lundi 5 novembre 2012

Ecopop - quand le populisme xénophobe se teinte de vert dans la politique suisse.

Une initiative d’Ecopop déposée.

En Suisse, une initiative fédérale a été déposée par l’association Ecopop le 2 novembre 2012 [1]. L’un de ces objectifs est de réduire la part de l’augmentation de la démographie suisse due aux étrangers à 0,2% par an, ceci dans l’objectif de préserver les ressources naturelles. Soutenue à droite par l’UDC et les Vert’libéraux, mais aussi par des membres de quelques sections locales des Verts suisses – contre l’avis du parti, qui s’y oppose –, l’initiative aurait récolté quelques 130'000 signatures [2].
Disons-le d’emblée : la question du lien démographie-impact écologique est sensée, et n’est pas nouvelle chez les écologistes ; en science, elle se pose dans l’étude des populations animales ou végétales et des mécanismes de régulation, et elle trouve son expression la plus évidente dans des contextes insulaires – limite d’espace, limite de ressources. Cependant, si elle doit se poser aussi en termes politique ou philosophique, il n’est pas vain de s’arrêter sur cette initiative, et de réfléchir à ses implications, tant globales que locales. Est-ce que la question de la démographie est bien posée dans cette initiative ? Le lien avec les étrangers, par une fixation « artificielle » de la migration à moins de 0.2%/an, est-il pertinent dans une perspective écologiste – qui, par définition, ne peut soustraire l’humain de sa réflexion sur la biodiversité. On peut – et l’on doit – s’attarder sur ce point, car l’initiative proposée n’est pas anodine : même si certains partisans n’ont eu de cesse de réfuter, par médias interposés, toute opposition aux étrangers, il reste que l’UDC, parti xénophobe suisse, soutient cette initiative.
Et l’on sait d’expérience que, pour résoudre un problème, a fortiori complexe, il n’y a rien de pire qu’une solution mal posée. Voyons cela d’un peu plus près.

L’initiative Ecopop, que demande-t-elle ?

Sur la feuille de signature disponible sur leur site, l’association Ecopop demande une modification de la Constitution fédérale, ainsi qu’une modification des dispositions transitoires de la Constitution :
Art. 73a (nouveau) Population
1 La Confédération s’attache à faire en sorte que la population résidant en Suisse
ne dépasse pas un niveau qui soit compatible avec la préservation durable des
ressources naturelles. Elle encourage également d’autres pays à poursuivre cet
objectif, notamment dans le cadre de la coopération internationale au développement.
2 La part de l’accroissement de la population résidant de manière permanente en
Suisse qui est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,2 % par an sur
une moyenne de trois ans.
3 Sur l’ensemble des moyens que la Confédération consacre à la coopération
internationale au développement, elle en affecte 10 % au moins au financement
de mesures visant à encourager la planification familiale volontaire.
4 La Confédération ne peut conclure de traité international qui contreviendrait au
présent article ou qui empêcherait ou entraverait la mise en œuvre de mesures
propres à atteindre les objectifs visés par le présent article.


Art. 197 Ziff. 9 (nouveau)
9. Dispositions transitoires relatives à l’art. 73a (Population)
1 Après acceptation de l’art. 73a par le peuple et les cantons, les traités internationaux
qui contreviennent aux objectifs visés par cet article seront modifiés dès
que possible, mais au plus tard dans un délai de quatre ans. Si nécessaire, les
traités concernés seront dénoncés.
2 Après acceptation de l’art. 73a par le peuple et les cantons, la part de
l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse qui
est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,6 % au cours de la première
année civile, 0,4 % au cours de la suivante. Ensuite, et jusqu’à l’entrée en vigueur
de la législation d’application relative à l’art. 73a, la population résidante ne peut
s’accroître de plus de 0,2 % par an. Au cas où elle s’accroîtrait plus vite, la différence
devra être compensée dans un délai de cinq ans à compter de l’entrée en
vigueur de ladite législation d’application.
L’alinéa 1 pose une base rationnelle, le lien population-ressources. Il est sensé que, dans un pays aussi petit, le terrain disponible, notamment, soit difficilement extensible sans impacter de manière excessive l’environnement. Mais l’initiative biaise un peu la réflexion à ce point, semblant limiter le problème à la seule immigration, alors qu’urbanisme et économie sont clairement aussi de la partie. Elle manque clairement d’ambition, en mettant en avant la coopération internationale, la Suisse refusant d’augmenter cette aide à 0.7% de son PIB ; un objectif chiffré et plus contraignant aurait été peut-être plus pertinent… mais, on s’en doute, aurait effarouché une « certaine » frange des partisans de l’initiative. Car, si elle ne parle pas d’augmentation de l’aide au développement, elle chiffre en revanche le solde démographique lié à l’immigration (alinéa 2) et la part de l’aide au développement attribuée à la planification familiale (alinéa 3).
En revanche, un point, qui peut paraître intéressant, est le lien avec les traités internationaux fait en alinéa 4. Pour l’écologiste que je suis, il vient tout de suite en tête les traités de libre-échange économiques (TLE). Selon le Centre Europe-Tiers-Monde, il y aurait plus de 3'000 TLE dans le monde actuellement [3]. On peut se poser des questions sur qui en profite vraiment. Mais aussi, en marge de ces TLE, il y a les vues de multinationales diverses, qui profitent de ces différents accords pour assouvir leur quête de profit [4]. La Suisse, comme « terre d’asile » de nombreuses multinationales des matières premières (minières, agricoles) et l’une des plus importantes plate-formes du négoce du pétrole au monde, est passée maître en la matière [5], avec des firmes au passé sulfureux comme Glencore [6], Xstrata, Trafigura, Transocean, Syngenta ou encore la brésilienne Vale. La liste n’est pas exhaustive…
Mais qu’entendent les partisans de l’initiative par accords internationaux ? Dans quel sens voit-on la relation entre ces derniers et la migration étrangère ? De mon point de vue, le texte proposé dans l’initiative est, à nouveau, bien trop flou à ce sujet, ce d’autant plus qu’à une modification constitutionnelle viendra obligatoirement l’édition de lois d’application ; quand les écologistes pourraient, par la mention des « modifications » des traités internationaux, voir l’opportunité de limiter le pillage des ressources dans le Tiers-monde par les entreprises suisses ou ayant leur siège en Suisse, il est fort douteux que la majorité politique, ultralibérale (PDC, PLR avec son président « M. Müller 18% » [7]) et à tendance xénophobe (UDC) du parlement législatif fédéral, voit les choses de la même manière. Car comment changer un ou plusieurs traités économiques, sans que leur « nécessité » (au niveau de la société actuelle et de son idéologie) n’ait été changée ?

Incohérence… ou amalgame fallacieux ?

Plus que les dits traités, il s’agit bien de la politique économique suisse qu’il s’agit, avant, de réformer. Les propos de l’initiative s’apparentent à un problème posé à l’envers.
En effet, dans les pays occidentaux tout du moins, c’est bien notre modèle de société qui a enfanté nombre de traités de libre-échange, pas l’inverse ; la libre-circulation des personnes était un « cache-sexe » à une libre-circulation des capitaux, principal pilier de notre économie mondialisée et de son expansion, que la Suisse et son gouvernement ont toujours soutenu. S’en prendre aux accords et traités internationaux, sans auparavant s’en prendre au « système » libéral qui les a engendré, voire qui les a rendu « nécessaire », est au mieux incohérent, au pire une tromperie.
C’est une incohérence… sauf si, à l’instar de l’UDC, et comme le laisse penser le biais « étrangers » de l’initiative, on s’en prend plus aux aspects humains de ces accords.
Dans ces accords internationaux, on a aussi les accords liés aux Droits de l’Homme, tant décriés par l’UDC. Et ces accords vont devoir s’appliquer également aux cas des réfugiés climatiques, une réalité déjà aujourd’hui [8] [9]. Si la remise en cause d’accords internationaux signifie faire l’autruche devant la misère internationale, et, pour se faire, se barricader derrière un mur politique et un mur d’ignorance, comme le veut l’UDC, alors l’incohérence fait place à quelque chose de plus fumeux, plus nauséabond. On en vient à la mode en vogue de trouver des boucs-émissaire nous aidant dans cette politique de l’autruche. L’étranger, le migrant, sont les responsables principaux de l’accaparement des ressources en Suisse. Comme cela est commode ! Une opinion qui évite toute remise en question de nos habitudes, nous qui exportons nombres de denrées extraites, fabriquées ou manufacturées en Chine (électronique) ou dans les pays d’Afrique (ressources minières, pétrolières ou halieutiques), nous qui appelons, à coup de forfaits fiscaux, nombre d’entreprises sur notre territoire exigu, sans faire de distinctions éthiques et écologistes.
A la question de savoir s’il y a incohérence ou amalgame fallacieux dans l’initiative d’Ecopop, je répondrais qu’il y a donc, potentiellement, les deux !

Un problème avant tout mal posé.

Depuis des années, la Suisse, bien avant ces voisins européens, s’est adonnée aux politiques d’austérité. Oui oui ! Plus "douces", elles ne sont pas historiquement vues comme telles certainement, mais si elles s’étaient opérées dans un laps aussi court qu’en Grèce ou ailleurs en Europe actuellement, cela aurait été clair. Les privatisations – télécommunications, services postaux, énergie, sécurité – se sont succédées. En parallèle, on a vu une course aux réductions fiscales – par définition, s’opérant sur les plus grosses fortunes, celles-ci payant proportionnellement plus d’impôts que les classes les moins aisées – avec une compétition fiscale entre cantons (une spécificité toute helvétique). Résultat : on a attiré énormément d’entreprises, comme à Genève, mais, faute d’impôts suffisants, mais surtout de volontés politiques suffisantes (dans un esprit de réciprocité et d’anticipation), les infrastructures, au sens large, n’ont pas toujours suivies dans les faits. Les logements abordables manquent (à Genève comme à Zoug…), malgré la toute puissance des milieux immobiliers à Genève, et les loyers sont exorbitants. La vie, en général, est l’une des plus chères du monde dans la cité « du bout du lac ». Et celle-ci s’étend pour devenir en 2011 une agglomération de près d’un million d’habitants (le Grand Genève [10]). Les problèmes – d’insécurité, de mobilité, de logement – inhérents à une métropole de cette taille, sont arrivés alors que, dans l’esprit des genevoises et genevois, on en est encore à la « petite bourgade » des années 1980.
Et entre temps, la formation notamment (personnel hospitalier, éducation, etc.) n’a pas été adaptée à la hausse de la demande. Des domaines entiers de formation ont quitté l’École d’Ingénieurs de Genève pour émigrer vers d’autres pôles en Suisse, au sein des Hautes Écoles (HES). Un numerus clausus existait dans la formation d’éducatrice de la petite enfance, alors que la demande en place de crèche explose ! Ceci n’est qu’un aperçu. Mais reporter au bassin genevois et romand et aux attentes économiques, il impose, en toute logique, pour les administrations comme pour les entreprises, à recruter à l’étranger (plus ou moins loin en fonction des compétences disponibles… et de la compétition, entraînant l’embauche d’un personnel le moins cher possible).
Et bien oui, ce ne sont pas les infirmières de France, les médecins d’Afrique du Nord, les informaticiens indiens ou les chimistes allemands qui sont venus d’abord s’installer à Genève, en prévision de l’implantation massive d’entreprises étrangères. C’est bien ce développement économique massif et rapide qui a entraîné la demande en personnel, tant dans le privé que dans les administrations, et qui, dans un bassin de main d’œuvre limité, ne pouvait que déboucher sur le recours en personnes étrangères.
On ne peut donc blâmer les étrangers et migrants, venant travailler dans un marché du travail aux demandes supérieures, en principe, aux possibilités de formation en Suisse, de tous les maux environnementaux (et même sociaux)… sauf à être populiste (dans son sens actuel, c'est-à-dire clientéliste et réducteur) et xénophobe. Évidemment que le trafic frontalier ou la demande en logement pour les expatriés ont un impact non négligeable sur l’environnement. Mais cet impact est dû avant tout à ce que la Suisse a eu – et a encore – économiquement « les yeux plus gros que le ventre », et que ses instances dirigeantes, aveuglées par le dogme libéral [11] et les mots doux des promotions économiques, n’ont pas investi suffisamment dans les infrastructures publiques [12].
L’initiative Ecopop pose donc, effectivement, le problème à l’envers.

Une initiative populiste !

Comme je l’ai dit plus haut, l’initiative pose certes une bonne question, au demeurant loin d’être nouvelle (pour combien d’êtres humains (fonctionnant au rythme "occidental") la Terre pourra-t-elle subvenir aux besoins). Mais en la bornant à l’immigration dont, avec la richesse du pays, les causes ont été en partie relevées ci-dessus, l’initiative surfe sur la vague populiste qui, ici comme ailleurs, tente à nouveau d’affubler à « l’étranger » l’ensemble des responsabilités, des tords et des travers. L’Histoire, aussi nauséabonde soit-elle, se répète malheureusement, comme si la mémoire collective de notre civilisation, en ces temps de « sur-information », avait tendance à raccourcir !
Plus que l’incohérence que je relevais, c’est bien ce populisme, ici teinté opportunément de « vert », qui m’effraie le plus. Mais là encore, l’écologie nous apporte un éclairage intéressant.
La migration est vue, de toute part, comme un fléau. Un mal qui, selon certains « penseurs » (à l’esprit très limité, avouons-le), va nous conduire, par exemple, à une islamisation de l’Occident… Mais ce que ces « penseurs » oublient, c’est que la migration, en soi, n’est rien d’autre que ce qui a souvent permis à la vie de s’adapter, d’évoluer et de résister aux extinctions. Des premières formes de vie jusqu’aux hominidés qui conduiront à l’apparition d’Homo sapiens, les êtres vivants, végétaux ou animaux, n’ont eu de cesse de migrer. Ils migrent chaque année, pour échapper aux rigueurs du climat – migration de l’avifaune – comme ils migrent, sur des années ou des siècles, pour s’adapter à des changements de plus grande ampleur – dérèglement climatique. Au hasard d’une branche perdue dans l’océan, ou par le truchement de variations climatiques ou d’accidents géologiques, la vie a colonisé tous les recoins de la planète, des pôles jusqu'aux îles océaniques récentes, et même dans les glaciers ou à des milliers de mètres sous terre.
Des extinctions d’espèces sont survenues lorsque celles-ci ont été incapables de s’adapter à un changement « brutal » (souvent en termes géologiques). Les humains primitifs ont dû migrer pour fuir leurs terres natales devenues trop arides, ou pour trouver de nouvelles ressources en nourriture. L’impulsion de migrer est intrinsèque à la Vie, notre espèce comprise. Elle fait partie de nos gènes. Les limites à cette migration peuvent amener à des disparitions – c’est d’ailleurs l’un des facteurs causant l’actuelle extinction massive d’espèces, car, outre la destruction des habitats, celles-ci ne peuvent plus migrer librement pour s’adapter aux conditions changées par les humains, faute de couloirs biologiques intacts (cordons forestiers, cours d’eau, etc.) ou « d’obstacles » divers insurmontables d’origine humaine (routes, zones humides asséchées, monocultures, pollutions, etc.).
Et actuellement, soit par le biais des déséquilibres de richesses, de place de travail ou de conditions de vie, soit par les modifications du climat ou le pillage des ressources, des populations entières sont amenées à migrer. Que ce soit consécutivement à la construction d’un barrage en Amazonie par une industrie dont le siège est en Suisse [13], ou par le fait que le climat se dérègle à cause de notre consommation irréfléchie en hydrocarbure, des gens sont contraints de migrer pour survivre, voire sont même déportées (à ce sujet, lisez et diffusez largement, la terrible lettre ouverte de la communauté Guarani-Kaiowá face au projet de barrage de Belo-Monte au Brésil [14]) ! Nier cet état de fait, même en le colorant de vert comme dans l’initiative Ecopop, c’est faire preuve d’ignorance, ou d’une haine contre les étrangers, ce qui est à mes yeux la même chose !
Cette initiative, stigmatisant, qu’on le veuille ou non, le migrant et l’étranger, et profitant de la vague d'ignorance xénophobe, est ainsi populiste !

Conclusion : refusons ce texte simpliste !

La démographie est un problème que les écologues étudient depuis longtemps. S’il est délicat, surtout lorsqu’il est transposé dans le contexte sociétal via l’écologisme, il n’est pas tabou. L’émancipation de la femme dans le monde, qui n’est plus une « simple machine à faire des enfants », est une piste sérieuse et efficace à suivre, mais qui, « curieusement », est à l’opposé des opinions des partisans de l’initiative, UDC en tête. Du reste, ce facteur limitant s’exprime clairement dans les pays où la femme jouit d’une liberté et d’une égalité de traitement meilleures. Pas surprenant que ce point soit totalement absent…
Mais quoi qu’il en soit, le phénomène de la migration n’est pas à l’origine des troubles environnementaux. Ce sont ces derniers qui les provoquent, bien souvent, quand ce n’est pas un conflit armé. Et ces troubles environnementaux, eux-mêmes, ont comme origine la surconsommation, l’exploitation à outrance de la planète par ces mêmes pays qui souhaitent mettre des barrières migratoires, peut-être pour mieux ignorer la souffrance qu’ils induisent.
Cette initiative n’est qu’une étape dans cette tentative d’éluder nos responsabilités, de consommateurs (avides de nouvelles « technologies » à l’obsolescence programmée ou de fruits et légumes bon marchés et hors saison) comme de citoyens (on perpétue l’idéologie ultralibérale par nos choix et nos « non-choix », pour après se plaindre de ses effets pourtant évidents depuis les crises financières, écologiques et alimentaires de ces dernières années).
Le populisme et la xénophobie ambiante risque bien de pousser le peuple à valider ce texte dans les urnes. Le verni faussement écologiste du texte aidera à faire passer la pilule, mais cela pourrait bien marquer l’arrivée d’un éco-fascisme, avec des équivalents « udcistes » de « l’écologiste » français ex-FN Laurent Ozon. N’oublions pas que les pires mouvements xénophobes, un peu partout comme en France ou en Allemagne, aiment actuellement à se teinter de vert pour surfer sur la prise de conscience écologiste, ceci pour mieux la détourner et la dénaturer [15].
Le greenwashing existe depuis longtemps ; de la droite classique et de l’économie, il passe maintenant à l’extrême-droite. Il s’agit d’un fait, qu’il ne faut pas ignorer. C’est pourquoi il nous faut combattre ce texte, trompeur et biaisé. Non pas parce que, selon l’éco-tartuffe Martin Bäumle (Vert’lib), il faut choisir la voie libérale [16], mais bien parce que l’ultralibéralisme, qui doit être combattu et qui est à l’origine des maux écologiques et sociaux, ne sera pas supprimer par la xénophobie et l’individualisme qui sous-tendent le texte d’Ecopop. S’y opposer, c’est un devoir écologiste, citoyen et humain !!! 
Sandro
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Sources et remarques :

[1] Ecopop, http:// www.ecopop.ch
[2] L'initiative contre la surpopulation a été déposée, Le Matin, ATS-Newsnet, 2 novembre 2012, http://www.lematin.ch/suisse/L-initiative-contre-la-surpopulation-a-ete-deposee/story/16248424
[3] A qui profitent les traités de libre-échange ? Symposium 2012, 1 au 3 novembre à la Maison des Associations à Genève, Centre Europe-Tiers Monde, http://www.cetim.ch/fr/conference_symposium2012.php
[4] Les traités bilatéraux de libre commerce et de promotion et protection des investissements : «armes de destruction massive» du droit public national et international et des droits humains - Point 4 : Droits économiques, sociaux et culturels. Déclaration écrite conjointe CETIM et AAJ, 2004, http://www.cetim.ch/fr/interventions_details.php?iid=216
[5] Swiss Trading SA, La Suisse, le négoce et la malédiction des matières premières. Déclaration de Berne (éd.), Editions d'en bas, 2e édition, 359 pages, Lausanne, avril 2012
[6] Pérou – syndicats, groupements de femmes et organisations sociales s’allient contre la multinationale zougoise Glencore, Bulletin d'information no. 69, Solifonds, http://www.solifonds.ch/fr/bulletin-dinformation-no-69
[7] Philipp Müller, le «Monsieur Migration» du PLR divise, Le Temps, Valérie de Graffenried, 11 février 2011, http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a3e777bc-355b-11e0-a83c-72c9481907e8%7C0
[8] Les premiers "réfugiés climatiques" du Vanuatu sont toujours menacés, IRD, 2011, http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/386-les-premiers-refugies-climatiques-du-vanuatu-sont-toujours-menaces . Notes : dans le cas de ces îles du Vanuatu, il y a conjonction entre la hausse du niveau des océans et des phénomènes géologiques de subsidence (enfoncement des îles océaniques).
[9] Les réfugiés climatiques, Anne Chetaille – GRET, Christophe Rynikiewicz – CNRS, 2006, Altermondes, http://altermondes.org/spip.php?article265
[10] Le Grand Genève, Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Gen%C3%A8ve
[11] De nouveaux chiffres le montrent : les régimes fiscaux cantonaux contribuent au pillage des pays du Sud, La Déclaration de Berne, 11 octobre 2012, http://www.evb.ch/fr/p25020459.html
[12] Remarques : Cela en est devenu caricatural dans le domaine des transports publics. Schématiquement, à Genève, une moitié des coûts de fonctionnement des transports publics (TPG) est couvert par la billetterie, le reste est du ressort de la Confédération. Mais, alors que le développement économique et la prise de conscience écologiste impliquaient, au tournant du XXI siècle, de développer massivement l’offre (ce qui a été fait grâce à l’engagement d’un conseiller d’état de l’époque, l’écologiste Robert Cramer), les subventions publiques, liées aux impôts, n’ont proportionnellement pas suivi. Résultat : le prix du billet de transports publics, à Genève comme dans le reste du pays (réseau ferroviaire CFF), déjà élevé, a encore pris l’ascenseur. Corollaire de ce désengagement du public face aux acteurs privés, à Genève, on a aussi vu une explosion d’entreprises de transport étrangères (Veolia, RATP, etc.), où il est fort à parier que les salaires sont moins attractifs pour un genevois que pour un frontalier français.
[13] Le lourd bilan écologique du groupe minier Vale, Courrier International, Fabíola Ortiz, 24 mai 2012, http://www.courrierinternational.com/article/2012/05/24/le-lourd-bilan-ecologique-du-groupe-minier-vale
[14] Génocide indigène en vue au Brésil : la Justice Fédérale ordonne l’expulsion des indiens Guarani-Kaiowá, lettre ouverte de la communauté Guarani-Kaiowá, 14 octobre 2012, Urgence Amazonie, http://www.raoni.com/actualites-474.php
[15] L'extrême droite se donne un label bio, Slate, Damien Dubuc, 16 juillet 2012, http://www.slate.fr/story/59077/extreme-droite-ecologie-bio
[16] Opinion personnelle : Contrairement à de nombreux « Verts de droite » comme la très libérale Isabelle Chevalley ou encore le député au Grand conseil vaudois Jacques-André Haury, le président du parti des Vert’libéraux suisses, Martin Bäumle, s’était démarqué de la position d’Ecopop, choisissant la voie « libérale » plutôt que celle « écologiste ».
Les étiquettes idéologiques ne valent plus grand-chose, à mon sens, dans une époque où tout est prétexte à la récupération politique. L’écologisme, en tant qu’idéologie, ne peut cependant pas faire l’impasse sur son « héritage scientifique », à savoir la prise en compte de l’humain comme membre à part entière de la biodiversité, aussi destructeur qu’il puisse être ; comme l’idéologie libérale a montré, en tant qu’idéologie ultra-dominante et en ces temps de crises et d’austérité, son caractère profondément inhumain – l’économie passe avant l’humain, réduit à de simples chiffres et statistiques –, mélanger « Vert » et « libéral » est le plus bel oxymore que la politique suisse ait pu engendrer (et je pèse mes mots). Ainsi, pour Ecopop, il n’est, au fond, pas étonnant de voir des divergences aux seins mêmes d’un groupe clairement libéral comme celui des Vert’libéraux, soulignant à la fois la propre incohérence de ce parti, et celle, potentielle comme je l’ai écrit, de l’initiative Ecopop.
Une incohérence qui n’est pas non plus étrangère aux Verts Suisses, malheureusement, pris ces dernières années d’une fièvre d’hypercentrisme qui leur coûte à la fois des sièges gouvernementaux et de la crédibilité. Une fièvre dont souffre certains « jeunes loups », à l’instar de sa co-présidente Adèle Thorens-Goumaz. Ce malaise, certes moindre que chez les éco-tartuffes de droite, est pourtant bien palpable chez ces centristes « verts ». Et bien oui, il devient difficile pour ces gens-là de montrer une vraie sensibilité écologiste, lorsque leur politique économique montre les limites de cette « sensibilité ». Et il est regrettable que ce malaise, chez le seul parti écologiste de Suisse, décrédibilise sensiblement l’opposition face à l’initiative Ecopop !