lundi 11 avril 2011

2ème partie - Le réveil?

Filière nucléaire pas si propre que cela !

La notion de rendement, traduisant l’efficacité avec laquelle l’énergie « contenue » dans la matière première est convertie en énergie exploitable sur le réseau électrique, et la prise en considération de cette notion dans les débats, doivent permettre de braquer les projecteurs sur l’origine de cette matière première : d’où vient-elle ; comment est-elle produite ou extraite ?

On parle en effet beaucoup de stockage des déchets. La filière de retraitement a d’ailleurs été le thème d’un reportage télévisé édifiant : « Uranium : le scandale de la France contaminée ». Et, en termes de « trafic surprenant » de déchets, cela continu aujourd’hui encore, où un transport maritime de MOX (plutonium) entre la France et le Japon a eu lieu jeudi 7 avril dernier, depuis le port de Cherbourg.

On parle beaucoup moins de l’origine du combustible nucléaire. Et pour cause, cela ruinerait l’argument récurrent selon lequel le nucléaire permet l’indépendance énergétique d’un pays – en Suisse notamment – face à l’étranger. C’est amusant, l’argument de l’indépendance énergétique par le nucléaire, lorsque quelques notions de géologie vous apprennent qu’il n’y a pas de gisement d’uranium économiquement exploitable en Suisse (et plus en France).

Du coup, malgré cette indépendance théorique qu’on nous vante tant, on doit bien chercher le combustible ailleurs, au Niger, au Canada, au Kazakhstan ou en Australie. Et là, ça coince : on se rend compte que l’exploitation de ces gisements pose de gros problèmes humains et écologiques. Du reste, des études menées par l’Institut d’Ecologie d’Autriche ont montré l’impact environnemental important de la phase d’extraction comparé à l’ensemble du cycle « normal » du combustible, soit en excluant des accidents graves comme Tchernobyl.

La production du combustible par le biais de l'uranium, principale ressource pour la filière nucléaire, peut se résumer en quatre étapes :

  • l'extraction du minerai (mines) ;

  • la transformation de ce minerai sous forme de « yellow cake » par concentration du minerai sur place ;

  • le raffinage et les transformations chimiques en vue de l'enrichissement de l'uranium ;

  • l'enrichissement de l'uranium, nécessaire pour son emploi dans les centrales nucléaires, effectué par exemple par diffusion gazeuse ou à l'aide de centrifugeuses, opération très consommatrice en énergie.

Durant ces étapes, de nombreux transports ont lieu, souvent sur de longues distances. Cela affaiblie quelque peu l'argument du nucléaire comme rempart contre les émissions de CO2. Mais ce ne sont pas les seules difficultés. La mise en place des mines d'extraction de l'uranium, comme pour d'autres ressources naturelles, pèse sur l'environnement (destruction de forêts, etc.) et sur les populations locales (relocalisations, intoxications dues à la pollution, etc.). Impacts humains et écologiques se confondent ici, notamment durant et après l’exploitation d’une mine. Si le minerai d’uranium, faiblement radioactif, ne présente aucun danger en soi, les déblais accumulés (terrils), exposés au vent et à l’érosion due à la pluie, sont une source de dispersion dans l’environnement des radio-isotopes accumulés. Ceux-ci se retrouvent dans les environs et, notamment, dans les nappes phréatiques. Or, il est intéressant de noter que, si la question des déchets est assez fréquemment abordée, ce n'est pas le cas de ces résidus d'exploitation, dont le retraitement pose des défis techniques et organisationnels très conséquents.

A noter que 60% du combustible utilisé provient du désarmement des missiles nucléaire américano-russes, le 40% restant provenant des mines (source : 2000Watt.org). Un lourd héritage...

L'argument fallacieux de la filière de l'uranium éthique.

Le lobby pro-nucléaire avance également, pour défendre son gagne-pain, que l'énergie atomique est une filière « éthique », dans le sens que le minerai principal utilisé pour les centrales nucléaires – l'uranium – est extrait dans des pays stables et démocratiques. Un article publié en novembre 2010 par Alliance Sud (Communauté de travail pour la politique de développement de Swissaid, Action de carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Eper) tempère quelque peu ce discours qui, avouons-le, est soit naïf, soit délibérément trompeur et mensonger : lire à ce propos le très intéressant article sur le nucléaire, l'extraction de l'uranium et son impact sur les populations autochtones, paru sur le site peuples-menaces.ch.

Prenons l'exemple des pays fournisseurs de la Suisse, qui sont grosso modo les mêmes que pour le reste de l'Europe : selon le Forum Nucléaire Suisse, l'uranium utilisé en Suisse provient du Canada (25%), de Russie (17%), d'Australie (16%), du Niger (10%) et du Kazakhstan (6%).

Canada, premier producteur mondial d’uranium

La mine de McArthur River, au Canada, est la plus importante mine d’uranium à haute teneur du monde (160'000 tU, teneur du minerai de 22% ; source : Ressources Naturelles du Canada). Le géant français Areva est l’un des principaux acteurs dans la région, avec le premier producteur mondial d’uranium, le canadien CAMECO ; l’ensemble du bassin de Athabasca est un lieu « béni des dieux » pour l’industrie de l’uranium. D’ailleurs, le Canada a été pionnière dans l’exploitation du minerai d’uranium, la première mine se trouvant à Port Radium. Jusque dans les années 1965, l’ensemble des gisements canadiens était essentiellement destiné à l’approvisionnement de l’armement nucléaire de la Guerre Froide, mais depuis, on s’est tourné complètement vers le nucléaire civil. Mais, bien que les acheteurs doivent promettre de ne pas utiliser l’uranium à des fins militaires, le réseau « Sortir du nucléaire » canadien nous apprend qu’une commission d’enquête environnementale au Saskatchewan, la principale région d'extraction de l'uranium au Canada, a soulevé quelques interrogations à ce sujet.

La population locale et les services de santé, inquiets des effets liés à l’absorption d’eau et d’aliments contaminés notamment par le ruissellement sur les terrils, et les pertes radioactives finissant dans les cours d’eau et les nappes phréatiques, ont fait pression ces dernières années pour obtenir, de la part du gouvernement et des exploitants miniers, des garanties concrètes et indépendantes sur l’innocuité des mines d’uranium. Mais, à part les réponses entendues des directeurs d’exploitation, aucune preuve tangible n’a été, semble-t-il, obtenu.

Car ici aussi, à l’instar de nombreuses exploitations minières, l’extraction d’uranium pose des problèmes environnementaux. D’ailleurs, à titre de précaution, les gouvernements de Colombie-Britannique et de Nouvelle-Écosse ont décrété en 2009 un moratoire sur les exploitations minières d’uranium (source : Radio Canada). Au Canada, selon le Regroupement pour la surveillance du nucléaire (CCNR.org), 175 millions de tonnes de résidus d’exploitation d’uranium, contenant entre autres de l’arsenic et des métaux lourds, existent sur le territoire. Rien qu’à l’ancienne mine de Stanrock (Elliot Lake, Ontario), près de 130 millions de tonnes seraient présents (source : CCNR.org) ! Cela me paraît beaucoup par rapport au chiffre total énoncé sur l'ensemble du Canada, ce qui me laisse, je l'avoue, quelque peu sceptique. Il n'empêche que les problèmes des détritus d'extraction et de leur retraitement sont bien réels et doivent être portés à la connaissance du public.

Du point de vue purement humain maintenant, un constat de la situation canadienne peut éclairer d'un jour nouveau l'ensemble de la situation de l'exploitation de l'uranium dans le monde. Selon le réseau « Non au nucléaire », 80% de l'uranium extrait des mines proviennent de territoires peuplés majoritairement par des peuples premiers (et non primitifs comme le dit l'article, terme aux connotations trop péjoratives et, à plusieurs égards, infondés). Le Canada ne déroge pas à cette règle. Voici un paragraphe de l'article de Helena Nyberg (AG Uran) paru sur le site de « Non au nucléaire ».

Les problèmes provoqués par les résidus toxiques liés à l’extraction d’uranium ne sont toujours pas résolus: d’immenses terrils constitués par la pluie et le vent s’amoncèlent aux abords des mines, et les particules radioactives qui ruissellent et sont soufflées contaminent l’air et l’eau. Comme des produits chimiques agressifs sont utilisés pour transformer le minerai d’uranium, les eaux et les sols de la région sont de surcroît empoisonnés par des résidus d’acide sulfurique, de mercure ou d’arsenic. Dans les mines souterraines, aucune aération efficace protégeant contre la radioactivité n’a encore été mise en place. Beaucoup de travailleurs indiens sont par conséquent tombés malades, atteints de cancers du poumon et de leucémies. On leur a très souvent mis à disposition, en guise de salaire, du matériel pour la construction d’habitations provenant des mines d’uranium. Des familles entières ont ainsi respiré pendant des années de l’air radioactif dans les pièces des leurs maisons. Certes, les entreprises exploitantes agissent aujourd’hui de manière plus prudente. Mais les problèmes pour les êtres humains et l’environnement persistent.

L'article termine sur le commentaire d'un habitant de la région. Celui-ci en dit long sur la détresse des voisins des exploitations d'uranium canadienne, majoritairement aux mains d'Areva :

«Quand vous allumez la lumière chez vous, la vie s’arrête chez nous.» (Tom LaBlanc, Sisseton Dakota).

Australie, à l’industrie de l’uranium peut respectueuse de la nature… et de la culture locale.

En 2004, l’Australie, 2ème producteur, assurait près du quart de la production mondiale d’uranium. Si elle n’en consomme presque pas et ne possède que trois mines, l’uranium est abondamment exporté : 9’600 tonnes d’oxyde par an pour un total de 1.1 milliards d’euro (source : AFP, 20 mars 2011). L'exploitation minière est une véritable force politique dans le pays, capable de faire destituer des ministres quand ceux-ci s'en prendraient à leurs intérêts. Vous parliez de démocratie pour les pays producteurs d'uranium ?

Selon un article du 14 août 2010 de Jessie Boylan (IPS) avec Sandra Titi-Fontaine (InfoSud), l’exploitation de l’uranium australien se heurte, répétition de l’Histoire, à l’opposition des peuples aborigènes. C’est qu’il y a des précédents désastreux en Australie. A la mine de Rum Jungle, les rejets d’acide, employé dans l’extraction du minerai, a décimé la faune et la flore de la région. Rio Tinto, le géant minier qui racheta les exploitants de cette mine, a toujours refusé la responsabilité de l'une des pires pollutions en Australie.

Le pays des kangourous a depuis toujours attiré les prospecteurs des quatre coins du monde. Terre riche et ancienne, l'Australie recèle des gisements importants d'uranium. Areva (décidément, encore eux...) l'a bien compris. Présent depuis longtemps sur la plus grande terre de l'Océanie, la firme tentait en 2005 d'exploiter le gisement de Koongarra, où reposent près de 14'000 tonnes d'uranium. Seulement, cette terre, appartenant au parc national de Kakadu classé au patrimoine mondial par l'UNESCO (peintures rupestres, écologie, etc.), est aussi le domaine de vie de peuples aborigènes (Marrar), qui ont depuis longtemps refusé que l'on exploite cette zone : depuis 1971, date à laquelle le gisement a été découvert, aucune exploitation n'a pu s'implanter là.

Mais malgré le refus des populations locales, Areva ne voulait pas lâcher le morceau. Tel des vautours autours d'un animal à l'agonie, la firme française attend que « le contexte politique évolue ». C'est que, malgré les quantités relativement faibles d'uranium du site, les stocks militaires commencent à s'épuiser et, spéculation sur les prix aidant, Areva tablait sur près de 500 millions d'euros de « trésor potentiel » (Le Monde, 22 février 2005). Mais ce n'est probablement rien à côté des stocks de gisements australiens, qui feront dire à Areva que ce pays détient les plus grandes réserves d'uranium au monde.

Ainsi, que représentent, pour ces industriels, le respect de la terre et des origines que perpétuent les Aborigènes (le Temps du Rêve) ou encore le classement d'une réserve au patrimoine mondial de l'UNESCO. Absolument rien, seule compte la promesse de profits colossaux par les résultats indiquant que la région posséderait les gisements les plus riches du monde.

Si Koongarra ne semble, sauf erreur, pas exploitée, il n'en est pas de même de la mine voisine de Ranger, sur un terrain « artificiellement » en dehors de la zone classée à l'UNESCO, alors qu'elle fait partie intégrante de la réserve de Kakadu. Le Journal de l'Environnement indiquait en 2006, dans un article d'Agnes Ginestet, que des cas de contamination excessive avaient été enregistrés chez les Aborigènes vivant dans les environs de la mine. Aujourd'hui, les administrateurs de la mine sont astreints à des contrôles rigoureux, en regard de la situation géographique au sein du parc national, et assurent qu'il n'y a pas de contamination.

On pourrait se poser la question : qui croire ? Mais là aussi, au-delà de cette question, faute de preuves facilement accessibles, un fait demeure. Les peuples autochtones, qui ne souhaitent pourtant pas voir ces mines sur leur territoire, n'ont pas d'autres choix que de s'en accoutumer. Comme au Canada... Où est la notion de démocratie ici ? Je vous le demande!

Russie et Kazakhstan, un duo fumeux.

En deuxième et cinquième position des pays fournisseurs de la Suisse arrivent, respectivement, la Russie et le Kazakhstan. Ici, l'argument de la stabilité démocratique avancée par le lobby nucléaire est facilement démonté. Depuis l'assassinat politique de la journaliste Anna Politkovskaïa le 7 octobre 2006 ou encore les exactions russes en Tchétchénie et en Ingouchie, il est pourtant de notoriété publique que le gouvernement de Russie n'est pas un exemple de démocratie respectueuse des Droits de l'Homme. Elle en est même loin !

Pourtant, la Suisse s'approvisionne en uranium auprès du gouvernement de Poutine (et de Medvedev, sans sourciller. Même lorsque Greenpeace prouve que les centrales de Gösgen et de Beznau « utilisent de l'uranium provenant de la tristement célèbre usine russe de retraitement de plutonium de Mayak »...

Mayak est considéré comme la région la plus irradiée du monde après Tchernobyl. En 1957, une cuve remplie de plutonium explosait (explosion chimique), éparpillant à plusieurs kilomètres d'altitude quelques 2 millions de curies de produits radioactifs, et près de dix fois plus dans l’environnement de l’installation, soit environ la moitié des quantités rejetées à Tchernobyl.

Selon Greenpeace : « Les effets sur les populations locales sont effroyables. Le nombre de cancers et de fausses-couches y est bien supérieur à la moyenne. Des enfants y naissent avec des maladies génétiques et des handicaps extrêmement graves. En 2006, Vitali Sadovnikov, directeur des installations nucléaires, a été arrêté pour le déversement de millions de mètres cubes d'effluents radioactifs liquides dans une rivière qui fournit de l'eau potable aux riverains; une amnistie générale l'a libéré après coup. »

Pendant ce temps, nos petites centrales tournent tranquillement avec du combustible provenant du complexe de Mayak, à l'insu de tout le monde, sauf peut-être de ceux qui se gargarisent de propos vantant le nucléaire éthique !

Et le Kazakhstan alors ? A cela, je vous répondrai par une question : pensez-vous qu'un président comme Noursoultan Nazarbayev, au pouvoir depuis 1990, au régime corrompu et dont le parti domine intégralement la chambre basse du parlement, peut-il se targuer d'être le représentant démocratique du peuple kazakh ? C'est sûr, comme le relatait l'AFP le 5 avril dernier, que l'Occident s'accomode, pour l'instant, très bien de ce dictateur. Et les centrales nucléaires suisses et européennes aussi...

Non mais franchement, où sont ces pays démocratiques dont nous parlait le lobby nucléaire ? Non, c'est peut-être la stabilité de ces régimes dictatoriaux qui les attirent plus !

Niger, réserve d’uranium au seul bénéfice de l’industrie nucléaire française.

Le Niger est le quatrième exportateur d’Uranium au monde, loin derrière le Canada et l’Australie. La Suisse est un client de l'uranium nigérien.

Ici aussi, le poids de l'industrie de l'uranium pèse sur les populations locales, où les Touaregs se sont vus privés de pâturages pour leurs bêtes pour laisser place aux exploitations. Le Monde diplomatique traitait de cette guerre de l'uranium en 2008, sur fond de tensions et de revendications à un partage plus juste des richesses.

En décembre 2003, la CRIIRAD a mené une inspection indépendante dans les mines Arlit (Niger). Le rapport final a souligné plusieurs irrégularités ayant cours dans cette exploitation. A relever que cette inspection a été perturbée par la confiscation du matériel et part diverses obstructions de la part des autorités nigériennes et l’entreprise détentrice de l’exploitation, la Cogéma, filiale d'Areva (toujours eux décidément !).

C’est que le Niger exporte énormément en France (et en Suisse aussi). Qu’en est-il du point de vue de l’économie nigérienne et, surtout, du porte monnaie de ces habitants ? On pourrait s’attendre, en bon esprit libéral, que les accords commerciaux sur l’uranium, signés entre la France et le Niger depuis 1961 aient été bénéfiques pour le pays. Le commerce de l’uranium, très lucratif, n’a cependant pas bénéficié au Niger, l’un des plus pauvres du monde (lire l’article sur les Afriques : « L’Uranium du Niger : 20 milliards de dollars perdus en 50 ans »). La « main invisible » est bel-et-bien inexistante dans le cas de l’uranium nigérien !

A qui la faute ? Certains prétendent que la France, dans la continuité de la Franceafrique et du colonialisme, en est la principale bénéficiaire, par les prix arbitraires qu’elle a su maintenir. D’autres répondent que ces arguments mettant en cause le post-colonialisme sont sans fondement et que la corruption de fonctionnaires et d’hommes d’état en est la cause. Eternels discours et discordes sur l’Afrique… Sans doute y-a-t-il un peu de vrai de part et d’autre. Reste que, d’un côté, Areva et l’industrie nucléaire française font leur beurre avec l’uranium du Niger, alors que, de l’autre, les locaux n’ont que leurs yeux pour pleurer ! Cela, c'est un constat!

Et chez nous ? Et bien, ce n’est pas mieux.

Dans le Monde du 7 avril dernier, on pouvait lire le blues des professionnels du nucléaire en France, suite à l’accident de Fukushima. D’après le journal, la branche reste convaincue sur « l’avenir » du nucléaire, et déplore l’image calamiteuse avec laquelle les médias la dépeignent. Bon, en même temps, l’article ne relate, essentiellement, que des propos de mes « collègues » ingénieurs et autres concepteurs, probablement aux revenus et aux positions relativement corrects.

Autre son de cloche du côté des sous-traitants. Souvent mal payés, sous pression constante (comme souvent dans la sous-traitance), particulièrement lors des arrêts de maintenance périodique, ceux-ci prennent une place de plus en plus grande dans l’exploitation des centrales nucléaires. On apprend ainsi qu’à la centrale nucléaire de Tihange en Belgique, la société Electrabel, filiale de GDF-Suez, emploie plus d’employés de sous-traitance (600) que ses propres employés (400-450), alors qu’elle se doit de respecter un rapport 50/50. Elle semble systématiquement refuser le débat sur l’emploi des sous-traitants ainsi que sur leurs conditions de travail.

Ce n'est pas un cas isolé, loin s'en faut. Dans son livre « Vers un Tchernobyl français ? » (ISBN : 978-2-84736-250-3), Eric Ouzounian relate les propos d'un ancien responsable d'EDF, véritable cri d'alarme face aux égarements de l'industrie nucléaire en France, les peurs du personnel, les pressions sur les sous-traitants et les drames humains qu'elles peuvent occasionner (comme le suicide de cet employé à la centrale de Chinon, fin août 2004).

Exploitation des gisements, exploitation des centrales : mais où est donc passée cette filière supposée si propre et si éthique qu’est l’énergie nucléaire ? Arrêtons d’être naïf ; la question serait plutôt de savoir si elle n’a jamais existé.


La suite, bientôt, dans la troisième partie de ce billet dédié à l'énergie nucléaire. A bientôt!

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