jeudi 18 juin 2009

La remise en question de notre société, bientôt un délit?

A Genève, le gouvernement cantonal a introduit les mesures d'éloignement, donnant le droit à la police d'éloigner une personne si elle-même ou le rassemblement auquel elle participe «importune sérieusement» des tiers ou empêche sans motifs l'«usage normal du domaine public» (ATS, 27.05.2009). A Genève encore, les syndicats sont privés de manifestation devant le magasin Manor par le conseiller administratif Pierre Maudet ; la défense des droits syndicaux, violés sans vergogne par l'enseigne, n'est visiblement pas le souci premier de ce politicien radical. En Suisse, les Radicaux avaient lancé leur initiative pour la réduction du droit de recours des associations écologistes, heureusement nettement refusée par le peuple.

Ces exemples sont, à mon sens, la manifestation d'une volonté claire de "censure" de la part du monde politique : la censure d'une remise en cause de notre société et de ses dérives. Les crises actuelles ont stimulé la volonté de changement auprès de la population, mais les exemples sont nombreux où les tenants du néolibéralisme s'acharnent pour discréditer tout ce qui viendrait déranger leurs affaires obscures.

Cet acharnement trouve son apogée en France, où un projet de loi, concocté par l'équipe de Sarkozy, semble être en préparation ; il viserait clairement à criminaliser toutes manifestations écologistes. Voyez plutôt :

Comment faire taire les militants (article tiré du site politis)

La ministre de l'Intérieur, sur suggestion de l'Élysée et de quelques parlementaires, prépare en secret un arrêté fondé sur un projet de loi signé du Premier ministre et du ministre de la Défense, prêt depuis le mois d'octobre 2008. Il s'agit de la loi 1216 de programmation militaire pour 2009-2014 : un texte plutôt banal s'il ne prévoyait, dans son article 5, de réorganiser et de redéfinir tout ce qui touche à la sécurité intérieure. Ce qui, une fois la loi votée, autorisera la publication d'un ou plusieurs décrets permettant de poursuivre notamment les militants écologistes et associatifs lorsque, par leurs actions, écrits ou propos, ils mettront en cause« les intérêts de l'État ». Dans ces « intérêts » seraient notamment inclus ce qui concerne les centrales, les transports nucléaires et le stockage des déchets, mais aussi ce qui touche aux installations industrielles et aux stockages classés « Seveso », qu'il s'agisse d'usines manipulant des substances dangereuses ou d'aires abritant des cuves de produits chimiques. Ce texte aurait aussi comme conséquence d'aggraver les peines encourues par les faucheurs d'OGM, car il permettrait de poursuivre les individus et les associations mettant en cause les intérêts économiques stratégiques de la France.

Dans l'exposé des motifs de la loi, on trouve en effet ce paragraphe: « Les attributions, déjà codifiées, des ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de l'Économie et du Budget sont redéfinies en fonction des différentes politiques qui entrent dans leur champ de compétence et concourent à la stratégie de sécurité nationale. Au-delà de ces modifications, et dans le prolongement des orientations du Livre blanc, des attributions particulières en matière de sécurité nationale du ministre de la justice et des ministres chargés de la Santé, de l'Environnement, des Transports, de l'Énergie et de l'Industrie sont codifiées. »

Au nom de la sécurité nationale, le décret en préparation permettrait donc de placer sous la protection de cette dernière toutes les actions et informations liées, par exemple, à l'environnement et aux infrastructures contestées par les associations de protecteurs de la nature et les organisations écologistes. De la même façon, tout ce qui concerne le changement climatique pourra entrer dans les informations classifiées interdites de divulgation. Classification qui, d'une part, sera bien entendu à la discrétion souveraine du gouvernement en place et qui, d'autre part, sera opposable à la fois aux militants, aux associations et aux juges d'instruction. S'ils existent encore.
Les écolos ne sont bien sûr pas les seuls visés: ce texte à tout faire permettrait de poursuivre tous les agissements « déviants ».

II deviendrait donc plus difficile d'exercer une contestation écologique. Ce dispositif pourrait être complété dès l'automne par une circulaire ou un décret - ce n'est pas encore décidé - qui compliquerait la tâche des citoyens et des associations de protection de la nature voulant attaquer des décisions de l'État et des collectivités territoriales devant les tribunaux administratifs. Les élus se disent lassés des remises en cause de permis de construire ou des tracés de routes. Depuis plusieurs années, les associations de maires demandent au gouvernement une restriction de la contestation « administrative » pour abus de pouvoir et non-respect des règles d'enquête publiques. En oubliant de rappeler que le recours aux tribunaux administratifs est souvent la seule arme des écologistes et des associations de protection de la nature.

Entre les possibilités de criminalisation de la contestation écologique et les restrictions aux recours administratifs, si ces deux réformes entrent en vigueur, l'écologie devrait peu à peu cesser de gêner le pouvoir. Pour l'instant, il est encore, au moins, possible de l'écrire sans encourir le risque d'être poursuivi... pour outrage au gouvernement.

Claude-Marie Vadrot

Ce n'est peut-être qu'une rumeur, me direz-vous. Peut-être. Mais, à vrai dire, le monde étant ce qu'il est, plus rien ne serait étonnant, surtout de la part de M. Sarkozy et de ses sbires. La prudence incite toutefois à la vigilance. La Suisse, par son gouvernement essentiellement composé d'économistes et d'avocats, et ses différents lobbys fortement politisés, n'est pas à l'abri de telles lois liberticides. L'actualité genevoise en est un bon exemple.

Il paraît dès lors primordial de relayer ce genre de dérives légalistes : un humain averti en vaut deux! Il est aussi important que toutes les forces de propositions alternatives s'unissent, ici comme à travers le monde, pour bien montrer que nous n'abandonnerons pas cette lutte contre le dogme néolibéral qui a saccagé notre planète et piller nombre de populations.

Proposer des alternatives pour résoudre les crises mondiales actuelles ne doit jamais devenir un délit ; si cela le devient, il sera intéressant de se demander si nous vivons bien en démocratie et si les droits de l'Homme y sont bien respectés. Dictature néolibérale?...

ABE

Sandro

PS : pour les Genevois, une intéressante série d'interviews politiques a été initiée sur le blog de Vive Genève ; à propos des prochaines élections cantonales pour le Grand Conseil, une série de candidats de différents partis vont être interrogés sur leur programme et leur position (premier volet publié le 23.06.2009). Cela permettra aux électeurs désireux de changer le dogme sociétal bancal dans lequel nous vivons d'avoir une idée des différentes alternatives qui peuvent s'offrir à eux. Je sais qu'il ne s'agit que de politique, mais aux vues de ce que j'ai relaté ci-dessus, il paraît plus que jamais important de voter pour le changement, avoir le courage de réformer notre société de manière plus juste, humaine et responsable, et de balayer une fois pour toute les tenants du populisme et du néolibéralisme, depuis trop longtemps au pouvoir! Yes, we can!

Combat contre les OGM, ou comment redonner la parole aux plus faibles

En attendant que je ponde un billet sur la question des OGM, je vous propose un petit reportage diffusé sur ARTE. Un des arguments classiques des pro-OGM est que ce type de culture est déjà employé dans de nombreux pays ; cette diffusion, selon eux, est la justification d'une technologie éprouvée et sans danger pour l'environnement. Il est intéressant de constater que, partout dans le monde où les OGM sont utilisés depuis longtemps, leur emploi n'a jamais été accompagné de débats sur la question. De plus, les échecs s'accumulent. Du coup, la révolte commence à s'organiser. Que ce soit en Argentine (le reportage), en Inde ou encore tout récemment au Pérou, les habitants, paysans et peuples indigènes manifestent de plus en plus intensément leur raz-le-bol vis-à-vis des multinationales et du pouvoir corrompu, et leur opposition face à la confiscation de leurs terres par l'agro-industrie, aux divers pollutions et aux effets néfastes sur la biodiversité qu'entraîne la filière OGM. Ce petit reportage donne la parole à ses populations de paysans, d'habitude ignorées par le monde médiatique.


A méditer!

Sandro


mercredi 3 juin 2009

Une semaine spéciale

Bonjour à toutes et à tous!

Cette semaine, Genève fête le développement durable. A cette occasion, une foule de spectacles et d'animations seront proposés (commerce équitable, bourses au vélo, conférences sur les écoquartiers, etc.), ceci dans plusieurs communes, notamment Meyrin, celle où je réside. Cette manifestation a pour but de montrer à la population qu'une autre manière de vivre est possible. Le temps n'est plus à la consommation aveugle et égoïste ni au gaspillage sans fin. Et les alternatives existent!

Mais cette événement est aussi l'occasion de rappeler, malheureusement, que la notion de développement durable est, à l'instar d'autres "termes à la mode", un mot souvent usurpé. Il ne s'agit pas d'appliquer un sigle "green" ou "bio" sur un produit de consommation, une voiture ou un appareil électroménager, pour faire du "développement durable". Actuellement, l'économie reste encore le point central. Par expérience professionnelle, je sais que ce ne sont pas les facteurs tels que l'impact écologique, le déséquilibre Nord-Sud ou encore la prise en compte de l'énergie grise qui priment, mais l'éternel "retour sur investissement". Au niveau politique, trop de projets, destinés à promouvoir l'efficacité énergétique, la revitalisation des cours d'eau ou le maintien et l'établissement de réserves naturelles, tombent devant l'autel de la "Finance". Or, le développement durable est sensé être la combinaison de trois paramètres, posés sur un pied d'égalité : économie, environnement, social. Actuellement, c'est malheureusement le premier point qui est dominant.

Mais, cette semaine est aussi celle de la sortie du film "Home", du photographe Yann Arthus-Bertrand (vendredi 5 juin, sortie en salle de cinéma, en DVD et sur Internet). A l'aide d'images saisissantes de notre Terre, ce film montre de manière forte notre planète et les effets que notre civilisation a sur elle. Ces effets, nous les ignorons, encore aujourd'hui, et ceci malgré toutes ces belles paroles sur le développement durable. Voici des extraits :



Pour que le développement durable prenne tout son sens, il faut, une fois pour toute, que nous prenions conscience que notre mode de vie doit radicalement changer, et que les mots ne suffisent pas ; maintenant, il faut des actes (acheter en se souciant des conditions de production et ne favoriser que les produits équitables, consommer moins et de manière plus raisonnée, laisser sa voiture plus souvent au garage, exiger des politiques des actions environnementales rapides, etc.)! Puisse ce film, et cette semaine du "développement durable", susciter cette prise de conscience. Soyons responsable et rendons à nos enfants leur avenir. Ils seront nos seuls juges.

Sandro