Certains, à l'image du genevois Pierre Weiss, se cache derrière un rideau de mauvaise foi. Mais ici, cette mauvaise foi est éclatante et presque ridicule. Sans doute que, à l'image du vice-président du PLR, les tenants les plus acharnés du dogme néolibéral sont devenus tellement apeurés, en voyant l'édifice boiteux qu'ils ont construit proche de la rupture, qu'ils en perdent leur aptitude à tromper les gens. A la bonne heure. Pourvu que l'électorat s'en rende enfin compte!!!

Constatez par vous même! M. Weiss, dans toute sa "profonde sagesse", met en parallèle le budget du PLR avec celui du WWF (sic), qu'il qualifie de "10x" supérieur à celui de son parti... M. Weiss devrait vraiment réfléchir avant d'émettre pareille comparaison. D'abord, le WWF n'est pas un parti mais une ONG qui participe notamment à certaines campagnes (initiatives, référendum) pour la défense de l'environnement. Dès lors, si M. Weiss veut comparer le budget de son parti, qu'il le fasse avec un autre! Ensuite, si tant est que le WWF soit un donateur financier actif du monde politique suisse, il serait intéressant de comparer la hauteur des dons ; le parti de M. Weiss s'est toujours opposé à plus de transparence dans les dons politiques et leurs provenances. Enfin, si l'on compare les donateurs potentiels entre-eux, l'argumentation de M. Weiss devient tout simplement absurde. En terme de budget, les syndicats, les ONG et les associations de défense de l'environnement, même réunis, n'arrivent tout simplement pas à la cheville des assureurs et des banques - des nids à politiciens - dont les profits sont colossaux. Je ne savais pas que les bénéfices engrangés par UNIA se chiffraient en milliards, M. Weiss... Mais le plus piquant, c'est que, derrière son argumentation bancale, le libéral genevois essaie de mettre sur un pied d'égalité tous les donateurs importants des partis politiques suisses. C'est de la supercherie et une tentative désespérée de sauver une idéologie politique moribonde. En effet, ni le WWF, ni Pro Natura, ni UNIA, ni aucune autre ONG ou association n'est à l'origine de la crise mondiale - financière, alimentaire et écologique - que nous vivons. Du point de vue financier, ce sont bien les banques, leurs alliés et cette frénésie pathologique à la spéculation si chère aux néolibéraux, qui nous ont amené dans cette pagaille. Ici, M. Weiss prouve une nouvelle fois que, en Suisse comme ailleurs, idéologie dominante rime trop souvent avec dogmatisme mensonger.

Je ne suis pas un expert politique, loin s'en faut, mais j'ai bon espoir que la population, lasse d'être sans cesse celle "qui paye les pots cassés" par les tout-puissants de ce monde, prenne enfin son courage à deux mains et ose le pas de la remise en question générale. Celle-ci, en premier lieu, passera d'abord par un bon coup de balais des néolibéraux de la trempe de M. Weiss, pour passer vers une vision plus humaniste, intelligente et responsable de l'économie, de la politique et de la société.

Néolibéralisme, le chant du cygne? A entendre la médiocrité de l'argumentation de ses plus fervents défenseurs, je le crois bien...

Sandro

mardi 14 avril 2009

Des algues, du fer et des Hommes.

Il était une fois, il y a très longtemps de cela, une planète monotone, désertique. Des continents brulés par le soleil émergeaient de vastes océans apparemment stériles. A la surface de ses terres, seul régnait le silence, parfois interrompu par le vent, les orages ou les explosions des volcans. Sinon, il n'y avait rien, rien du tout. Un monde minéral.

A cette époque, il y a plus de deux milliards d'années, notre Terre devait ressembler à cela : un monde de silence, morne, sans vie. Sans vie? Pas exactement. Cela faisait probablement déjà plus d'un milliard d'année qu'elle existait, cachée dans les océans. Ces débuts étaient peut-être timides, il est vrai. Rien de plus que des microbes. Mais une révolution, un "miracle", était en train de se produire dans cet univers monotone séparé de nous par plus de deux milliards de rotations de la Terre autour de son Soleil. Une bactérie, particulière, venait d'apparaître au hasard de l'évolution et des mutations génétiques : une algue. Qu'avait-elle de si particulier, cette bactérie? Et bien, à l'instar des plantes dont elle représente leur ancêtre, cette algue avait la capacité prodigieuse de produire elle-même sa nourriture, grâce à la photosynthèse, cette réaction chimique permettant de transformer la lumière du soleil en sucres... Bon! Tant mieux pour elle, penseriez-vous? Pas besoin d'aller engloutir la première bestiole à porter de bouche pour survivre, il suffit de se dorer la pilule au soleil pour avoir à manger!

Bien sûr! Mais ce serait oublier que cette algue, non contente d'avoir développer un système automatique de création de nourriture embarqué, rejetait en retour... de l'oxygène. Ah! Voilà qui est intéressant! Pour la première fois dans l'histoire de la Terre, des êtres vivants allaient modifier profondément la composition de l'atmosphère terrestre, jusqu'ici réglée par les émissions des innombrables éruptions volcaniques. Cette modification allait entraîner, beaucoup plus tard, le développement de la Vie, d'abord dans les mers, puis sur la terre ferme ; les végétaux allaient rendre l'atmosphère terrestre respirable. En tout cas, c'est ce à quoi nous pensons de prime abord. Mais cette histoire que je vous conte ici possède également une face plus méconnue, mais tout aussi magique!

Revenons à notre algue, dégageant de l'oxygène dans l'océan tout en se repentant, la gourmande, des sucres qu'elle a synthétisé en captant les rayons de l'astre du jour. Mais cette océan primordial contenait notamment une grande quantité de fer dissout (lors de la formation de notre planète, il y a 4,5 milliards d'années, d'énormes quantités de fer ont plongé au cœur de la Terre en fusion, mais une partie, restée en surface, s'est retrouvée ensuite mélangée à l'eau lors de la formation des océans). Et devinez ce qui se produit lorsque du fer se retrouve en contact avec de l'oxygène? Il rouille! Le fer dissout s'est oxydé, colorant de rouge tous les littoraux des océans de cette époque ; lentement, tout cet oxyde s'est déposé sur les fonds marins.

Mais qu'est-ce que cette "rouille" peut-elle avoir de "magique" à nos yeux (l'auteur de ce blog aurait-il trop fumé des descendants végétaux de cette algue primitive contenant des substances hallucinogènes)? Voici ce qu'est devenue cette "rouille", deux milliards d'années plus tard :


Cette pierre a été trouvé en Australie, à Hamersley, dans un type de formation que les géologues appellent banded iron formation ou BIF. On y voit une succession de couches claires et foncées, de moins d'un millimètre, chacune correspondant à une saison (hiver, été) de l'année. En été, le rayonnement solaire étant plus intense, les algues ont émis plus d'oxygène, oxydant plus de fer, alors qu'en hiver, cette oxydation était moins importante. Ce morceau de roche représente donc, à l'instar des cercles de croissance d'un tronc d'arbre, un "instant" d'Histoire de notre planète : à Hamersley, un mètre de cette formation (de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur) équivaut à 7000 ans de cette Histoire! Mais au-delà de cette "fenêtre" sur un passé lointain de la Terre, cette formation rocheuse n'est en fait rien d'autre qu'un gisement de fer exploitable.

Et notre race humaine s'est développée grâce au fer. La maîtrise des techniques permettant la conception d'outils et de pièces en fer a représenté un bond très important dans l'évolution d'Homo sapiens. Des pointes de flèche de certaines tribus premières jusqu'aux alliages ultramodernes employés dans les secteurs de la médecine ou de l'aérospatial, le fer tient un rôle prépondérant. Mais rien de tout cela n'aurait été possible si, deux milliards d'années auparavant, des algues primitives et microscopiques n'avaient pas oxydé ce fer dissout dans les océans, le transformant ainsi sous une forme exploitable ultérieurement, tout le fer restant étant concentré au cœur de la Terre, irrémédiablement inaccessible! En effet, dans le monde, les gisements principaux de fer correspondent à d'anciens fonds marins, fonds sur lesquels le fer oxydé s'est déposé suite à l'action des premières formes de vie végétales.

Il est donc merveilleux, et quelque part émouvant, de constater à quel point nous et nos civilisations sommes reliés, à plus d'un titre, à notre environnement et à son histoire. N'est-il pas "magique" le fait qu'un aussi petit organisme telle qu'une algue unicellulaire, à l'aube des temps, ait pu avoir autant d'impact sur l'avenir d'une planète entière : modifier durablement son atmosphère, favoriser l'apparition du vivant tel que nous le connaissons, modeler nos propres civilisations! La conclusion de cette histoire, écrite par la Vie et adressée à l'attention de la race humaine, est que, aussi bien à petite qu'à grande échelle, aussi bien dans l'espace que dans le temps, notre espèce est tributaire des autres formes vivantes peuplant la Terre. Notre destin n'est et n'a jamais été dissociable de celle de l'ensemble de la biosphère. Une leçon d'humilité et une invitation à l'émerveillement que cette histoire d'une algue unicellulaire minuscule! Une ode à la complexité de l'Histoire du vivant... et du vivant lui-même.

Et l'algue vécut heureuse et eut des milliards et des milliards d'enfants...

Sandro

lundi 6 avril 2009

Earth Hour 2009 : le bilan viendra à la fin de l'année.

Bonjour à tous, curieux-ses du Net,

Le 28 mars dernier, près de 4000 villes, dans 88 pays, ont participé à l'opération du WWF, Earth Hour. Voici un petit tour d'horizon :



Rappelons que le but n'était pas d'économiser une heure d'énergie électrique. Il s'agissait d'un vote, à l'échelle planétaire. Un vote pour la prise de conscience des enjeux énergétiques et environnementaux, afin que les délégations internationales, qui se rendront à la conférence de Copenhague à la fin de l'année, soient "forcées" de faire du bon travail. L'après-Kyoto se doit d'être décisif, car il n'est plus question de tergiverser. Passons donc à l'action, messieurs les politiques!

Un premier bilan a été tiré par le WWF suite à la campagne d'action du 28 mars. La section belge avance que près de 500'000 habitants du plat pays auraient participé. En France, l'action a entraîné une baisse de la consommation nationale de 1%, soit la consommation journalière de la ville de Lyon. Et à Genève, la ville, comme les communes de Lancy et de Vernier, ont tenu à marquer le coup, même timidement. Mais personnellement, je n'ai pas remarqué grand chose de la part des particuliers. C'est bien dommage! En cause, certainement, un relais médiatique tardif et trop discret. Bilan apparemment bon d'un côté, plus confidentiel de l'autre...

Mais, au fond, peu importe ce bilan observé pour le 28 mars, qu'il soit optimiste ou pessimiste. Le vrai bilan ne pourra être tiré qu'après la conférence de Copenhague. C'est à ce moment-là que l'action Earth Hour 2009, ensemble avec toutes les autres actions, mouvements et protestations pour la défense de l'environnement à travers le monde, pourra être évaluée. Mais ne soyons pas naïfs ; le secteur de l'énergie est porteur de richesses extraordinaires. C'est la raison centrale qui explique que les énergies renouvelables ne sont pas plus plébiscitées par les gouvernements, dont plusieurs membres ont des intérêts à défendre ou sont (ou ont été) actifs au sein des conseils d'administration des distributeurs d'électricité ; la décentralisation des moyens de production est un vrai cauchemar pour le lobby énergétique, qui verrait ainsi une manne financière énorme lui échapper. Ce constat posé, il n'est pas insensé de nourrir quelque inquiétude quant aux résultats de la conférence de décembre. Certes, mes proches me connaissent comme étant un grand pessimiste. Pourvu qu'ils aient raison sur ce coup-là!

Quoi qu'il en soit, il appartiendra à la population mondiale d'être vigilante face au vrai bilan de Earth Hour : le bilan de la Conférence de Copenhague! Est-ce que les puissants de ce monde vont enfin écouter la voix des plus petits, ou vont-ils continuer à privilégier les intérêts d'une minorité égoïste? Vont-ils enfin relire leurs livres de mathématiques, et comprendre qu'une croissance énergétique et une exploitation infinies de la Nature est une bêtise lorsque l'on n'a qu'une quantité finie de ressources? Vont-ils continuer dans l'inaction, alors qu'il est grand temps d'agir, les crises énergétique, climatique, écologique et alimentaire ayant déjà débuté? Vont-ils enfin se réveiller? A nous d'ouvrir l'œil. Faisons que le bilan de Earth Hour, comme celui, entre autres, du Forum Social, soit plus que positif!

Rendez-vous, pour le climat, en décembre 2009. Et pour Earth Hour en mars 2010!

A bientôt!

Sandro

jeudi 2 avril 2009

La presse de caniveau dans toute sa splendeur!

Bonjour à tous,

Voici mon premier coup de gueule...

C'est presque devenu une tradition le 1er avril ; tous les médias rivalisent entre eux pour trouver le plus beau poisson d'avril. Le plus souvent, c'est assez drôle et assez "gros". Parfois, c'est peut-être de mauvais goût. Mais cette année, dans le paysage médiatique genevois, je crois que le "fond" de la stupidité a été atteint.

Tous les Genevois connaissent le "journal le plus lu à Genève". Pour les autres, sachez que ce journal gratuit est plus ou moins imposé à tous les habitants du canton, par le biais d'une distribution "automatique" dans leur boîte aux lettres. Disons le tout de suite : son contenu ne brille d'habitude pas par sa profondeur journalistique et ses articles d'investigation. On y trouve beaucoup plus de satires, souvent imbibées de mauvaise foi, d'articles de promotion du populisme local et, surtout, de publicité que d'articles de fond vraiment pertinents. Mais là, ce journal va beaucoup trop loin. Voici un aperçu, paru dans la Tribune de Genève :

http://www.tdg.ch/...

En bref, le journal de bas étage a mis à la une de son édition de cette semaine "l'information" que le département des finances allait redistribuer 1000.- à chaque habitant du canton. Et malgré la date, beaucoup de personnes ont mordu à l'hameçon. Résultat : de nombreux habitants ont pris d'assault les services des impôts, surchargeant ceux-ci de manière considérable. Au-delà du fait que l'administration, qui n'a pas été prévenue de cette blague, avait mieux à faire, le problème grave ne se trouve pas là.

Ce journal gratuit a montré une nouvelle fois qu'il est vraiment dirigé par des gens sans aucune intelligence professionnelle!!! D'abord, même si cette "information" paraît invraisemblable, des journalistes avec un minimum de culture auraient été au moins au courant qu'une telle idée a déjà été mentionnée par certains pays, dont les Etats-Unis. Mais surtout, si l'on peut rire de beaucoup de choses, la misère des autres, par exemple, me paraît faire exception à cette règle. Peut-être (sans doute) que cela a échappé à la rédaction, étant donné l'idéologie dogmatique qui transpire dans presque chaque page de leur torchon, mais nous sommes en crise. Des gens perdent leur emploi. Les perspectives d'avenir de toute une frange de la population s'assombrissent, conséquence d'un néolibéralisme débridé. Apparemment, monsieur le rédacteur en chef ignore superbement qu'il y a de plus en plus de gens qui peinent à payer leurs factures chaque fin de mois! Leur faire miroiter, d'une manière aussi maladroite, une telle promesse, pas si invraisemblable que cela si l'on suit l'actualité internationale, est tout simplement inacceptable.

Ce fait divers prouve que cette feuille de chou, fenêtre de promotion conservatrice et populiste, ne résiste pas à la tentation lorsqu'il s'agit d'égratigner l'Etat (qu'il le mérite ou non), quitte à mettre l'éthique journalistique de côté. En admettant que les journalistes de ce "journal" en aient jamais eu... Après avoir promu le retour de la cigarette dans les lieux publics, après avoir dénigrer sans objectivité certains projets de développement de la mobilité alternative et après s'être transformé en vitrine gratuite pour le populisme le plus lourd que le Canton de Genève n'ait jamais connu, ce torchon, imposé au peuple genevois, bât une nouvelle fois tous les records de bêtises journalistiques. J'espère que les Genevois s'aperçoivent enfin que ce papier ne sert que des intérêts économiques et politiques, et n'est en aucun cas un média indépendant digne de confiance. Que ce mépris, si ouvertement affiché, sur les réalités du monde actuel, sonne enfin le glas de ce qui représente à mes yeux qu'un énorme gaspillage de papier!

Désolé pour ses propos durs, mais c'était la goutte qui a fait déborder le vase.

A bientôt!

Sandro