Curieux-ses du Net, bien le bonjour d'un écologiste loin d'être découragé.
Deux semaines, c'est ce qu'il a fallu aux délégués internationaux pour... ne rien faire en faveur de l'environnement. Deux semaines, marquées par l'inexistence de dialogue entre la population - inquiète à juste titre par rapport à l'avenir de la planète - et les représentants internationaux - préoccupés par leurs seuls intérêts et en la rédaction de phrases "bateau". Deux semaines où l'on aura surtout vu la désorganisation des organisateurs et la répression de membres d'ONG voulant réveiller cette assemblée quelque peu... léthargique. Deux semaines sensées réduire les émissions de CO2, mais où les principaux protagonistes se seront surtout déplacés en grosses limousines et jets privés.
A l'heure où j'écris ces lignes, le sommet n'est pas tout à fait terminé, mais il est clair que plus rien n'est à attendre des négociations de Copenhague. Seule une déclaration politique, pompeuse mais vide de sens et d'intérêt, sera vraisemblablement présentée à la face du monde, un monde qui, pourtant, attendait bien mieux que cela (mais, y croyait-il vraiment?). L'éditorial de Benito Perez du Courrier, résume bien la situation :
Rarement l'image du Titanic, avancée cette semaine à Copenhague par le délégué de Tuvalu, n'aura été aussi appropriée. Alors que le monde file droit sur un iceberg détaché des pôles, l'orchestre des grandes puissances continue à jouer tranquillement la même rengaine. Qu'un accord de façade soit signé ou pas dans les prochaines heures ne changera rien au fond du problème: le Sommet onusien sur le climat n'aura pas été – et de très loin! – à la hauteur du défi posé à l'humanité par la dégradation accélérée de son environnement. [...]
Bien sûr, ce sommet restera dans l'histoire. Jamais autant de nations et d'intervenants ne se seront penchés sur la cause du climat. On peut dire que l'échec, devant l'ampleur de la tâche, était presque assuré.
Mais il restera aussi dans les mémoires - celles non embrumées par le dogmatisme tout du moins - pour une autre raison : le Sommet de Copenhague aura montré, s'il en était encore nécessaire, que l'écologie et le social doivent, une nouvelle fois, s'incliner devant l'économie. Et le manque de courage de certaines nations est tout simplement intolérable. Chacun, à l'instar de l'Europe, conditionne son action au bon vouloir des autres (autrement dit, on se protège de l'échec, en rejetant les responsabilités du dit échec aux autres pays, tout en ménageant les lobbys économiques qui, n'en déplaise aux sceptiques, sont incomparablement plus puissants que tous les mouvements altermondialistes réunis). On se croirait dans une cour de récréation : "c'est pas moi qui a commencé, c'est lui!" Or, ne dit-on pas aux enfants, dans ce cas, que pour résoudre une dispute sans recourir à la violence, on doit faire preuve d'intelligence? A voir les imbécilités irresponsables qui transparaissent du Sommet de Copenhague, je crois bien que certains enfants de primaire manifestent de temps en temps bien plus d'intelligence et de sagesse que les milliers d'"adultes" invités par l'ONU.
Comme cause de l'échec du sommet pour le climat, certains observateurs, comme le journaliste-écrivain Claude-Marie Vadrot, soulignent l'absence de dialogue entre les délégués, politiques et la société civile et les ONG. Ce manque de dialogue illustre parfaitement le décalage qu'il existe entre la population et les élites au pouvoir ; il marque aussi un déficit démocratique, fort regrettable vu l'ampleur du problème écologique.
Mais plus personne ne peut contester le rôle des lobbys dans cet échec. Les sceptiques médiatiques de tout poil ne pourront plus, dès lors, parler de "complot international et politique anti-CO2" en contestant le réchauffement climatique et son origine humaine ; en effet, c'est bien une assemblée onusienne qui vient de torpiller les efforts pour réduire drastiquement les émissions de CO2. Une assemblée à la solde des lobbys, sponsors de certains sceptiques climatiques (lire à ce titre l'article très intéressant paru dans le Courrier International du 20 septembre 2007 : Comment travaille le lobby des sceptiques, Sharon Begley) : de ce qui semble sortir du Sommet, il n'y a rien qui fait mention de la sortie du pétrole. Ah tiens! Tout ce beau monde parle de lutter contre le réchauffement climatique, sans pour autant se défaire de la "sacro-sainte" dépendance aux hydrocarbures?
En terme de lobby, l'OPEP n'est pas le seul. De nombreuses nations de part leur monde ont leur propre lobbys conservateurs : les USA de Barack Obama, où le scepticisme climatique, exacerbé par les associations industrielles (Fédération américaine des chambres de commerce) et créationnistes, est très fort ; la France nucléaire de Sarkozy, où la demande d'EDF d'introduire une taxe pour palier le manque à gagner entrainé par les dispositifs d'économies d'énergies (système de délestage) trouve gain de cause, etc. Bref! L'écologisme ne sert qu'à embellir les discours ; quand on passe au concret, les "vieilles habitudes" en terme d'allégeances économiques reviennent...
Enfin, les résistances occidentales, surtout vis-à-vis de la Chine, sont d'une hypocrisie incroyable. Bien sûr, l'Empire du Milieu, en bonne dictature, ne brille pas par sa transparence. Et les dégats écologiques, créés en partie par la procédure de néolibéralisation en cours de l'économie chinoise, sont bien réels. Mais, qui consomme les produits Made in China? Mmmh?... En compétition avec l'Allemagne pour la place de numéro 1 mondial en terme d'exportation, la Chine a été, pendant longtemps, une terre d'accueil pour les sociétés occidentales en pleine délocalisation ; en 2006, les produits estampillés Made in China sont exportés pour près de 21% aux États-Unis (alors que ces derniers contribuaient, la même année, pour 7,48% des importations de la Chine ; total des exportations chinoises 2006 : 752,2 milliards de dollars US ; total des importations chinoises 2006 : 631.8 milliards de dollars US - Sources : CIA World Fact, version du 16 mai 2008). Il est donc choquant que les Américains bloquent les négociations face aux résistances du gouvernement chinois, alors qu'en même temps, ils contribuent à la pollution en Chine par la fabrication des innombrables produits qu'ils consomment!
On le voit, devant tout ça, rien d'étonnant à ce que le Sommet de Copenhague se termine par un échec. Échec d'autant plus cinglant qu'un sentiment de lassitude risque de s'instaurer auprès de la population : "ah quoi bon se mobiliser, les puissants n'en ont que faire".
C'est pourquoi, à la suite des actions comme Earth Hour, 350.org et d'autres, nous tous devons, malgré tout, maintenir la pression et la mobilisation. Car, comme j'ai eu l'occasion de le dire, la sauvegarde de la planète ne se limite pas au climat. La biodiversité et les ressources comme l'eau sont des points très importants sur lesquels notre attention devra se porter de toute urgence. Et en ce qui concerne le climat, le réchauffement climatique n'est pas le seul objet de débat ; les problèmes énergétiques et la dépendance au pétrole doivent occuper également une place centrale dans les discussions. A force d'exercer une pression quotidienne, les mentalités ont commencé à changer. Il faut donc poursuivre l'effort.
Car la révolution écologique qui a contribué à l'établissement du Sommet de Copenhague est, fondamentalement, partie "du bas". Ce ne sont pas les gouvernements où les élites médiatiques qui ont tiré les premiers la sonnette d'alarme. Mais ce sont les scientifiques (comme Rachel Carson dans le cas des pesticides à la fin des années 50), des populations et des collectivités locales (de Bolivie au fin fond des forêts indonésiennes), les altermondialistes et les diverses ONG qui, durant plusieurs décennies, n'ont cessé de dire que notre société, si elle continuait à exploiter et à maltraiter l'environnement, courrait à sa perte!
Je vous donne donc rendez-vous non pas (forcément) à Bonn ou à Mexico-City, mais au prochain Earth-Hour l'année prochaine. Car, aujourd'hui plus que jamais, c'est bien à nous, peuples du monde entier, d'agir!
Bien à vous.
Sandro
Deux semaines, c'est ce qu'il a fallu aux délégués internationaux pour... ne rien faire en faveur de l'environnement. Deux semaines, marquées par l'inexistence de dialogue entre la population - inquiète à juste titre par rapport à l'avenir de la planète - et les représentants internationaux - préoccupés par leurs seuls intérêts et en la rédaction de phrases "bateau". Deux semaines où l'on aura surtout vu la désorganisation des organisateurs et la répression de membres d'ONG voulant réveiller cette assemblée quelque peu... léthargique. Deux semaines sensées réduire les émissions de CO2, mais où les principaux protagonistes se seront surtout déplacés en grosses limousines et jets privés.
A l'heure où j'écris ces lignes, le sommet n'est pas tout à fait terminé, mais il est clair que plus rien n'est à attendre des négociations de Copenhague. Seule une déclaration politique, pompeuse mais vide de sens et d'intérêt, sera vraisemblablement présentée à la face du monde, un monde qui, pourtant, attendait bien mieux que cela (mais, y croyait-il vraiment?). L'éditorial de Benito Perez du Courrier, résume bien la situation :
Titanic à Copenhague
Paru le Vendredi 18 Décembre 2009Rarement l'image du Titanic, avancée cette semaine à Copenhague par le délégué de Tuvalu, n'aura été aussi appropriée. Alors que le monde file droit sur un iceberg détaché des pôles, l'orchestre des grandes puissances continue à jouer tranquillement la même rengaine. Qu'un accord de façade soit signé ou pas dans les prochaines heures ne changera rien au fond du problème: le Sommet onusien sur le climat n'aura pas été – et de très loin! – à la hauteur du défi posé à l'humanité par la dégradation accélérée de son environnement. [...]
Bien sûr, ce sommet restera dans l'histoire. Jamais autant de nations et d'intervenants ne se seront penchés sur la cause du climat. On peut dire que l'échec, devant l'ampleur de la tâche, était presque assuré.
Mais il restera aussi dans les mémoires - celles non embrumées par le dogmatisme tout du moins - pour une autre raison : le Sommet de Copenhague aura montré, s'il en était encore nécessaire, que l'écologie et le social doivent, une nouvelle fois, s'incliner devant l'économie. Et le manque de courage de certaines nations est tout simplement intolérable. Chacun, à l'instar de l'Europe, conditionne son action au bon vouloir des autres (autrement dit, on se protège de l'échec, en rejetant les responsabilités du dit échec aux autres pays, tout en ménageant les lobbys économiques qui, n'en déplaise aux sceptiques, sont incomparablement plus puissants que tous les mouvements altermondialistes réunis). On se croirait dans une cour de récréation : "c'est pas moi qui a commencé, c'est lui!" Or, ne dit-on pas aux enfants, dans ce cas, que pour résoudre une dispute sans recourir à la violence, on doit faire preuve d'intelligence? A voir les imbécilités irresponsables qui transparaissent du Sommet de Copenhague, je crois bien que certains enfants de primaire manifestent de temps en temps bien plus d'intelligence et de sagesse que les milliers d'"adultes" invités par l'ONU.
Comme cause de l'échec du sommet pour le climat, certains observateurs, comme le journaliste-écrivain Claude-Marie Vadrot, soulignent l'absence de dialogue entre les délégués, politiques et la société civile et les ONG. Ce manque de dialogue illustre parfaitement le décalage qu'il existe entre la population et les élites au pouvoir ; il marque aussi un déficit démocratique, fort regrettable vu l'ampleur du problème écologique.
Mais plus personne ne peut contester le rôle des lobbys dans cet échec. Les sceptiques médiatiques de tout poil ne pourront plus, dès lors, parler de "complot international et politique anti-CO2" en contestant le réchauffement climatique et son origine humaine ; en effet, c'est bien une assemblée onusienne qui vient de torpiller les efforts pour réduire drastiquement les émissions de CO2. Une assemblée à la solde des lobbys, sponsors de certains sceptiques climatiques (lire à ce titre l'article très intéressant paru dans le Courrier International du 20 septembre 2007 : Comment travaille le lobby des sceptiques, Sharon Begley) : de ce qui semble sortir du Sommet, il n'y a rien qui fait mention de la sortie du pétrole. Ah tiens! Tout ce beau monde parle de lutter contre le réchauffement climatique, sans pour autant se défaire de la "sacro-sainte" dépendance aux hydrocarbures?
En terme de lobby, l'OPEP n'est pas le seul. De nombreuses nations de part leur monde ont leur propre lobbys conservateurs : les USA de Barack Obama, où le scepticisme climatique, exacerbé par les associations industrielles (Fédération américaine des chambres de commerce) et créationnistes, est très fort ; la France nucléaire de Sarkozy, où la demande d'EDF d'introduire une taxe pour palier le manque à gagner entrainé par les dispositifs d'économies d'énergies (système de délestage) trouve gain de cause, etc. Bref! L'écologisme ne sert qu'à embellir les discours ; quand on passe au concret, les "vieilles habitudes" en terme d'allégeances économiques reviennent...
Enfin, les résistances occidentales, surtout vis-à-vis de la Chine, sont d'une hypocrisie incroyable. Bien sûr, l'Empire du Milieu, en bonne dictature, ne brille pas par sa transparence. Et les dégats écologiques, créés en partie par la procédure de néolibéralisation en cours de l'économie chinoise, sont bien réels. Mais, qui consomme les produits Made in China? Mmmh?... En compétition avec l'Allemagne pour la place de numéro 1 mondial en terme d'exportation, la Chine a été, pendant longtemps, une terre d'accueil pour les sociétés occidentales en pleine délocalisation ; en 2006, les produits estampillés Made in China sont exportés pour près de 21% aux États-Unis (alors que ces derniers contribuaient, la même année, pour 7,48% des importations de la Chine ; total des exportations chinoises 2006 : 752,2 milliards de dollars US ; total des importations chinoises 2006 : 631.8 milliards de dollars US - Sources : CIA World Fact, version du 16 mai 2008). Il est donc choquant que les Américains bloquent les négociations face aux résistances du gouvernement chinois, alors qu'en même temps, ils contribuent à la pollution en Chine par la fabrication des innombrables produits qu'ils consomment!
On le voit, devant tout ça, rien d'étonnant à ce que le Sommet de Copenhague se termine par un échec. Échec d'autant plus cinglant qu'un sentiment de lassitude risque de s'instaurer auprès de la population : "ah quoi bon se mobiliser, les puissants n'en ont que faire".
C'est pourquoi, à la suite des actions comme Earth Hour, 350.org et d'autres, nous tous devons, malgré tout, maintenir la pression et la mobilisation. Car, comme j'ai eu l'occasion de le dire, la sauvegarde de la planète ne se limite pas au climat. La biodiversité et les ressources comme l'eau sont des points très importants sur lesquels notre attention devra se porter de toute urgence. Et en ce qui concerne le climat, le réchauffement climatique n'est pas le seul objet de débat ; les problèmes énergétiques et la dépendance au pétrole doivent occuper également une place centrale dans les discussions. A force d'exercer une pression quotidienne, les mentalités ont commencé à changer. Il faut donc poursuivre l'effort.
Car la révolution écologique qui a contribué à l'établissement du Sommet de Copenhague est, fondamentalement, partie "du bas". Ce ne sont pas les gouvernements où les élites médiatiques qui ont tiré les premiers la sonnette d'alarme. Mais ce sont les scientifiques (comme Rachel Carson dans le cas des pesticides à la fin des années 50), des populations et des collectivités locales (de Bolivie au fin fond des forêts indonésiennes), les altermondialistes et les diverses ONG qui, durant plusieurs décennies, n'ont cessé de dire que notre société, si elle continuait à exploiter et à maltraiter l'environnement, courrait à sa perte!
Je vous donne donc rendez-vous non pas (forcément) à Bonn ou à Mexico-City, mais au prochain Earth-Hour l'année prochaine. Car, aujourd'hui plus que jamais, c'est bien à nous, peuples du monde entier, d'agir!
Bien à vous.
Sandro
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