jeudi 6 août 2009

Succession de Couchepin, l'art de parler pour ne rien dire savamment entretenu par la radio publique romande

Le monde politique suisse vit une effervescence toute particulière. Pascal Couchepin, l'un des sept conseillers fédéraux gouvernant le pays, vient, il y a quelques semaines, d'annoncer son départ de la tête du département de l'intérieur. Ses compétences avérées ne laisseront cependant pas un souvenir impérissable, notamment en ce qui concerne la santé, où beaucoup de monde lui a reproché d'être trop proche du lobby des assureurs. Qu'à cela ne tienne, sa succession devrait être l'occasion, pour les "prétendants", d'exposer d'ambitieux programmes de santé et de les expliquer à la population, souvent confuse du fait des incessantes hausses des primes maladie. Sans parler des grands défis que sont la remise à flot de l'Assurance-Invalidité et la prochaine révision de l'AVS...

Rien de tout ça! Les "papables" se succèdent, et les spéculations vont bon train, notamment aux matinales de la Radio Suisse Radicale-libérale - oups, pardon... de la Radio Suisse Romande. "Qui sera le prochain à s'annoncer dans la course au Conseil fédéral"? "Quelle est l'origine linguistique de tel ou tel candidat"?... Les débats et les sempiternelles questions des journalistes politiques des matinales de la RSR au sujet de la succession de Pascal Couchepin tournent uniquement autour des origines linguistiques ou cantonales des candidats. Mais RIEN, absolument RIEN, sur un programme. Pas un mot sur les objectifs et les intentions politiques des candidats. Ce n'est, une nouvelle fois, que la manifesation de ce qu'est devenu la politique : une succession de personalités qui occupent le paysage médiatique, sans rien dire de concret pour autant.

Evidemment, le peuple n'élit pas les conseillés fédéraux en Suisse. Peut-être est-ce pour cela que les prétendants au Conseil fédéral ne prennent pas la peine d'étoffer ouvertement leur position, leur programme et leurs objectifs, au moment où ils s'annoncent. Mais il est triste que des médias, comme la RSR du service public, ne prennent, eux, pas le temps d'analyser plus en détail cet état de fait, et se contentent d'offrir une vitrine à ces politiciens dont certains, comme le genevois Christian Lüscher, brillent surtout par leur arogance et leur incompétence dans la maitrise de certains dossiers. Heureusement qu'une certaine presse écrite indépendante pose de meilleures questions.

Mais je me disperse. Je reconnais que je suis las de l'information distilée par les matinales de la RSR qui, actuellement, ne se résume qu'à deux points : l'UBS et l'économie de marché, et la succession Couchepin (mais sans mention de programme de succession). J'exagère à peine! Imaginez, dans le cas de "l'après-Couchepin", jusqu'où cela arrive! On invite l'ancien président du festival du film de Locarno le jour ou celui-ci débute. Mais de quoi parle-t-on avec Marco Solari (membre du parti radical, faut-il le souligner) durant presque toute l'interview? Pas de films, presque pas du festival, mais de qui doit succéder à Couchepin. Bien sûr, toujours aucune mention d'un quelconque programme ou d'une esquisse d'objectif politique...

Est-ce un appauvrissement - avec parti pris - de l'information politique chez la RSR, plus désireuse de créer un "feuilleton de l'été" que de faire de l'information d'investigation (demander aux candidats plus de détails sur leurs intentions politiques, faire en sorte qu'ils les exposent et les passer au crible)? Je le crois, malheureusement. J'espère que, au-delà des partis politiques (car, faut-il le rappeler, gouverner au Conseil fédéral implique de travailler au-delà des clivages politiques, critère totalement inconnu par certains candidats genevois...), les candidats "compétents", déclarés (Didier Burkhalter, Pascal Broulis) et potentiels (Urs Schwaler), expriment enfin le programme qu'ils souhaitent appliquer en reprenant le difficile et énorme département que Pascal Couchepin a dirigé jusqu'ici. Dans le cas de la santé, par exemple, on pourra alors, au moins, essayer de deviner si, à l'instar de son prédécesseur, le nouveau chef de l'intérieur sera toujours aux basques des assureurs...

Plus de politique active, et moins de blabla et de show médiatique! Mais bon, pour ce que j'en sais en politique...

Sandro

1 commentaire:

  1. C'est en effet assez représentatif du traitement médiatique de cette succession, mais pas seulement sur La Première. C'est pareil dans la plupart des médias, à part quelques exceptions comme tu l'as signalé. Ca ressemble en effet au feuilleton de l'été.

    Mais au fond, qu'est-ce que ça changerait qu'ils exposent leur programme ? Comme tu l'as dit, nous n'élisons pas les Conseillers fédéraux. Les seuls qu'il faut convaincre c'est les autres partis et ça se joue généralement sur totalement autre chose. L'UDC par exemple veut un Libéral-Radical qui soit suffisamment à droite et pas vraiment pro-européen si possible. C'est un jeu politique, le programme compte peu finalement.

    En tous cas, quitte à jouer le jeu du feuilleton de l'été autant le faire bien. Et à Genève on l'a plutôt mal joué avec la fine équipe Lüscher/Brunswick Graf. Et ça promet si par le plus grand des hasards l'un d'eux est élu...

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