lundi 14 décembre 2009

Politique (suisse), où le grand sketch de l'hypocrisie, façon "arroseur arrosé"

Curieux-ses du Net, bonjour!

La crise financière semble, selon certains experts financiers, commencer à s'estomper. Le monde bancaire montre des signes de détente : on commence même à revoir des publicités UBS à la télévision suisse! Bien sûr, pour la populace, les conséquences de la crise ne sont pas prêtes de s'arrêter (le chômage est passé de 7 à 7,2 % à Genève en novembre), mais pour les défenseurs politisés de la finance, à Berne ou ailleurs, ainsi que leurs protégés, on a corrigé le système. "On ne fera pas les mêmes erreurs", résument en gros leurs propos univoques. Mais doit-on les croire? Car, pour qu'une erreur ne se répète plus, encore faut-il avoir une mémoire, afin que la dite erreur ne soit plus commise. Et dans ce domaine, les politiciens, suisses en l'occurrence, ont montré leurs limites.

Lors du début de la crise UBS en 2007, de nombreux états ont augmenté leur pression face au secret bancaire suisse, car celui-ci servait, selon eux, comme paravent à l'évasion fiscal. Réponse de la classe politique bourgeoise helvétique à l'époque (et encore après) : "la Suisse fait la distinction entre évasion et fraude fiscale". Ce que d'autres pays, comme la France ou l'Allemagne, ne font pas... Et cette même classe politique, le Parti Libéral-Radical (PLR) en tête (grands portes-parole du monde financier ou bancaire devant l'éternel), s'était violemment offusquée à l'époque contre les attaques que subissait le sacro-saint secret bancaire. Que n'a-t-on pas entendu comme termes durs et propos agressifs, entre "guerre" lancé par les Européens et "ingérence inacceptable" dans le système suisse. La Suisse (qui n'est pas le seul pays à avoir des traitements bancaires "spécifiques") et ses banques subissaient une injustice. Soit!

Fin 2009, un employé de la deuxième banque mondiale s'empare d'un fichier où figureraient les données de "x" fraudeurs du fisc ("x" étant une variable, continuellement revue en fonction des articles de presse). Cet ex-employé, réfugié en France, a expliqué avoir agit par motivation morale. Soit! Mais un vol est un vol ; cet employé a violé la confiance de son employeur, et son action, en Suisse, tomberait sous le coup de la loi. En France, le combat contre l'évasion fiscale est vu (notamment par le très amoral Nicolas Sarkozy) comme une lutte morale. Et, de l'autre côté de la frontière, le gouvernement, par le biais du PLR, accuse la France de bafouer les lois en vigueur.

N'étant pas juriste, loin de moi l'idée de commenter les aspects du droit, d'un côté comme de l'autre, liés à cette suite d'événements. Il y a des accords qui lient les pays entre eux, c'est un fait. Mais cela n'enlève en rien l'hypocrisie manifeste dans cette affaire. Sarkozy, défenseur de la morale? Il n'y a que lui et l'UMP pour y croire! Mais du côté suisse, là où j'habite, je trouve que certains politiciens devrait vraiment tourner 1000 fois leur langue dans leur bouche!

D'une part, on a des citoyens fortunés - français en l'occurence - qui, tout en bénéficiant et utilisant les services fournis par l'état (routes, santé, administrations, etc.), trahissent la "confiance" de cet état et cache une part de leurs avoirs financiers en Suisse (fraude illégale en France), sous couvert du secret bancaire (légal en Suisse). Et les politiques suisses se fâchent, en repoussant d'un revers de main les velléités de la justice française. Mais d'autre part, on a un "contrat de confiance" rompu dans une banque en Suisse, avec des conséquences légales probables, pour le protagoniste comme pour le pays "bénéficiaire" des informations dévoilées (événement illégal en Suisse) ; pour la France, ses informations, obtenues (pour l'heure) sans versement d'argent, seront utilisées dans une lutte morale et nécessaire respectueuse des lois françaises (selon Nicolas Sarkozy).

Même si Nicolas Sarkozy est une hypocrisie à lui tout seul, je ne suis pas en France et ne peux juger du comportement des parlementaires de l'Élysée dans cette affaire. Par contre, en Suisse, on est très régulièrement informé des "coups de gueule" de la classe politique dominante à Berne vis-à-vis de ce différent fiscal. Ces politiciens, PLR pour la plupart, Martine Brunschwig Graf et Fulvio Pelli en tête, en prônant le respect des lois suisses dans cette affaire, ont vite oublié le manque total de respect des lois françaises (et allemandes, etc.) qu'ils ont manifesté lorsqu'il s'agissait de défendre le secret bancaire bec et ongle. Ce manque de "mémoire" (ou d'honnêteté intellectuelle, c'est selon) ne donne, à lui seul, pas des gages rassurants quant à cette soit-disant réforme du système financier international.

Bien sûr, l'idée de la taxe Tobin commence à être mentionnée même chez certains libéraux pur jus (bon, pas en Suisse à ce que je sache). Mais soyons clair, l'incident relaté ci-dessus et l'amnésie bourgeoise relative en terme de respect des lois ne sont que de simples signes d'une poursuite des "bonnes vieilles habitudes" en matière économique et financière. La spéculation reprend, les bonus faramineux reviennent... tout cela alors que les moins bien lotis d'entre nous souffrent et continueront de souffrir encore longtemps des effets pervers du capitalisme incontrôlé. En bref, on "dit les mots qu'il faut" aux médias, on rassure l'électorat, mais on continue, dans le dos, nos "petites affaires".

C'est donc bien un sketch que nous jouent le PLR suisse, celui de l'arroseur arrosé. Si la crise n'avait pas eu des conséquences aussi dramatiques, ce sketch aurait pu faire sourire. Dans les circonstances, celui-ci frise le pathétique! Reste qu'il est piquant d'entendre les représentants politiques des banques en Suisse - traduction : le PLR (mais aussi l'Union Démocratique du Centre "décentré à l'extrême droite") - renier la pertinence des revendications judiciaires du fisc de certains pays européens avec arrogance, à grand coup de terme du type "enfer fiscal", puis quelques années après de voir ces mêmes politiciens appeler au respect des lois suisses dans l'affaire du fichier volé.

Les crises passent, les acteurs comiques restent. Et devant ce sketch de l'arroseur arrosé, ce sont toujours les mêmes qui rient jaune... Non, non, les gens du PLR, ces malheureux qui rient jaune, ce ne sont pas les tradeurs et les banquiers!...

Bien à vous!

Sandro

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