En Suisse, une
initiative fédérale a été déposée par l’association Ecopop le
2 novembre 2012 [1]. L’un de ces objectifs est de réduire la part
de l’augmentation de la démographie suisse due aux étrangers à
0,2% par an, ceci dans l’objectif de préserver les ressources
naturelles. Soutenue à droite par l’UDC et les Vert’libéraux,
mais aussi par des membres de quelques sections locales des Verts
suisses – contre l’avis du parti, qui s’y oppose –,
l’initiative aurait récolté quelques 130'000 signatures [2].
Disons-le d’emblée :
la question du lien démographie-impact écologique est sensée, et
n’est pas nouvelle chez les écologistes ; en science, elle se
pose dans l’étude des populations animales ou végétales et des
mécanismes de régulation, et elle trouve son expression la plus
évidente dans des contextes insulaires – limite d’espace, limite
de ressources. Cependant, si elle doit se poser aussi en termes
politique ou philosophique, il n’est pas vain de s’arrêter sur
cette initiative, et de réfléchir à ses implications, tant
globales que locales. Est-ce que la question de la démographie est
bien posée dans cette initiative ? Le lien avec les étrangers,
par une fixation « artificielle » de la migration à
moins de 0.2%/an, est-il pertinent dans une perspective écologiste
– qui, par définition, ne peut soustraire l’humain de sa
réflexion sur la biodiversité. On peut – et l’on doit –
s’attarder sur ce point, car l’initiative proposée n’est pas
anodine : même si certains partisans n’ont eu de cesse de
réfuter, par médias interposés, toute opposition aux étrangers,
il reste que l’UDC, parti xénophobe suisse, soutient cette
initiative.
Et l’on sait
d’expérience que, pour résoudre un problème, a fortiori
complexe, il n’y a rien de pire qu’une solution mal posée.
Voyons cela d’un peu plus près.
L’initiative Ecopop, que demande-t-elle ?
Sur la feuille de
signature disponible sur leur site, l’association Ecopop demande
une modification de la Constitution fédérale, ainsi qu’une
modification des dispositions transitoires de la Constitution :
Art.
73a (nouveau) Population
1
La
Confédération s’attache à faire en sorte que la population
résidant en Suisse
ne
dépasse pas un niveau qui soit compatible avec la préservation
durable des
ressources
naturelles. Elle encourage également d’autres pays à poursuivre
cet
objectif,
notamment dans le cadre de la coopération internationale au
développement.
2
La
part de l’accroissement de la population résidant de manière
permanente en
Suisse
qui est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,2 % par an
sur
une
moyenne de trois ans.
3
Sur
l’ensemble des moyens que la Confédération consacre à la
coopération
internationale
au développement, elle en affecte 10 % au moins au financement
de
mesures visant à encourager la planification familiale volontaire.
4
La
Confédération ne peut conclure de traité international qui
contreviendrait au
présent
article ou qui empêcherait ou entraverait la mise en œuvre de
mesures
propres
à atteindre les objectifs visés par le présent article.
Art.
197 Ziff. 9 (nouveau)
9.
Dispositions transitoires relatives à l’art. 73a (Population)
1
Après
acceptation de l’art. 73a par le peuple et les cantons, les traités
internationaux
qui
contreviennent aux objectifs visés par cet article seront modifiés
dès
que
possible, mais au plus tard dans un délai de quatre ans. Si
nécessaire, les
traités
concernés seront dénoncés.
2
Après
acceptation de l’art. 73a par le peuple et les cantons, la part de
l’accroissement
de la population résidant de manière permanente en Suisse qui
est
attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,6 % au cours de la
première
année
civile, 0,4 % au cours de la suivante. Ensuite, et jusqu’à
l’entrée en vigueur
de
la législation d’application relative à l’art. 73a, la
population résidante ne peut
s’accroître
de plus de 0,2 % par an. Au cas où elle s’accroîtrait plus vite,
la différence
devra
être compensée dans un délai de cinq ans à compter de l’entrée
en
vigueur
de ladite législation d’application.
L’alinéa 1 pose une
base rationnelle, le lien population-ressources. Il est sensé que,
dans un pays aussi petit, le terrain disponible, notamment, soit
difficilement extensible sans impacter de manière excessive
l’environnement. Mais l’initiative biaise un peu la réflexion à
ce point, semblant limiter le problème à la seule immigration,
alors qu’urbanisme et économie sont clairement aussi de la partie.
Elle manque clairement d’ambition, en mettant en avant la
coopération internationale, la Suisse refusant d’augmenter cette
aide à 0.7% de son PIB ; un objectif chiffré et plus
contraignant aurait été peut-être plus pertinent… mais, on s’en
doute, aurait effarouché une « certaine » frange des
partisans de l’initiative. Car, si elle ne parle pas d’augmentation
de l’aide au développement, elle chiffre en revanche le solde
démographique lié à l’immigration (alinéa 2) et la part de
l’aide au développement attribuée à la planification familiale
(alinéa 3).
En revanche, un point,
qui peut paraître intéressant, est le lien avec les traités
internationaux fait en alinéa 4. Pour l’écologiste que je suis,
il vient tout de suite en tête les traités de libre-échange
économiques (TLE). Selon le Centre Europe-Tiers-Monde, il y aurait
plus de 3'000 TLE dans le monde actuellement [3]. On peut se poser
des questions sur qui en profite vraiment. Mais aussi, en marge de
ces TLE, il y a les vues de multinationales diverses, qui profitent
de ces différents accords pour assouvir leur quête de profit [4].
La Suisse, comme « terre d’asile » de nombreuses
multinationales des matières premières (minières, agricoles) et
l’une des plus importantes plate-formes du négoce du pétrole au
monde, est passée maître en la matière [5], avec des firmes au
passé sulfureux comme Glencore [6], Xstrata, Trafigura, Transocean,
Syngenta ou encore la brésilienne Vale. La liste n’est pas
exhaustive…
Mais qu’entendent
les partisans de l’initiative par accords internationaux ?
Dans quel sens voit-on la relation entre ces derniers et la migration
étrangère ? De mon point de vue, le texte proposé dans
l’initiative est, à nouveau, bien trop flou à ce sujet, ce
d’autant plus qu’à une modification constitutionnelle viendra
obligatoirement l’édition de lois d’application ; quand les
écologistes pourraient, par la mention des « modifications »
des traités internationaux, voir l’opportunité de limiter le
pillage des ressources dans le Tiers-monde par les entreprises
suisses ou ayant leur siège en Suisse, il est fort douteux que la
majorité politique, ultralibérale (PDC, PLR avec son président
« M. Müller 18% » [7]) et à tendance xénophobe (UDC)
du parlement législatif fédéral, voit les choses de la même
manière. Car comment changer un ou plusieurs traités économiques,
sans que leur « nécessité » (au niveau de la société
actuelle et de son idéologie) n’ait été changée ?
Incohérence… ou amalgame fallacieux ?
Plus que les dits
traités, il s’agit bien de la politique économique suisse qu’il
s’agit, avant, de réformer. Les propos de l’initiative
s’apparentent à un problème posé à l’envers.
En effet, dans les
pays occidentaux tout du moins, c’est bien notre modèle de société
qui a enfanté nombre de traités de libre-échange, pas l’inverse ;
la libre-circulation des personnes était un « cache-sexe »
à une libre-circulation des capitaux, principal pilier de notre
économie mondialisée et de son expansion, que la Suisse et son
gouvernement ont toujours soutenu. S’en prendre aux accords et
traités internationaux, sans auparavant s’en prendre au
« système » libéral qui les a engendré, voire qui les
a rendu « nécessaire », est au mieux incohérent, au
pire une tromperie.
C’est une
incohérence… sauf si, à l’instar de l’UDC, et comme le laisse
penser le biais « étrangers » de l’initiative, on s’en
prend plus aux aspects humains de ces accords.
Dans ces accords
internationaux, on a aussi les accords liés aux Droits de l’Homme,
tant décriés par l’UDC. Et ces accords vont devoir s’appliquer
également aux cas des réfugiés climatiques, une réalité déjà
aujourd’hui [8] [9]. Si la remise en cause d’accords
internationaux signifie faire l’autruche devant la misère
internationale, et, pour se faire, se barricader derrière un mur
politique et un mur d’ignorance, comme le veut l’UDC, alors
l’incohérence fait place à quelque chose de plus fumeux, plus
nauséabond. On en vient à la mode en vogue de trouver des
boucs-émissaire nous aidant dans cette politique de l’autruche.
L’étranger, le migrant, sont les responsables
principaux de l’accaparement des ressources en Suisse. Comme cela
est commode ! Une opinion qui évite toute remise en question de
nos habitudes, nous qui exportons nombres de denrées extraites,
fabriquées ou manufacturées en Chine (électronique) ou dans les
pays d’Afrique (ressources minières, pétrolières ou
halieutiques), nous qui appelons, à coup de forfaits fiscaux, nombre
d’entreprises sur notre territoire exigu, sans faire de
distinctions éthiques et écologistes.
A la question de
savoir s’il y a incohérence ou amalgame fallacieux dans
l’initiative d’Ecopop, je répondrais qu’il y a donc,
potentiellement, les deux !
Un problème avant tout mal posé.
Depuis des années, la
Suisse, bien avant ces voisins européens, s’est adonnée aux
politiques d’austérité. Oui oui ! Plus "douces", elles ne sont
pas historiquement vues comme telles certainement, mais si elles s’étaient
opérées dans un laps aussi court qu’en Grèce ou ailleurs en
Europe actuellement, cela aurait été clair. Les privatisations –
télécommunications, services postaux, énergie, sécurité – se
sont succédées. En parallèle, on a vu une course aux réductions
fiscales – par définition, s’opérant sur les plus grosses
fortunes, celles-ci payant proportionnellement plus d’impôts que
les classes les moins aisées – avec une compétition fiscale entre
cantons (une spécificité toute helvétique). Résultat : on a
attiré énormément d’entreprises, comme à Genève, mais, faute
d’impôts suffisants, mais surtout de volontés politiques
suffisantes (dans un esprit de réciprocité et d’anticipation),
les infrastructures, au sens large, n’ont pas toujours suivies dans
les faits. Les logements abordables manquent (à Genève comme à
Zoug…), malgré la toute puissance des milieux immobiliers à
Genève, et les loyers sont exorbitants. La vie, en général, est
l’une des plus chères du monde dans la cité « du bout du
lac ». Et celle-ci s’étend pour devenir en 2011 une
agglomération de près d’un million d’habitants (le Grand Genève
[10]). Les problèmes – d’insécurité, de mobilité, de logement
– inhérents à une métropole de cette taille, sont arrivés alors
que, dans l’esprit des genevoises et genevois, on en est encore à
la « petite bourgade » des années 1980.
Et entre temps, la
formation notamment (personnel hospitalier, éducation, etc.) n’a
pas été adaptée à la hausse de la demande. Des domaines entiers
de formation ont quitté l’École d’Ingénieurs de Genève pour
émigrer vers d’autres pôles en Suisse, au sein des Hautes Écoles
(HES). Un numerus clausus existait dans la formation d’éducatrice
de la petite enfance, alors que la demande en place de crèche
explose ! Ceci n’est qu’un aperçu. Mais reporter au bassin
genevois et romand et aux attentes économiques, il impose, en toute
logique, pour les administrations comme pour les entreprises, à
recruter à l’étranger (plus ou moins loin en fonction des
compétences disponibles… et de la compétition, entraînant
l’embauche d’un personnel le moins cher possible).
Et bien oui, ce ne
sont pas les infirmières de France, les médecins d’Afrique du
Nord, les informaticiens indiens ou les chimistes allemands qui sont
venus d’abord s’installer à Genève, en prévision de
l’implantation massive d’entreprises étrangères. C’est bien
ce développement économique massif et rapide qui a entraîné la
demande en personnel, tant dans le privé que dans les
administrations, et qui, dans un bassin de main d’œuvre limité,
ne pouvait que déboucher sur le recours en personnes étrangères.
On ne peut donc blâmer
les étrangers et migrants, venant travailler dans un marché du
travail aux demandes supérieures, en principe, aux possibilités de
formation en Suisse, de tous les maux environnementaux (et même
sociaux)… sauf à être populiste (dans son sens actuel, c'est-à-dire clientéliste et réducteur) et xénophobe. Évidemment que le
trafic frontalier ou la demande en logement pour les expatriés ont
un impact non négligeable sur l’environnement. Mais cet impact est
dû avant tout à ce que la Suisse a eu – et a encore –
économiquement « les yeux plus gros que le ventre », et
que ses instances dirigeantes, aveuglées par le dogme libéral [11]
et les mots doux des promotions économiques, n’ont pas investi
suffisamment dans les infrastructures publiques [12].
L’initiative
Ecopop pose donc, effectivement, le problème à l’envers.
Une initiative populiste !
Comme je l’ai dit
plus haut, l’initiative pose certes une bonne question, au
demeurant loin d’être nouvelle (pour combien d’êtres humains (fonctionnant au rythme "occidental") la
Terre pourra-t-elle subvenir aux besoins). Mais en la bornant à
l’immigration dont, avec la richesse du pays, les causes ont été
en partie relevées ci-dessus, l’initiative surfe sur la vague
populiste qui, ici comme ailleurs, tente à nouveau d’affubler à
« l’étranger » l’ensemble des responsabilités, des
tords et des travers. L’Histoire, aussi nauséabonde soit-elle, se
répète malheureusement, comme si la mémoire collective de notre
civilisation, en ces temps de « sur-information », avait
tendance à raccourcir !
Plus que l’incohérence
que je relevais, c’est bien ce populisme, ici teinté opportunément
de « vert », qui m’effraie le plus. Mais là encore,
l’écologie nous apporte un éclairage intéressant.
La migration est vue,
de toute part, comme un fléau. Un mal qui, selon certains
« penseurs » (à l’esprit très limité, avouons-le),
va nous conduire, par exemple, à une islamisation de l’Occident…
Mais ce que ces « penseurs » oublient, c’est que la
migration, en soi, n’est rien d’autre que ce qui a souvent permis
à la vie de s’adapter, d’évoluer et de résister aux
extinctions. Des premières formes de vie jusqu’aux hominidés qui
conduiront à l’apparition d’Homo sapiens, les êtres
vivants, végétaux ou animaux, n’ont eu de cesse de migrer. Ils
migrent chaque année, pour échapper aux rigueurs du climat –
migration de l’avifaune – comme ils migrent, sur des années ou
des siècles, pour s’adapter à des changements de plus grande
ampleur – dérèglement climatique. Au hasard d’une branche
perdue dans l’océan, ou par le truchement de variations
climatiques ou d’accidents géologiques, la vie a colonisé tous
les recoins de la planète, des pôles jusqu'aux îles
océaniques récentes, et même dans les glaciers ou à des milliers
de mètres sous terre.
Des extinctions
d’espèces sont survenues lorsque celles-ci ont été incapables de
s’adapter à un changement « brutal » (souvent en
termes géologiques). Les humains primitifs ont dû migrer pour fuir
leurs terres natales devenues trop arides, ou pour trouver de
nouvelles ressources en nourriture. L’impulsion de migrer est
intrinsèque à la Vie, notre espèce comprise. Elle fait partie de
nos gènes. Les limites à cette migration peuvent amener à des
disparitions – c’est d’ailleurs l’un des facteurs causant
l’actuelle extinction massive d’espèces, car, outre la
destruction des habitats, celles-ci ne peuvent plus migrer librement
pour s’adapter aux conditions changées par les humains, faute de
couloirs biologiques intacts (cordons forestiers, cours d’eau,
etc.) ou « d’obstacles » divers insurmontables d’origine humaine
(routes, zones humides asséchées, monocultures, pollutions, etc.).
Et actuellement, soit
par le biais des déséquilibres de richesses, de place de travail ou
de conditions de vie, soit par les modifications du climat ou le
pillage des ressources, des populations entières sont amenées à
migrer. Que ce soit consécutivement à la construction d’un
barrage en Amazonie par une industrie dont le siège est en Suisse
[13], ou par le fait que le climat se dérègle à cause de notre
consommation irréfléchie en hydrocarbure, des gens sont contraints
de migrer pour survivre, voire sont même déportées (à ce sujet,
lisez et diffusez largement, la terrible lettre ouverte de la
communauté Guarani-Kaiowá face au projet de barrage de
Belo-Monte au Brésil [14]) ! Nier cet état de fait, même en
le colorant de vert comme dans l’initiative Ecopop, c’est faire
preuve d’ignorance, ou d’une haine contre les étrangers, ce qui
est à mes yeux la même chose !
Cette initiative,
stigmatisant, qu’on le veuille ou non, le migrant et l’étranger, et profitant de la vague d'ignorance xénophobe,
est ainsi populiste !
Conclusion : refusons ce texte simpliste !
La démographie est un
problème que les écologues étudient depuis longtemps. S’il est
délicat, surtout lorsqu’il est transposé dans le contexte
sociétal via l’écologisme, il n’est pas tabou. L’émancipation
de la femme dans le monde, qui n’est plus une « simple
machine à faire des enfants », est une piste sérieuse et
efficace à suivre, mais qui, « curieusement », est à
l’opposé des opinions des partisans de l’initiative, UDC en
tête. Du reste, ce facteur limitant s’exprime clairement dans les
pays où la femme jouit d’une liberté et d’une égalité de
traitement meilleures. Pas surprenant que ce point soit totalement
absent…
Mais quoi qu’il en
soit, le phénomène de la migration n’est pas à l’origine des
troubles environnementaux. Ce sont ces derniers qui les provoquent,
bien souvent, quand ce n’est pas un conflit armé. Et ces troubles
environnementaux, eux-mêmes, ont comme origine la surconsommation,
l’exploitation à outrance de la planète par ces mêmes pays qui
souhaitent mettre des barrières migratoires, peut-être pour mieux
ignorer la souffrance qu’ils induisent.
Cette initiative n’est
qu’une étape dans cette tentative d’éluder nos responsabilités,
de consommateurs (avides de nouvelles « technologies » à
l’obsolescence programmée ou de fruits et légumes bon marchés et
hors saison) comme de citoyens (on perpétue l’idéologie
ultralibérale par nos choix et nos « non-choix », pour
après se plaindre de ses effets pourtant évidents depuis les crises
financières, écologiques et alimentaires de ces dernières années).
Le populisme et la
xénophobie ambiante risque bien de pousser le peuple à valider ce
texte dans les urnes. Le verni faussement écologiste du texte aidera
à faire passer la pilule, mais cela pourrait bien marquer l’arrivée
d’un éco-fascisme, avec des équivalents « udcistes »
de « l’écologiste » français ex-FN Laurent Ozon.
N’oublions pas que les pires mouvements xénophobes, un peu partout
comme en France ou en Allemagne, aiment actuellement à se teinter de
vert pour surfer sur la prise de conscience écologiste, ceci pour
mieux la détourner et la dénaturer [15].
Le greenwashing
existe depuis longtemps ; de la droite classique et de
l’économie, il passe maintenant à l’extrême-droite. Il s’agit
d’un fait, qu’il ne faut pas ignorer. C’est pourquoi il nous
faut combattre ce texte, trompeur et biaisé. Non pas parce que,
selon l’éco-tartuffe Martin Bäumle (Vert’lib), il faut choisir
la voie libérale [16], mais bien parce que
l’ultralibéralisme, qui doit être combattu et qui est à
l’origine des maux écologiques et sociaux, ne sera pas supprimer
par la xénophobie et l’individualisme qui sous-tendent le texte
d’Ecopop. S’y opposer, c’est un devoir écologiste, citoyen et
humain !!!
Sandro
----
Sources et remarques :
[1] Ecopop, http://
www.ecopop.ch
[2] L'initiative
contre la surpopulation a été déposée, Le Matin,
ATS-Newsnet, 2 novembre 2012,
http://www.lematin.ch/suisse/L-initiative-contre-la-surpopulation-a-ete-deposee/story/16248424
[3] A qui
profitent les traités de libre-échange ? Symposium 2012, 1
au 3 novembre à la Maison des Associations à Genève, Centre
Europe-Tiers Monde,
http://www.cetim.ch/fr/conference_symposium2012.php
[4] Les traités
bilatéraux de libre commerce et de promotion et protection des
investissements : «armes de destruction massive» du droit public
national et international et des droits humains - Point 4 : Droits
économiques, sociaux et culturels. Déclaration écrite
conjointe CETIM et AAJ, 2004,
http://www.cetim.ch/fr/interventions_details.php?iid=216
[5] Swiss Trading SA, La Suisse, le négoce et la malédiction des matières premières. Déclaration de Berne (éd.), Editions d'en bas, 2e édition, 359 pages, Lausanne, avril 2012
[6] Pérou –
syndicats, groupements de femmes et organisations sociales s’allient
contre la multinationale zougoise Glencore, Bulletin
d'information no. 69, Solifonds,
http://www.solifonds.ch/fr/bulletin-dinformation-no-69
[7] Philipp
Müller, le «Monsieur Migration» du PLR divise, Le Temps,
Valérie de Graffenried, 11 février 2011,
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a3e777bc-355b-11e0-a83c-72c9481907e8%7C0
[8] Les premiers
"réfugiés climatiques" du Vanuatu sont toujours menacés,
IRD, 2011,
http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/386-les-premiers-refugies-climatiques-du-vanuatu-sont-toujours-menaces
. Notes : dans le cas de ces îles du Vanuatu, il y a conjonction
entre la hausse du niveau des océans et des phénomènes géologiques
de subsidence (enfoncement des îles océaniques).
[9] Les réfugiés
climatiques, Anne Chetaille – GRET, Christophe Rynikiewicz
– CNRS, 2006, Altermondes,
http://altermondes.org/spip.php?article265
[10] Le Grand
Genève, Wikipédia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Gen%C3%A8ve
[11] De nouveaux
chiffres le montrent : les régimes fiscaux cantonaux contribuent au
pillage des pays du Sud, La Déclaration de Berne, 11 octobre
2012, http://www.evb.ch/fr/p25020459.html
[12] Remarques :
Cela en est devenu caricatural dans le domaine des transports
publics. Schématiquement, à Genève, une moitié des coûts de
fonctionnement des transports publics (TPG) est couvert par la
billetterie, le reste est du ressort de la Confédération. Mais,
alors que le développement économique et la prise de conscience
écologiste impliquaient, au tournant du XXI siècle, de développer
massivement l’offre (ce qui a été fait grâce à l’engagement
d’un conseiller d’état de l’époque, l’écologiste Robert
Cramer), les subventions publiques, liées aux impôts, n’ont proportionnellement pas
suivi. Résultat : le prix du billet de transports publics, à
Genève comme dans le reste du pays (réseau ferroviaire CFF), déjà
élevé, a encore pris l’ascenseur. Corollaire de ce désengagement
du public face aux acteurs privés, à Genève, on a aussi vu une
explosion d’entreprises de transport étrangères (Veolia, RATP,
etc.), où il est fort à parier que les salaires sont moins
attractifs pour un genevois que pour un frontalier français.
[13] Le lourd
bilan écologique du groupe minier Vale, Courrier
International, Fabíola Ortiz, 24 mai 2012,
http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/24/le-lourd-bilan-ecologique-du-groupe-minier-vale
[14] Génocide
indigène en vue au Brésil : la Justice Fédérale ordonne
l’expulsion des indiens Guarani-Kaiowá, lettre ouverte de
la communauté Guarani-Kaiowá, 14 octobre 2012, Urgence Amazonie,
http://www.raoni.com/actualites-474.php
[15] L'extrême
droite se donne un label bio, Slate, Damien Dubuc, 16 juillet
2012, http://www.slate.fr/story/59077/extreme-droite-ecologie-bio
[16] Opinion
personnelle : Contrairement à de nombreux « Verts de
droite » comme la très libérale Isabelle Chevalley ou encore
le député au Grand conseil vaudois Jacques-André Haury, le
président du parti des Vert’libéraux suisses, Martin Bäumle,
s’était démarqué de la position d’Ecopop, choisissant la voie
« libérale » plutôt que celle « écologiste ».
Les étiquettes
idéologiques ne valent plus grand-chose, à mon sens, dans une
époque où tout est prétexte à la récupération politique.
L’écologisme, en tant qu’idéologie, ne peut cependant pas faire
l’impasse sur son « héritage scientifique », à savoir
la prise en compte de l’humain comme membre à part entière de la
biodiversité, aussi destructeur qu’il puisse être ; comme
l’idéologie libérale a montré, en tant qu’idéologie
ultra-dominante et en ces temps de crises et d’austérité, son
caractère profondément inhumain – l’économie passe avant
l’humain, réduit à de simples chiffres et statistiques –,
mélanger « Vert » et « libéral » est le
plus bel oxymore que la politique suisse ait pu engendrer (et je pèse
mes mots). Ainsi, pour Ecopop, il n’est, au fond, pas étonnant de
voir des divergences aux seins mêmes d’un groupe clairement
libéral comme celui des Vert’libéraux, soulignant à la fois la
propre incohérence de ce parti, et celle, potentielle comme je l’ai
écrit, de l’initiative Ecopop.
Une incohérence
qui n’est pas non plus étrangère aux Verts Suisses,
malheureusement, pris ces dernières années d’une fièvre
d’hypercentrisme qui leur coûte à la fois des sièges
gouvernementaux et de la crédibilité. Une fièvre dont souffre
certains « jeunes loups », à l’instar de sa
co-présidente Adèle Thorens-Goumaz. Ce malaise, certes moindre que
chez les éco-tartuffes de droite, est pourtant bien palpable chez
ces centristes « verts ». Et bien oui, il devient
difficile pour ces gens-là de montrer une vraie sensibilité
écologiste, lorsque leur politique économique montre les limites de
cette « sensibilité ». Et il est regrettable que ce
malaise, chez le seul parti écologiste de Suisse, décrédibilise
sensiblement l’opposition face à l’initiative Ecopop !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire