L'année 2009 est riche en célébrations et évènements scientifiques et écologiques. Elle a été décrétée année internationale de l'astronomie ; il y a 400 ans, Galileo Galilei braquait pour la première fois son télescope vers le ciel, découvrant par la même occasion les quatre principaux satellites de Jupiter (Io, Europa, Ganymède et Callisto). Fin 2009, la conférence de Copenhague réunira la communauté internationale en vue de poursuivre les engagements établis lors des accords de Kyoto : un plan général de réduction des gaz à effet de serre sera discuté. Mais quel peut-être le lien entre l'année de l'astronomie et une conférence sur l'avenir climatique et énergétique de l'humanité?
L'astronomie est l'une des plus ancienne science que l'espèce humaine a pratiqué. Très tôt, les astrologues ont étudié les astres, notamment afin de comprendre les rythmes pouvant régir les saisons et ainsi établir un calendrier. Par exemple, l'étoile Sirius, pour les prêtres de l'Égypte ancienne, leur indiquait la période où le Nil était en crue, indication fort utile au monde agricole. Durant toute l'histoire de l'humanité, le ciel nocturne a occupé une place centrale importante, tant au niveau culturel que politique et religieuse (remarquablement exprimée dans les civilisations arabes et aztèques par exemple). Cette place de choix a subsisté jusqu'à la révolution industrielle et l'apparition de l'éclairage urbain. D'abord discret, celui-ci s'est très vite développé. De pair avec l'éclairage des habitations et les pancartes publicitaires, l'éclairage urbain a masqué peu à peu les merveilles du ciel nocturne à la population citadine, si bien qu'aujourd'hui, relever la position de l'Étoile Polaire relève pour beaucoup de l'impossible. Le problème, c'est qu'on a perdu une énergie folle à "éclairer les étoiles" plutôt que les chemins, car pendant trop longtemps, la pollution lumineuse a été négligée.
Ce lien mystérieux dont je parlais au début de ce billet et bien là : l'énergie gaspillée! A l'heure actuelle, on commence seulement à comprendre la nécessité de diminuer tout gaspillage d'énergie, dans un contexte de raréfaction des ressources énergétiques fossiles. Et l'éclairage, dans sa globalité, représente un poste important : selon l'Agence suisse pour l'efficacité énergétique, la consommation suisse attribuée à l'éclairage approche les 10% de la consommation totale, soit près de deux fois la production annuelle de la centrale nucléaire de Mühleberg. Seulement, la demande d'électricité s'accroit d'année en année (environ 2 à 3%). La crise financière actuelle et l'effondrement du système économique global, essentiellement causé par le dogme de la croissance infinie, devrait pourtant nous faire réfléchir, sachant que, tout comme l'argent, les ressources énergétiques ne sont pas illimitées!
Bien sûr, dans le cas de l'astronomie et des nuisances rencontrées par cette discipline fascinante aux alentours des agglomérations urbaines, il ne s'agit que d'une conséquence "culturelle" de ce gaspillage d'énergie dans l'éclairage. Mais ses impacts sont nombreux, tant du point de vue de l'environnement que de celui de notre bien-être : trouble de la faune nocturne, problèmes de santé liés aux troubles du sommeil, etc. Pourtant, les actions pour réduire l'impact de l'éclairage et sa consommation électrique sont simples à réaliser et relativement peu onéreuses, surtout en regard des lourds investissements inhérents aux projets liés au domaine thermique (rénovation d'immeuble, isolation thermique, etc.). Elles consistent en des solutions techniques - ampoules basse consommation, sondes de lumière naturelle, régulateurs horaire de tension électrique, etc. - mais aussi "humaines", c'est-à-dire basées simplement sur l'amélioration de notre comportement. Et comme la technologie, par définition, n'est rien d'autre que l'interaction entre la technique et le comportement vis-à-vis de celle-ci - c'est-à-dire l'utilisation que l'on en fait - ses deux points sont indissociables!
Ainsi, pour sensibiliser les pouvoirs publics et la population sur les conséquences de notre consommation énergétique irréfléchie, le WWF a lancé une action symbolique internationale : Earth Hour. Le samedi 28 mars, entre 20h30 et 21h30, plus de 900 villes à travers le monde - Rome, Lyon, Chicago, Dubaï, Hong-Kong, Manille, etc. - se sont engagées à éteindre leur éclairage (370 villes avaient participé en 2008). Les particuliers sont aussi invités à sortir leurs bougies ce soir-là. Le but est clair comme la pleine Lune : mobiliser le plus de monde possible, afin d'interpeler de manière forte les dirigeants qui se rendront à la conférence de Copenhague au mois de décembre.
Et la Suisse dans tout cela? Si Lausanne, Berne, Nyon ou encore Zürich se sont engagées à éteindre une partie de leur éclairage urbain le 28 mars prochain, Genève, c'est le cas de le dire, brille par son absence. Il est d'autant plus navrant que la ville du bout du lac est l'une de celle qui dépense le plus pour son éclairage urbain, bien plus que Berne ou Zürich (pour les puristes : à Genève, 37.6 Mégawatt heure par kilomètre de route éclairée et par an, contre 27 pour la ville de Berne ou 29.7 pour Zürich). C'est regrettable, surtout au moment où la préoccupation écologique prend enfin de l'ampleur. Peut-être une excuse pour nos élites politiques qui, en bons adeptes de l'idéologie dominante, ne veulent faire des économies que sur le dos des plus faibles...
L'action Earth Hour 2009 du WWF, aussi symbolique soit-elle, a donc tout son sens. Plus que jamais, que ce soit au niveau de la politique locale comme au niveau de la communauté internationale, la pression pour une véritable prise de conscience doit être effectuée! Pas seulement pour que nos enfants ressentent cette fascination que Galilée a sans doute ressenti lorsque son regard s'est tourné vers les espaces infinis. Mais aussi pour que nous leur léguions un monde vivant, où l'humanité aura enfin appris à respecter sa maison et ses habitants!
Alors, le 28 mars, entre 20h30 et 21h30, votons pour la planète, éteignons les lumières!
Sandro
Liens :
www.earthhour.org
www.astronomy2009.ch
www.efficace.ch
www.topten.ch/ep
Bonjour à tous,
RépondreSupprimerFinalement, il semble que la Ville de Genève ait été sensibilisée au problème énergétique et "vote pour la planète". Bonne nouvelle, ce d'autant plus qu'on en parle un peu :
http://www.tdg.ch/geneve/actu/samedi-soir-geneve-plonge-noir-2009-03-27
http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/17919292
http://www.lesquotidiennes.com/politique/samedi-gen%C3%A8ve-%C3%A9teint-la-lumi%C3%A8re.html
Alors, tous à vos bougies demain, dès 20h30!
Sandro